Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour – cultes des 23 et 24 juillet 2016

Môtiers le 23 juillet et Travers le 24 juillet

Prédication de René Perret à télécharger en pdf

Série de cultes d’été sur le Notre Père

Lecture de la Bible:

Luc 11,11-13

Prédication

De quoi avons-nous faim, aujourd’hui ? La demande du Notre Père que nous méditons nous tourne vers nos besoins les plus concrets, ceux d’aujourd’hui.

Certes, pour nous, je pense que le pain – ou la tresse – est assuré, et nous savons ce que nous avons mangé / mangerons aujourd’hui.

Nous savons tout autant que cette nourriture sur notre table est le fruit de notre travail – dans notre jardin si nous en avons un – et de l’argent que nous avons gagné.

Ce « pain » là, qui nourrit notre corps, il nous parait acquis ; la question qui peut nous venir à son sujet est le plus souvent – n’est-ce pas, Mesdames ? : « Mais que vais-je faire à diner ? » A force de cuisiner, le renouvellement des idées est un exercice difficile.

De quoi avons-nous faim, aujourd’hui ? alors que nos aliments nous attendent sur la table. Ce pain mangé, ces repas absorbés, notre faim est-elle comblée ?

Ce serait mal connaître notre vie et notre personne.

N’avons-nous pas faim aussi, aujourd’hui,

– de contact humain ? Même si nous sommes casaniers, avec un goût pour la solitude : rencontrer quelqu’un, parler avec quelqu’un, compter pour quelqu’un, aujourd’hui, l’avons-nous vécu comme un moment nourrissant, ou comme un manque qui nous laisse sur notre faim ?

– notre santé d’aujourd’hui : si elle est bonne, nous avons pu faire ce que nous souhaitions et nous en sommes ravis. Mais si nos forces manquent pour nos projets, si la douleur limite nos gestes et « mange » notre énergie et notre courage, voilà une faim qui se fait cruellement sentir !

– notre esprit, notre cœur, notre âme, s’ils sont en paix aujourd’hui, comme nous sommes bien ! qu’il y ait du soleil ou des nuages à l’extérieur. Mais si un souci nous ronge, si un regret nous taraude, si un doute, une angoisse nous étreignent, alors notre faim est aussi bien là !

Ce sont ces faims si concrètes, personnelles, que nous apportons à Dieu dans cette demande : « Donne-nous aujourd’hui notre pain ».

Laissons-les résonner en nous ; Dieu les connait parfaitement. Mais il est bon que nous les faisions monter à notre conscience, pour les lui présenter en silence,  pendant un moment de musique.

(musique)

Autant nous sommes conscients de notre besoin quotidien de pain, dans les situations les plus diverses de notre vie et de notre personne d’aujourd’hui,

autant nous demandons à Dieu ce pain pour les faims de tous ceux que Dieu appelle ses enfants – et cette demande s’étend à tous les vivants d’aujourd’hui.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain » : cette demande m’ouvre aux besoins quotidiens de tous mes frères, de toutes mes sœurs du monde. Car chacun et chacune est précieux pour Dieu notre Père.

Elle implore Dieu d’intervenir pour que soit rassasiée la faim de mes sœurs et frères au près et au loin.

Si je peux faire quelque chose pour que cette demande devienne réalité pour eux, à chaque fois goutte d’eau dans la mer bien sûr, que Dieu m’inspire le geste, le don qui est à ma portée.

Ici, j’ai un problème avec ce monde affamé : gavé d’informations par la TV, la radio, les journaux, je reçois tant de mauvaises nouvelles – presque à chaque jour son attentat, son injustice, son lot de malheur – que j’en viens à avoir envie de ne plus rien savoir.

Comme quand on est en vacances, et qu’on n’écoute plus ces infos qui nous dépriment. Nous voilà pendant un temps « hors de la fureur du monde », profitant de nous et de ce que nous visitons.

Ne sommes-nous pas tentés, puisque nous ne pouvons pas éteindre nos appareils d’informations, de fermer notre cœur et notre esprit ? Parce que c’est trop pour nous !

Demander à Dieu qu’il donne son pain au monde qu’il aime, n’est-ce pas alors une façon de nous décharger de cette avalanche d’informations qui nous dépassent autant qu’elles nous pèsent ?

Oui, nous vivons dans un monde qui nous est montré jour après jour principalement dans sa face la plus sombre ; mais tout ce mal, toutes ces faims, au lieu de les garder dans notre mémoire et en nous jusqu’à l’overdose, nous pouvons les donner à Dieu en le priant d’intervenir au nom de son amour pour tous.

 

Je connais quelqu’un qui fait un geste simple : quand une nouvelle la touche, une faim qui atteint quelqu’un de proche ou de moins proche, elle allume une bougie. Et cette flamme est comme une prière dite à Dieu et un rappel de la solidarité que nous avons avec ceux qui en ont besoin.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Nous ne vivons pas de pain seulement, mais de la Parole que Dieu nous donne.

La voilà bien, cette in-formation qui nous est essentielle.

Savoir que nous ne sommes pas sur la Terre seulement pour quelques années et posés là sans aucune raison ; mais que nous sommes voulus par un Dieu Créateur qui nous fait confiance pour que nous prenions soin de sa Création tout entière.

Savoir que nous avons été aimés depuis avant notre conception, et que chaque jour de notre existence est dans les mains de celui que Jésus nous donne comme Père.

Savoir que nous pouvons revenir de toutes nos ornières, par le pardon qui nous est offert, comme une main tendue, même et surtout si notre esprit peine à l’imaginer.

Ce Pain de Vie qui nourrit notre confiance, notre courage, notre espérance et notre amour,

– le voici présent par la vie offerte de Jésus ; cette vie racontée dans l’Evangile nous réjouit, nous étonne, nous questionne et nous inspire ;

– le voici présent, ce Pain de vie, dans ce repas qui nous rassemble et nous fait goûter à la Joie imprenable.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Nous savons bien que nous dépendons du nourrissement par Dieu chaque jour.

Cette dépendance nous incite à la confiance renouvelée, à la demande insistante pour les aspects les plus concrets et intimes de notre vie ; elle garde aussi nos cœurs et nos esprits ouverts pour la réponse que Dieu nous donnera ; elle nous permet enfin de chercher et trouver ce que nous pouvons faire pour que cette demande s’accomplisse, selon les talents que Dieu nous confie.

Amen.