Dimanche 20 novembre 2022 – temple de Travers
Prédication de René Perret
Prière de louange
Ton Royaume n’est pas de ce monde, Seigneur Jésus,
Puisque tu portes ce monde sur tes épaules,
Comme un berger sa brebis perdue.
Point de sceptre par quoi tu domines, sinon ta croix,
Point d’autre force sinon ta miséricorde :
L’amour vainqueur, ton unique droit.
Tu nous offres ta vie en échange de notre mort,
Car ta puissance veut rendre l’homme à lui-même,
Et l’arracher au joug du remords.
Ton Royaume déjà nous habite, Seigneur Jésus ;
Sur ta parole, en nous l’enfant ressuscite,
Tu le recrées presque à notre insu.
Toute chose en toi s’achemine vers sa beauté ;
Encore fragile, la joie effleure la terre :
Proche est le ciel, proche sa clarté.
Alléluia ! Amen.
Lectures bibliques:
Colossiens 1,12-20
Avec joie, remerciez le Père : il vous a rendus capables de recevoir les biens qu’il garde pour ceux qui lui appartiennent dans le royaume de la lumière. Il nous a arrachés au pouvoir de la nuit et il nous a fait passer dans le royaume de son Fils très aimé. Par ce Fils, nous sommes libérés, nos péchés sont pardonnés.
Le Christ est l’image du Dieu qu’on ne peut voir. Il est le Fils premier-né au-dessus de toutes les choses créées. En effet, c’est en lui que Dieu a tout créé dans les cieux et sur la terre : les choses qu’on voit et celles qu’on ne voit pas, les forces et les esprits qui ont autorité et pouvoir. Tout est créé par lui et pour lui.
Le Christ existe avant toute chose, et tout ce qui existe ne tient que par lui.
C’est lui qui est la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, celui qui, le premier, s’est levé de la mort, pour être le premier de tous, toujours et partout.
Oui, Dieu a voulu habiter totalement dans son Fils, et il a voulu tout réconcilier avec lui, par son Fils et pour son Fils. Par le sang que son Fils a versé sur la croix, Dieu a fait la paix sur la terre et dans les cieux.
Luc 23.35-43
Le peuple est là et il regarde. Les chefs des Juifs se moquent de Jésus en disant : « Il a sauvé les autres. Eh bien, il n’a qu’à se sauver lui-même, s’il est vraiment le Messie, celui que Dieu a choisi ! »
Les soldats aussi se moquent de Jésus. Ils s’approchent de lui et ils lui offrent du vinaigre en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Au-dessus de Jésus, on a mis une pancarte avec ces mots : « C’est le roi des Juifs. »
Un des bandits cloués sur une croix insulte Jésus en disant : « Tu dis que tu es le Messie. Alors, sauve-toi toi-même et sauve-nous aussi ! »
Mais le deuxième bandit fait des reproches au premier en lui disant : « Tu es condamné à mort comme cet homme, et tu ne respectes même pas Dieu ? Pour toi et moi, la punition est juste. Oui, nous l’avons bien méritée, mais lui, il n’a rien fait de mal ! » Ensuite il dit à Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras comme roi. »
Jésus lui répond : « Je te le dis, c’est la vérité : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
Prédication
Le Christ-Roi et Jésus en croix.
C’est le grand écart entre les deux textes bibliques que nous avons entendu et que nous méditons.
D’un côté, cette louange du Christ-Roi, par qui tout existe et qui règne sur tout. Il est notre Sauveur, notre Libérateur, celui par qui le pardon nous est acquis et qui nous donne sa paix « qui surpasse toute intelligence », comme il est dit ailleurs.
Quand je dis « je me royaume !», j’exprime une joie, une liberté, un état de grâce exceptionnel.
Eh bien nous, sœurs et frères de Jésus, « nous nous royaumons » dans cette vie grâce à ce que Christ a vécu pour nous, et qu’il nous partage encore aujourd’hui, et dans chacun de nous aujourd’hui.
Cette louange est première dans nos deux lectures du jour ; elle pourrait bien être première dans nos pensées quotidiennes, comme la première expression à notre réveil matinal.
Oui ! comme le souffle nous est donné pour un nouveau jour, cette communion au Christ vivant
et régnant nous est assurée, nouvelle chaque jour et ouvrant des perspectives inédites pour ce que nous allons découvrir au fil de la journée.
Et en même temps, il nous faut tenir l’autre texte avec la même intensité ; celui qui nous présente le Christ en croix.
De ce tableau bien connu, regardons particulièrement Jésus et celui que nous appelons « le bon larron », le brigand crucifié à qui Jésus s’adressera.
Jésus ici ne répond pas aux moqueries, aux ricanements et aux insultes.
