Culte du 11 février 2023 à Môtiers
Présidé par Séverine Schlüter
Lecture biblique :
Lecture : Mathieu 5, 17/37
Prière d’ouverture
(d’après Antoine Nouis)
Préparons-nous à l’écoute de la Parole, et accueillons en nous la présence de Celui qui nous conduis :
Le peuple hébreu est dans le désert. Dieu rencontre Moïse sur une montagne
pour lui donner la loi. Il lui dit :
« Aujourd’hui tu es au désert, mais demain tu seras dans la vie, dans le pays que je t’ai réservé. Ce pays, je te le donne, il est à toi, prends-en possession.
Mais dans ce pays, ne vis pas n’importe comment, ne copie pas la façon de vivre de tes voisins. Pour t’aider, je te donne ce commandement particulier :
Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est le Sabbat de l’Éternel ton Dieu. Un jour par semaine, tu arrêteras tes activités… et ce jour-là, tu le sanctifieras.
Tu en feras un jour à part, un jour de mémoire, un jour où tu t’attacheras à prendre du temps pour Dieu et pour ton prochain. »
Aujourd’hui nous voulons entendre cet appel et prendre du temps.
Prendre le temps de la louange.
Prendre le temps de la rencontre.
Prendre le temps de l’écoute de la Parole.
Que le Seigneur bénisse ce temps de méditation.
Qu’il nous donne d’être disponibles à son Évangile.
Qu’il nous accorde la grâce d’y puiser une nourriture
pour notre sabbat et pour notre semaine.
Amen.
Message : une Loi au service des autres
Dernièrement, avec mes élèves de la leçon de religion, j’ai revu le film d’animation “Le Prince d’Égypte”, basé sur l’histoire de Moïse et de l’Exode. Le film finit après le passage de la mer, avec Moïse qui se tient en haut du Sinaï, et qui voit l’étendue du peuple assemblé au pied de la montagne. Un peuple désormais libre, et pour qui tout commence. Avec plein de nouvelles possibilités, mais aussi de défis qui les attendent. Sans maître pour leur dicter leur conduite et les contraindre, mais avec la lourde responsabilité désormais de faire leurs choix et de choisir comment conduire leur vie…
Moïse tient dans ses mains les tables de la Loi, sur lesquelles sont gravés les 10 commandements. Des règles données par Dieu pour apprendre comment vivre ensemble… prémisses des autres règles de vie qu’ils vont se construire à l’avenir.
Cela paraît simple – et pourtant, dès sa descente de la montagne, Moïse constatera que le peuple s’est déjà mal conduit.
En tant qu’humain, notre rapport à la Loi est toujours ambigu. On sait en avoir besoin, mais il est difficile de toujours faire ce que l’on attend de nous. Il y a celles qu’on trouve justes, et celles qu’on ne comprend pas. On ne les comprend pas toujours de la même manière non plus !
Jésus lui-même s’est trouvé à plusieurs reprises en porte-à-faux avec ses contemporains, et en particulier les Pharisiens et les maîtres de la Loi, sur la compréhensions des préceptes sociaux et religieux de son temps.
“ Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir la Loi ”, dit-il.
Pourtant, bien des fois, on lui a reproché sa manière de suivre les règles établies : on le voit permettre à ses disciples de transgresser des commandements, comme arracher des épis de blé pendant le sabbat, ou ne pas se laver les mains avant de manger. Et lui-même fera ce qui est interdit en guérissant un homme à la main paralysée… on l’entend aussi reprocher à son tour à ses adversaires d’être trop exigeants, et de faire peser de trop lourdes charges morales à la population.
Ici, cependant, c’est lui qui pousse les commandements à l’extrême dans leur absolu : non seulement il ne faut pas tuer, mais encore moins se mettre en colère ! Non seulement il ne faut pas commettre d’adultère, mais il ne faut pas regarder quelqu’un avec envie ! Et si un de nos membres est une occasion de chute, arrachons-le et jetons-le dehors !
Qui peut tenir, et respecter la Loi, dans ces conditions ?
Que cherche-t-il, en poussant ainsi les choses à bout ?
Peut-être faut-il voir les choses dans le contexte qui est le sien avec les Juifs pieux de son époque.
C’est vrai, ils observaient scrupuleusement la Loi, mais souvent Jésus les dénonce, car, alors même qu’ils obéissent aux commandements qui leur sont donnés, ils agissent contre l’intérêt de leurs frères.
Tu as faim ? Ce n’est pas une raison pour arracher des épis de blé au bord de la route. Ta main est paralysée ? Ce n’est pas une raison pour être guéri un jour de sabbat. Mes parents sont dans le besoin ? Ce n’est pas une raison pour que je leur donne l’argent que j’ai destiné à l’offrande du Temple !
