Lectures bibliques :
Message de la pasteure Séverine Schlüter du samedi 12 décembre 2020, à l’occasion de la célébration oecuménique de 17h30 à l’église catholique de Fleurier
Envers et contre tout, se réjouir
Réjouissez-vous, qu’ils disaient !
Les lectures prévues pour le 3ème dimanche de l’Avent, en tout cas, nous y invitent – comme c’est de tradition dans l’Église catholique.
“Je tressaille d’allégresse”, annonce le prophète Esaïe, en poursuivant : “Mon esprit exulte en Dieu”, ainsi que Marie l’entonnera elle-même dans l’Évangile de Luc. “Soyez toujours dans la joie”, exhorte Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens… Ce dimanche se veut une invitation à anticiper la joie de Noël, de la naissance du Sauveur attendu.
C’est bien beau, mais la perspective des fêtes en cette fin d’année, avec les nouvelles restrictions annoncées, c’est justement pas la joie ! A-t-on vraiment envie d’anticiper ce que sera Noël, avec toutes ces limitations de personnes, ces lieux fermés, et les précautions sanitaires qui vont avec ?
Que faire quand notre réalité nous paraît sombre, quand nous avons l’impression que nos perspectives d’avenir s’obscurcissent ?
L’Évangile de Jean, dès le départ, nous parle de cette lumière qui était présente dès la création du monde. C’est ainsi que tout a commencé, avec la séparation du jour et de l’obscurité ; [et c’est cette même lumière qui a été rendue présente aux hommes par la venue du Christ.]
Mais si nous vivons tous la succession du jour et de la nuit au même rythme, il n’en va pas forcément de même en ce qui concerne les péripéties de nos vies. Nos hauts et nos bas, nos joies et nos chagrins, nos instants lumineux ou sombres s’alternent aussi, mais de manière différenciée pour chacun.
C’est pourquoi il est parfois difficile de suivre et comprendre les réalités de vie de ceux et celles qui nous entourent. Nous vivons tous ce temps particulier à notre manière, avec les circonstances qui nous sont propres. Il y a parfois des décalages et des tensions qui apparaissent avec notre entourage…
Ainsi, nous n’arrivons parfois pas à trouver notre place dans notre manière de vivre et de se côtoyer.
Les contemporains de Jean ont de la peine d’ailleurs à se situer par rapport à lui, et au message dont il est porteur. Jean les invite à changer de regard – à regarder à un autre que lui.
Il s’agit maintenant d’accueillir celui qui vient de Dieu, de faire place dans sa vie à celui qui va venir habiter nos obscurités de sa lumière.
Quand nous sommes dans des moments lumineux de nos vies, on ne pense pas forcément aux moments sombres qui nous attendent ; et à l’inverse, quand le ciel de nos existences s’obscurcit, il est parfois difficile de faire confiance que les beaux jours sont à venir…
Alors, que faire de nos moments de ténèbres ? Tout dépend de la place qu’on leur accorde.
On ne peut ignorer ces moments, et faire comme s’ils n’existaient pas ; cela fait partie de nos vies. Mais nous sommes invités à cette espérance qu’avec la venue du Christ, nous a été donné quelque chose de plus fort que les nuits que nous traversons…
Quand Marie et Joseph se sont mis en route pour Bethléem, dans l’état où Marie se trouvait, avec les dangers que pouvaient représenter à l’époque un tel voyage, et l’incertitude de ce qui les attendait là-bas, on peut se demander si, de leur côté, ils étaient vraiment dans la réjouissance et l’anticipation de la naissance !
Cela n’empêche pas Marie de porter en elle le germe de celui qui sera destiné à illuminer nos vies, y donner sens, et trouver des chemins de libération.
Cet embryon d’espérance est encore bien caché en son sein. Et même venu au monde, et devenu adulte, il faudra du temps pour qu’il soit reconnu : “au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas”, proclame Jean le Baptiste.
Et si c’était une manière de dire que, cette présence, capable d’apporter lumière, joie et libération, elle n’est pas à chercher d’abord dans des événements extérieurs, mais à reconnaître dans notre quotidien, tout proche de nous, et même en nous ; dans notre capacité à se laisser rejoindre par elle, à discerner et garder ce qui a de la valeur, malgré tout !
