Donne-moi ce qui t’a permis de me le donner-Prédication du 14 octobre 2018

diamond-316611_1280

Culte du 14 octobre 2018, Fleurier 10h

Pour télécharger le texte de la prédication en pdf, cliquer ici

Prédication de Patrick Schlüter

Lecture de la Bible :

Prédication sur « Donne-moi ce qui t’a permis de me le donner »

On ne peut pas tout avoir, le beurre et l’argent du beurre ! Vous connaissez cet adage, fait de bon sens populaire.

Il y a peut-être quelque chose de cela dans la parole de Jésus à ses disciples :

« Je vous le déclare, c’est la vérité : si quelqu’un quitte, pour moi et pour la Bonne Nouvelle, sa maison, ou ses frères, ses sœurs, sa mère, son père, ses enfants, ses champs, il recevra cent fois plus dans le temps où nous vivons maintenant : des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des champs, avec des persécutions aussi ; et dans le monde futur, il recevra la vie éternelle. »

Il y a une promesse faite à celui qui quitte tout pour suivre Jésus, mais voilà que s’y glisse cette précision : « avec des persécutions aussi ».

Notons qu’au moins avec Jésus, c’est clair dès le départ ! Mon frère et ma belle-sœur nous racontaient cette semaine une situation de voyage gratuit proposé par téléphone. Vous avez gagné un voyage gratuit (d’ailleurs, sans même avoir participé au concours !). Et plus tard, quand on pose des questions, on découvre qu’il y a le vol à payer, la nourriture sur place, etc.

Dans la parole de Jésus, il n’en va pas ainsi : la promesse et la mise en garde sont posées ensemble dès le départ. On peut dire que cette parole est tranchante, plus tranchante même qu’une épée. Elle juge les désirs et les pensées du cœur humain, comme le dit la lettre aux Hébreux.

Ainsi, la foi, suivre Jésus-Christ est un choix radical qui implique la personne et ses relations et nécessite d’être cohérent avec ce choix jusque dans la difficulté. Et cela forcément nous interroge, cela m’interroge sur ce que représente la foi dans nos vies personnelles, dans nos vies d’Eglise. Est-ce que la foi en Jésus-Christ constitue une option sympa de nos vies, quelque chose qui apporte un plus pour se sentir mieux, moins seul ? Parfois, il nous arrive d’en parler ainsi, par exemple quand on dit qu’il faut faire envie en tant que croyant. Jusqu’où notre foi nous implique-t-elle ?

Oui, ces paroles de Jésus nous interrogent. D’un autre côté, elles pourraient faire apparaître la foi, la suivance de Jésus-Christ comme une exigence impossible. D’ailleurs, même cet homme qui vient se jeter aux pieds de Jésus n’y arrive pas. Pensez-vous : il a suivi et respecté tous les commandements depuis sa jeunesse, mais il doit ressentir un manque vu qu’il s’approche de Jésus. Et voilà que celui-ci lui demande de tout quitter, biens et famille. J’ai de la sympathie pour cet homme dans son questionnement.

Oui, la parole de Jésus est tranchante, mais n’oublions jamais qu’elle invite à la relation avec lui. Dans l’Evangile de Jean, la parole, c’est Jésus lui-même. Si on lit la suite de la lettre aux Hébreux, le Christ est présenté comme le Grand-prêtre qui a partagé notre condition humaine et qui peut souffrir avec nous de nos faiblesses. Et rappelons-nous toujours ce regard d’amour de Jésus posé sur cet homme qui vient à lui. Jésus le regarda et l’aima.

Les disciples s’interrogent « « Mais qui donc peut être sauvé ? » » Jésusles regarda et leur dit : « C’est impossible aux hommes, mais non à Dieu, car tout est possible à Dieu. »

Suivre le Christ, ce n’est pas seulement une exigence, mais c’est une personne, Jésus, qui s’offre à nous, c’est une bonne nouvelle qui éclaire l’existence, c’est comme un lieu de vie qui est donné, une famille offerte, un pays à habiter, une cohérence à vivre et à trouver et une espérance offerte pour l’avenir.

Jésus dit : « Je vous le déclare, c’est la vérité : si quelqu’un quitte, pour moi et pour la Bonne Nouvelle, sa maison, ou ses frères, ses sœurs, sa mère, son père, ses enfants, ses champs, il recevra cent fois plus dans le temps où nous vivons maintenant : des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des champs, avec des persécutions aussi ; et dans le monde futur, il recevra la vie éternelle. »

Cette semaine, dans la préparation des rencontres de l’aumônerie œcuménique, une catéchiste catholique nous parlait de l’importance d’avoir des amis dans la foi. Elle racontait des souvenirs d’une formation suivie et cette dimension de l’amitié dans la foi qu’elle souhaitait transmettre à ses enfants et aux participants aux activités. On peut avoir des amis dans le foot ou d’autre activités et c’est bien, mais avoir des amis dans la foi, cela apporte une autre dimension, car même si on est très différents, une autre dimension nous relie, quelque chose de plus fort qui donne un sens à la vie.

J’ai aimé entendre les paroles de cette catéchiste et en préparant cette prédication, elles m’ont semblé illustrer cette promesse de Jésus faite à ceux qui le suivent : recevoir des frères, des sœurs, des mères et des enfants.

Suivre Jésus, c’est entrer en relation avec lui et être relié aux autres. Suivre Jésus, cela implique et cela transforme l’existence. Suivre Jésus, cela nous invite à être cohérent avec ce que nous croyons. Et c’est un chemin qui se fait pas après pas sans connaître l’itinéraire exact. La destination, elle, c’est cette promesse du Christ qui se vit déjà dans la rencontre avec lui.

Nous vivons dans un monde qui change de plus en plus vite et trop souvent se ferme à celui qui est différent. Je crois que les chrétiens auront de plus en plus à se positionner, à vivre pleinement leur relation à Jésus qui donne sens et priorité à la vie, vivre cette relation au Christ qui ouvre à l’amour de l’autre aussi différent soit-il. Et ce chemin de suivre le Christ, se vit jour après jour après jour, pas après pas.

J’aimerais vous raconter encore une histoire :

Au cours d’un voyage, un moine trouva une pierre précieuse qu’il s’empressa de déposer dans sa besace. Un jour, il rencontra un voyageur et partagea avec lui ses maigres provisions. Son compagnon de fortune vit la pierre précieuse et la lui demanda. Le moine la lui donna sans hésiter. Le voyageur le remercia et s’en alla en emportant ce cadeau inattendu, source de richesse et de sécurité. 

Quelques jours plus tard, notre voyageur se mit à la recherche du moine mendiant. Quand il l’eut trouvé, il lui remit la pierre précieuse en le suppliant: 
«Donne-moi quelque chose de plus précieux que ce bijou, je t’en prie.
 Donne-moi ce qui t’a permis de me le donner.» (Anthony de Mello)

Sommes-nous plutôt dans la peau du moine ou du voyageur ? Peu importe ! Nous sommes invités à dire au Christ :

« Avec toi, Seigneur Jésus, je suis prêt à poser le premier pas à ta suite. »

Amen.