C’est un portrait un peu caricatural, bien sûr, mais c’est cela que Jésus dénonce chez eux. Les Pharisiens étaient de ceux qui observaient le plus méticuleusement la Loi. Mais ils avaient oublié une chose : ils obéissent à la Loi pour la Loi, sans réfléchir au fondement de cette Loi. A son sens, à son but premier.
Quand Dieu donne les 10 commandements à Moïse et au peuple hébreu, c’est pour leur faire comprendre les meilleures façons de bien vivre ensemble.
Au fil des siècles, cette première base a été précisée, et complétée, selon les besoins et les circonstances qui se présentaient. Avec Jésus, vient une nouvelle étape dans cette progression. Il ne s’agit pas pour lui d’enlever quelque chose à la Loi, mais au contraire de lui redonner son sens, et d’aller plus loin encore dans le bien vivre ensemble.
En cela, Jésus reste en fait dans la même ligne, quand il prononce ces paroles radicales et quand, ailleurs, il semble transgresser un commandement… car, au fond, ce qui le motive, toujours, c’est se mettre au service de son prochain. C’est cela, pour lui, le vrai sens de la Loi et des Prophètes, ce qui est à respecter, avant tout, envers et contre tout.
Tu ne veux pas commettre de meurtre ? c’est bien. Mais ne te met pas non plus en colère… Tu veux être en règle avec ta femme ? c’est bien. Mais ne la renvoie pas non plus. Tu veux respecter le sabbat ? c’est bien. Mais que ce ne soit pas au détriment d’un de tes frères !
Dans cette perspective-là, ce que nous dit Jésus, ce n’est plus cette chose impossible à tenir, lourde, accablante, qui nous enferme, mais c’est au contraire une ouverture, une ouverture aux autres, à ceux qui nous entourent.
Quand Jésus dit qu’il vient accomplir la Loi, c’est qu’il vient lui donner tout son sens, son vrai sens : elle n’a pas de valeur en elle-même, mais elle a de la valeur quand mon entourage est en jeu.
Ainsi, quand les règles que l’on suit deviennent des servitudes, quand elles nous amènent à oublier l’intérêt de celui ou celle qui est en face de moi, elles ont perdu tout leur sens et elles ne servent plus à rien. Et, paradoxalement, les transgresser pour le bien des autres, c’est parfois le moyen dont on dispose pour les respecter mieux encore!
La clé pour comprendre ce que Jésus attend de nous, elle se résume à une loi, la seule qui compte véritablement : la loi de l’amour du prochain.
En conclusion, j’aimerais vous lire ce petit texte écrit par Saint Augustin : “ Aime, et fais ce que tu veux ”
Si tu gardes le silence, que ce soit par amour;
si tu élèves la voix, élève-la par amour.
Si tu dois corriger, corrige par amour;
si tu t’abstiens, abstiens-toi par amour.
Que l’amour soit à la racine de tout,
car de cette racine il ne peut s’élever
qu’une tige excellente.
Amen.
Prière d’intercession (d’après Francine Carillo, dans le recueil “Traces vives”
aux éditions Labor et Fides)
Merci, Seigneur, parce qu’une nouvelle fois,
ta Parole vient nourrir nos existences
en questionnant nos demandes et nos attentes.
Quand nous te prions pour que notre société
guérisse de sa violence,
déracine d’abord en nous les germes de cette violence !
Quand nous te prions pour que le sexisme et le racisme
cessent de déchirer la communauté humaine,
aide-nous d’abord à quitter nos peurs !
Quand nous te prions pour que soit brisée
la fatalité du viol et de l’inceste,
fais-nous d’abord voir ce qui nous porte à asservir l’autre !
Quand nous te prions pour les millions d’êtres humains
qui vivent la cruelle condition de réfugiés,
aide-nous d’abord à veiller sur les lois
qui doivent préserver les plus faibles parmi nous !
Quand nous te prions les uns les autres,
en particulier pour ceux et celles qui traversent l’ombre,
préserve-nous de toute culpabilité à leur égard !
Éclaire plutôt ce que nous vivons et qui est riche,
et réjouis-nous de ta présence qui nous donne d’être vivants
et ouverts à plus que nous-mêmes !
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Nous te confions encore, en particulier, les sujets de prière qui nous occupent en ce moment :
– les victimes de la guerre, des intempéries, des tremblements
de terre et catastrophes,
– que l’humanité retrouve le chemin de la sagesse,
– les jeunes, leurs projets, leur avenir,
– l’EREN, ses besoins, son engagement à la rencontre et au service de l’Évangile et de la Vie
Amen.