Culte du 30 mars 2019 – Môtiers, Carême 4
Lecture de la Bible
Prédication de David Allisson – Lien pour ouvrir le texte de la prédication en format pdf
«ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé!»
Elle fait carême, cette parabole. Le jeune frère passe de la mort à la vie. Les chrétiens sont invités à vivre le temps du carême comme un temps d’épreuve et de maturation pour grandir dans la foi. Ce côté pénitentiel qui fait traverser l’ombre de la mort pour marcher vers la résurrection, on peut facilement le voir dans le parcours du fils perdu et retrouvé. Il est ce fils qui était mort et qui est revenu à la vie. Et finalement, vous verrez que les deux fils de ce père dévoré d’amour traversent le même parcours.
Nous qui sommes restés bien sages dans la maison de l’Église et celles et ceux qui ont fait les quatre-cent coups en rupture avec Dieu ou l’Église peuvent connaître des trajectoires semblables.
Nos expériences humaines traversent la tenture comme une voie terreuse de bas en haut ou de haut en bas, peu importe. Quoi qu’il en soit, il y a des accros, des cailloux dans les souliers, et des taches rouges du sang de nos blessures et de nos échecs. C’est là que Dieu vient nous chercher. Comme le père vient chercher le fils prodigue sur le chemin.
« La parabole du fils prodigue ».
Traditionnellement, c’est comme cela qu’on appelle cette parabole. « La parabole du fils prodigue ».
Ce nom fait du tort au père qui est peut-être le vrai héros de cette histoire.
Ce nom fait aussi du tort au fils aîné, le grand frère dont beaucoup de commentateurs et de prédicateurs ne savent pas très bien quoi faire.
C’est comme s’il ne servait, dans cette histoire, qu’à donner la possibilité au père de répéter la phrase qui conclut chacune des deux parties du texte : « ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé ! »
Moi qui suis l’aîné dans ma fratrie, j’aime bien cette idée de chercher à en savoir un peu plus sur le grand frère.
Le fils aîné a lui aussi sa partie de récit et il n’est pas seulement le bon exemple de celui qui est resté sagement à la maison pendant que le petit frère dépensait la fortune du père n’importe comment.
Il a, ce fils aîné, des manières qui le rendent tout aussi coupable que son petit frère, pour autant qu’il y ait une culpabilité à mettre en évidence dans cette histoire. Il a en plus, pour l’enfoncer encore un peu, les manières de celui qui ne reconnaît pas son tort. Dans sa première réaction, c’est évident. Il se fâche de la fête que son père organise. Il se plaint que la fête soit organisée pour quelqu’un qui n’en est pas digne. Quand il parle avec son père, il ne dit pas « mon frère ». Il dit : « ton fils ».
Il est invité à entrer pour participer à la fête.
Mais la fin de l’histoire est silencieuse à ce sujet. Elle ne dit pas ce que va choisir le fils aîné. A mon sens, ce silence sur ce que va choisir de faire le grand frère, entrer ou rester dehors, c’est une invitation à nous identifier à lui.
C’est peut-être assez difficile, parce que ce grand frère, c’est un grognon. Plus nous y ressemblons, plus c’est difficile de nous identifier à lui.
C’est le protestant qui grogne contre le cérémonial catholique ou orthodoxe pour en critiquer le faste qui oublie la vraie signification de la grâce et de la simplicité de Dieu.
C’est le chrétien qui grogne parce que ces gens qu’on ne voit jamais dans l’assemblée des célébrations viennent faire baptiser leur enfant. Nous sommes tellement sûr qu’ils font cela pour ne plus revenir ensuite qu’on ne pense parfois même pas à les accueillir et les inviter à revenir ! Alors en effet, ils ne reviennent plus.
Quand nous sommes fiers de notre manière de voir et que nous ne pouvons pas concevoir qu’il y a une autre façon de faire ; quand nous ne pouvons plus imaginer sortir de notre ordinaire et de notre habitude religieuse ; quand nous mettons plus d’énergie à conserver les acquis que de vivre, nous ressemblons au grand frère.
