Espérer, c’est agir! – Prédication du 23 octobre 2022

Culte du 23 octobre 2022 à Fleurier avec baptême d’Adrien

Textes :

Prédication « Espérer, c’est agir ! »

de Patrick Schlüter

Espérer, c’est agir ! C’est le thème du festival jeunesse qui aura lieu les 5-6 novembre à Neuchâtel. Nous y participerons avec les catéchumènes de 2ème année. 

Arrêtons-nous d’abord sur le premier mot : « espérer »

Les organisateurs du festival l’expriment ainsi :

« Notre monde actuel est en grande souffrance : crise climatique, crises sociales, guerres, pauvreté, violences sexuelles, racisme, homophobie, sexisme, … Face à tout cela, tu ressens peut-être de l’angoisse, de la colère, beaucoup d’insécurités et c’est bien normal. Que faire de tout cela ? Comment faire face et continuer à vivre dans la joie ?

Espérer ?
Notre conviction est que, non seulement, nous devons agir, mais aussi que nous devons agir avec un ancrage tout particulier : l’espérance. C’est la confiance qu’un avenir plus juste et plus beau t’attend, que la création n’est pas vouée à l’abandon et au désastre. »

La parole du prophète Jérémie peut nous rejoindre. Elle prend place dans un contexte difficile : C’est le temps de l’exil ; Jérusalem a été prise et le Temple détruit. Les élites du peuple sont déportées à Babylone chez le vainqueur. Une lettre du prophète Jérémie aux déportés leur transmet un oracle de salut qui annonce la restauration du peuple et le retour au pays. Cet oracle concerne à la fois le futur et le présent. Le retour à Jérusalem et la restauration du peuple, c’est le futur. 70 ans, c’est long, c’est plusieurs générations. Même si l’exil durera finalement entre 50 et 60 ans, la plupart de ceux qui reçoivent l’oracle ne seront plus en vie au moment du retour à Jérusalem.

Néanmoins, il y a une promesse qui concerne le présent. Les exilés sont invités à construire leur vie à Babylone. Le lien avec Dieu n’est pas rompu, la porte est ouverte pour ceux qui s’adressent à lui.

Espérer, cela concerne le présent et l’avenir. « Espérer » nous renvoie à 2 mots : « l’espoir » et « l’espérance ».

L’espoir, c’est l’attente d’une situation meilleure, d’une amélioration de ce que nous vivons de difficile dans nos vies. L’espoir est à vue humaine. Nous pouvons imaginer ce qui nous attend de mieux. 

L’espérance recouvre une autre dimension, tant en philosophie qu’en théologie. C’est quelque chose de plus large, une confiance en l’avenir qui s’inscrit dans un horizon plus long, au-delà des difficultés actuelles. Même quand il n’y a plus d’espoir à vue humaine, il peut y avoir de l’espérance qui peut donner de la paix intérieure.

L’espérance chrétienne s’ancre en Dieu. Avec Jésus, le Royaume de Dieu est ouvert dès maintenant. Il est en marche et même si nous ne les voyons pas, les forces de vie agissent pour mener le monde à son accomplissement dans la paix et la justice de Dieu.

C’est une confiance qui peut nous porter pour agir, car « espérer, c’est agir ! »

J’ai choisi la parabole du semeur pour l’illustrer. Je l’ai aussi choisie en pensant à une des symboles que la famille d’Adrien a choisis lors de la préparation de baptême : en plus du cœur et des bulles de savon, vous avez choisis les graines.

En relisant cette parabole, je me suis dit que ce semeur est un peu distrait, maladroit ou peu soigneux avec sa semence ! En effet, il en tombe sur le bord du chemin, sur un sol pierreux et dans les ronces, mais il y a quand même une partie qui est tombée dans de la bonne terre nous dit Jésus. Finalement, le geste du semeur est ample et généreux.

Il y a aussi une chose qui est généreuse et abondante : c’est l’ampleur de la récolte quand la graine tombe dans de la bonne terre : 100 grains pour un grain semé, c’est un rendement énorme ! En effet, un épi de blé à haut rendement donne aujourd’hui 45-50 grains. Donc, 100, c’est énorme et même irréaliste pour l’époque de Jésus !

La parabole nous parle de la générosité de Dieu et de sa parole qu’il veut semer au cœur de l’humanité. Le semeur, c’est Jésus. C’est aussi tous et celles qui s’engagent à sa suite. C’est encore toutes les personnes qui sèment des gestes de paix et d’espérance au cœur du monde sans savoir comment ils vont pousser.

Dans l’Église, nous voulons vivre de cet amour de Dieu offert à chacun et chacune. Nous voulons regarder chaque être humain avec les yeux de son créateur pour qui il compte infiniment. Mais ce n’est pas nous qui faisons pousser la plante : cela se joue entre Dieu et la personne qui reçoit le message.

Il en va de même pour Adrien qui reçoit le baptême : c’est une graine semée, à entretenir. Vous les parents et les proches d’Adrien, vous avez votre rôle à jouer, mais l’histoire qui s’écrit se joue entre Adrien et Dieu.

Il en va de même pour chacun et chacune de vous. La Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu en Jésus-Christ nous est offerte. A nous de la laisser se développer dans nos vies. Si nous nous occupons de plantes, nous savons aussi que la manière dont elles vont se développer dépend des soins que nous donnons, même s’il y a des surprises. Il faut arroser, rempoter, donner de l’engrais. Il en va de même pour l’Évangile. Il a besoin de la prière, de la rencontre, des gestes du quotidien, de la célébration seul ou avec d’autres pour se développer.

Aujourd’hui, Dieu nous offre son amour et son espérance. Il nous invite à les laisser pousser en nous. Il nous invite aussi à les semer plus loin.

Qui sait ce qu’un geste ou regard d’amour peut produire quand on l’offre ?

Espérer, c’est agir !

Amen.