Mais il répond à celui qui lui demande : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras comme roi. »
Il y a là, pour ces deux hommes en croix, un aujourd’hui très fort :
– pour le brigand, c’est l’aujourd’hui du repentir, de la reconnaissance avouée de ses fautes, qu’il confesse en reprenant le troisième crucifié.
C’est aussi pour lui l’aujourd’hui de la conversion, puisqu’il reconnait en Jésus celui qui n’a rien fait de mal.
– pour Jésus, c’est l’aujourd’hui du paradis qu’il offre à cet homme, avec son compagnonage.
Oui, tous les deux vont mourir. Et nous croyons en la résurrection de Jésus au troisième jour. Mais pour l’évangéliste, la promesse donnée ici dépasse le cadre temporel : c’est déjà aujourd’hui que tous deux seront dans la présence de Dieu pour un temps sans fin.
Ce dialogue me semble parlant pour notre situation de vie personnelle.
Car nous aussi, nous pouvons vivre des épreuves qui ressemblent à un chemin de croix ; ce qui faisait notre vie, notre monde peut alors nous sembler comme mis à mort. Plus rien ne sera pareil.
Si nous avons eu jusqu’ici la chance d’être épargnés par des douleurs extrêmes, nous connaissons des proches qui ont passé et qui passent par de tels moments. Et cela nous laisse sans voix, impuissants à être à leur côté autrement que dans l’écoute et la prière, dans le partage de l’innommable.
Prenons alors appui sur l’exemple du bon larron, et adressons-nous à Jésus en croix.
Lui qui a souffert parce qu’il a affirmé la valeur unique de notre vie aimée par Dieu, de notre vie pardonnée par Dieu, il répond à notre attente de lui comme il l’a fait pour le bon larron.
Son « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » nous est offert pour notre aujourd’hui, jusque dans la mort et par-delà celle-ci.
Mais déjà avant, tant que nous vivons, dans chacun de nos aujourd’hui, sa présence et son soutien nous sont assurés.
Que cela nous donne la force et le courage pour vivre ce que nous avons à vivre, chacune et chacun seul·e, comme également ensemble, puisque ce Roi nous veut ensemble.
Il dit bien : « Tu seras avec moi » et non « tu seras au paradis ». Ce avec est le cadeau jamais repris de Jésus qui se veut compagnon de notre vie.
Et ce avec nous rend compagnons de nos vies les uns pour les autres.
Pour tout cela, louange infinie à toi Jésus, toi notre Christ-Roi !
Amen.
Prière d’intercession
Christ, notre Dieu et notre Roi, gouverne ton peuple et donne-lui ta vie.
Nous te prions pour tous les vivants, tu les nommes tes enfants. Que ta vie leur parvienne comme une source, une libération inespérée et pourtant bien réelle.
Toi, le vrai Berger qui meurs pour tes brebis, rassemble-les dans l’unité.
Nous te prions pour tous les chrétiens. Nos divisions te crucifient, aujourd’hui encore. Donne-nous force, audace et inventivité pour faire pousser des bourgeons d’unité dans ce qui nous parait parfois comme un hiver de l’œcuménisme, un désert inter-religieux.
Toi, le Roi de l’univers, restaure en toi toute la création.
Nous te faisons confiance : tu te retrouves en toutes celles et ceux qui cherchent à sauvegarder la vie sur notre terre. Donne-nous le courage de changer d’habitude et de vision pour que la vie soit encore vivable pour nous, nos enfants et ceux qui les suivront. Fais-nous revenir à la raison du plus aimant et du plus respectueux.
Toi, qui rends témoignage à la vérité, sois le maître des esprits et des cœurs.
Dans le vacarme des informations qui nous submergent, permets-nous parfois de décrocher de tous les malheurs du monde qui nous sont présentés, pour vivre sereinement l’instant présent et bienheureux qui nous est offert, car nous ne sommes pas responsables de tout ce qui ne va pas, partout !
Et le reste du temps, donne-nous de te remettre les situations que nous connaissons, les personnes qui peuplent notre cœur et notre mémoire. Comme le dit si bien une amie, apprends-nous à les déposer à ta croix, comme on décharge un sac lourd de notre épaule. Les déposer, et ne pas les reprendre !
Toi, notre maître et notre modèle, fais-nous paraître purs devant toi.
Jésus, tu as été un bon vivant de ton temps. Aide-nous à te ressembler aujourd’hui, et notre pureté aura le bon goût de la vraie vie, de la franchise, de la clarté. Déjà pour nos contemporains, et puis pour toi au jour du face-à-face.
Dieu éternel, trois fois saint et tant aimant, exauce notre prière selon ta volonté, et rassemble toutes nos demandes dans ces mots de la confiance par lesquels Jésus nous a appris à te dire : Notre Père…