Ce fils aîné, c’est celui qui est resté à la maison. Il a profité du confort de son chez soi. Bien sûr, il travaille avec son père aux champs. Il est peut-être en train de prendre le relais de son père dans l’entreprise familiale.
Du coup, la tradition de lecture de la parabole en a, un peu vite, fait l’exemple à suivre. C’est celui qui ne se révolte pas, qui reste fidèle, qui soutient son père. Oui, mais.
Il est resté à la maison, mais c’est comme s’il était absent, en dehors du coup. Peut-être avez-vous déjà remarqué que dans la parabole, la très grande majorité de l’action se passe en dehors de la maison. Il n’est fait mention de la maison que pour dire qu’on en sort. La porte de la maison de cette histoire est aussi ouverte que celle de la tenture, qui n’a même pas de porte pour la fermer.
Seuls le partage des biens du père, tout au début, et la fête au retour du fils cadet se passent à l’intérieur. Tout le reste se passe hors de la maison :
Le fils cadet part et dilapide sa fortune à l’étranger.
Le père attend son fils sur le chemin, à l’extérieur de la maison. C’est là qu’il l’accueille et ce de là qu’il organise la fête.
Pendant ce temps, le fils aîné était aux champs et revient à la maison.
Entendant les bruits de la fête, il fait sortir quelqu’un pour se faire expliquer ce qui se passe.
A nouveau, le père sort de la maison pour prier son fils d’entrer.
La discussion entre le père et le fils aîné se tient à l’extérieur et nous ne savons pas si le fils se joindra ou non à la fête.
Jésus ne conclut pas son récit. Il ne le commente pas non plus. Il n’y a pas d’autre explication à donner que le regard du père de la parabole sur la situation : « Nous devions faire une fête et nous réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé » (Lc 15,32)
Nous ne savons pas si le fils aîné est entré faire la fête avec les autres.
Peut-être sommes-nous ce fils aîné.
Allons-nous participer à la fête ? Pouvons-nous nous réjouir du retour à la vie du frère mort et maintenant de nouveau vivant, qui était perdu et maintenant retrouvé ?
Entrons. La fête est aussi pour nous.
C’est à cette fête-là que nous sommes invités au moment de la Sainte Cène. C’est une fête où tous sont là : ceux qui sont partis à l’étranger loin de la maison du père pour faire leurs expériences et ont peut-être tout perdu, ceux qui sont restés là, gardiens de la tradition et qui n’ont peut-être pas gagné grand-chose, ceux qui se trouvaient juste là et qui ont préparé la table, tous ceux que vous pouvez imaginer.
Oui, tous ceux que vous pouvez imaginer qui ont été sensibles au moment de l’invitation au fait que le père, pour l’histoire, ou le Christ, pour la Sainte Cène, sont intéressés avant tout à établir ou à rétablir une relation, sont intéressés avant tout à reconnaître la vie retrouvée de celui qui s’approche et se laisse approcher.
Tu t’es peut-être senti·e perdu·e. Tu t’es peut-être senti·e mort·e. Tu es vivant·e maintenant, tu es retrouvé·e. Tu es invité·e à la table du Seigneur pour partager le repas de son amour.
Amen.
L’ampleur de la foi
Quel beau bleu !
Aussi vaste que le ciel, aussi profond que la mer. Cela me réjouit le cœur. Je suis émerveillé·e.
Le bleu est la couleur de la foi. La foi de Jésus est immense. Jésus parle de sa foi.
Jésus parle de toutes choses avec Dieu. Jésus écoute chaque femme, chaque homme. Jésus se réjouit de la vie qui est la sienne.
Il dit :
j’ai une vie heureuse.
La foi de Jésus rend mon cœur vaste comme le ciel.
La foi de Jésus rend mes pensées profondes comme la mer. Je suis émerveillé·e.
Cela m’emplit de joie.