En ce moment, le climat ambiant n’est pas à la joie… et pourtant, ces derniers jours, j’ai vu :
- Des enfants qui rient toujours autant en dévalant la piste de bob ou en se lançant dans une bataille de boules de neige, libres de nos soucis d’adultes
- Des paysages féériques, sous un manteau blanc et un coucher de soleil aux mille couleurs, comme si la nature savait que, quand même, la vie continue
- Des gens soucieux, plus que d’habitude, de décorer leur portes et fenêtres, pour être encore plus têtus que la morosité ambiante, et, comme ils me l’ont dit, porter l’espérance plus loin, justement parce que c’est plus difficile cette année…
Et vous ? Qu’avez-vous vu ? Quels signes vous ont été donnés – ou vous serons encore donnés ?
Et si on se laissait aussi habiter et porter par ces petites choses du quotidien, envers et contre tout ?
Je nous souhaite, en tout cas, que la joie de Dieu creuse son chemin en nous, au travers-même de tout ce qu’il nous sera donné de vivre.
Amen.
Message du diacre Romuald Babey du dimanche 13 décembre 2020, à l’occasion de la célébration oecuménique de 17h30 au temple de Fleurier
Soyons toujours dans la joie
Cher frère, chère sœur,
Nous avançons sur le chemin vers Noël. Nous pouvons à nouveau célébrer, quelle joie de se retrouver ! Aujourd’hui, nous célébrons ensemble, communautés réformée et catholique du Vallon, le troisième dimanche de l’Avent. Dans la liturgie catholique, c’est le dimanche de la joie (appelé « Gaudete », soyez dans la joie !).
Nous en avons bien besoin de cette joie dans un monde marqué par la pandémie. Il y a comme une chape de plomb sur nos têtes.
La Parole de Dieu de ce jour nous invite à la joie. Le prophète Isaïe adresse un message d’espérance à la communauté juive au retour d’Exil : « Je tressaille de joie dans le Seigneur ». Cette communauté avait besoin d’être encouragée, elle qui était déçue de n’avoir pas vu s’accomplir les promesses faites auparavant. Ce message s’adresse à nous aujourd’hui, communautés chrétiennes de 2021.
Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens encourage la jeune Eglise qu’il vient de fonder. Il lui dit : « Soyez toujours dans la joie. »
Le Cantique de Marie qui remplace le psaume nous invite également à la joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! »
Mais comment pouvons-nous être dans la joie alors que beaucoup de nos frères et sœurs sont dans le besoin, dans la peine, dans le désespoir ? Quel message d’espérance et de lumière pouvons-nous leur apporter ?
Le chrétien est essentiellement joyeux parce qu’il est sauvé. Celui que nous attendons nous a tous déjà sauvés. Alors comme Paul s’adressant aux Thessaloniciens, « soyons toujours dans la joie, prions sans relâche, rendons grâce en toute circonstance ».
Dans l’Evangile du jour, nous découvrons le témoignage de Jean le Baptiste. Jean, l’évangéliste accorde une large place dans son œuvre à la personne et à la mission du Baptiste, le Précurseur.
Soyons nous-mêmes des Jean le Baptiste. « Soyons des témoins, pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous croient » que le Christ que nous attendons est le Messie, le Sauveur, l’Emmanuel qui vient vivre avec nous notre humanité. Le mystère de l’Incarnation nous invite à l’espérance et à la joie.
Pour rester joyeux, confiant et transmettre cette joie autour de nous, notre vie chrétienne, notre foi doit être nourrie. La vie est rude et si nous ne faisons pas confiance à Jésus, nous n’allons pas tenir.
« Si vous ne croyez pas, vous ne tiendrez pas », dit un passage du prophète Isaïe. (Is 7,9)
Nous avons à vivre dans le monde en étant des lumières d’espérance. Ayons le souci d’être des passeurs d’espérance.
La lumière est venue sur la terre,
Quelqu’un frappe au volet de ton cœur.
La lumière qui fait de nous des frères,
Le secret pour un monde meilleur. (Chant de Hubert Bourel)
Je souhaite à chacune et à chacun une belle suite de temps de l’Avent.