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25 octobre 2015 – Noiraigue 10h
Culte avec les familles
Lecture de la Bible
1 Rois 19,1-16 raconté avec les enfants
Message – David Allisson
Faire hors micro le bruit d’un souffle léger et tendre l’oreille.
Puis venir au micro, taper fort dans les mains et commencer.
Quand je serai grand, je serai prophète !
Oui, je sais, je suis grand d’une certaine manière et j’ai déjà choisi une activité. Enfin, comme pasteur, j’ai aussi l’impression que c’est l’activité qui m’a choisi.
Elie est rencontré par Dieu alors qu’il voulait faire de Dieu son superpouvoir pour gagner les batailles dans lesquelles il s’engageait. Elie sera contrarié dans sa façon d’être prophète quand il comprendra comment Dieu l’a choisi. Mais c’est pour dans un petit moment.
J’en étais à « quand je serai grand, je serai prophète ».
J’ai déjà une activité, je suis pasteur, mais j’aime bien jouer à « quand je serai grand » et imaginer quelque chose que je pourrais faire plus tard.
Alors quand je serai grand, je serai prophète !
Sur le modèle d’Elie, c’est bien, parce que c’est un grand prophète dont tout le monde se souvenait des années plus tard : les gens qui vivaient à l’époque de Jésus ont cru plusieurs fois que Jésus était le prophète Elie qui revenait.
Et ce qu’il y a de bien avec être prophète comme Elie, c’est que c’est une activité qui ressemble aux dessins animés que l’on peut voir le mercredi ou le samedi à la télévision. Il y a de la bagarre. Il y a des méchants très mauvais. Il y a un bon qui doit avoir beaucoup d’imagination et de force pour ne pas se laisser écrabouiller par les méchants. Et bien sûr, le gentil s’en sort et les méchants sont vaincus. En fait, les méchants sont en général presque vaincus, parce qu’il en revient toujours à l’épisode suivant.
[…]
Elie compris comme cela est contrarié par la voix de Dieu. Quand Elie joue au héros, il gagne, oui, mais il fait parler Dieu comme ça l’arrange : Elie cherche à montrer à la reine et au roi que Baal ne vaut rien comme dieu et que ses prophètes sont faciles à battre.
Et il faut bien voir que cette démonstration de force fait une belle histoire avec beaucoup d’effets spéciaux : du tonnerre, des éclairs, du feu et du sang. Mais c’est tout. A part les prophètes morts et la satisfaction d’Elie d’avoir montré qu’il est du bon côté, rien ne change.
Avant ces événements, la reine voulait faire mourir Elie et entraînait le roi dans cette idée.
Après ces événements la reine et le roi sont fâchés de voir que les prophètes qu’ils soutenaient ont été anéantis. Ils sont tellement en colère qu’ils font poursuivre Elie pour le faire mourir.
Comme avant !
Et Elie est déprimé au point de se coucher dans le désert sous un buisson avec l’idée de se laisser mourir.
Là, je commence à hésiter : je ne sais plus si je veux vraiment être prophète quand je serai grand.
Pourtant, c’est là que cela va devenir intéressant d’accepter de se mettre en lien avec Dieu. Ce moment où Elie est le plus désespéré et le plus menacé est le moment où il peut commencer à reconnaître la présence de Dieu qui vient vers lui. Il y a d’abord cet envoyé, l’ange de Dieu qui dit à Elie : « Lève-toi et mange, car tu devras faire un très long voyage. »
Quand tout semble perdu, il y a parfois encore un très long voyage à faire.
Certaines victimes de la guerre en Syrie ou en Erythrée ont tout perdu. Et c’est au moment où ces personnes ont tout perdu et qu’elles décident de se mettre en route qu’un très long voyage commence avant qu’elles trouvent quelque part un refuge pour pouvoir reconstruire leur vie.
Parce qu’en effet, dans la vie, rien n’est jamais totalement désespéré. Car avec Dieu nous ne sommes jamais seuls. Encore faut-il savoir reconnaître sa présence ! Et c’est là qu’Elie va devoir envisager les choses autrement.
Prendre un ballon gonflé…
Elie, donc, s’est retrouvé désespéré. Il en est au moment où il n’a plus le goût à rien, même pas à la vie.
Il pensait utiliser Dieu comme un bâton à tonnerre pour impressionner ses adversaires et les réduire à rien. Et voilà que, quand le Seigneur lui dit qu’il va passer devant la caverne, il doit le reconnaître dans un souffle de rien du tout, dans le bruit d’un léger silence.
Quelle différence !
Et il faut bien avouer que c’est souvent ce Dieu là que nous avons à découvrir dans nos vies.
Dieu est dans le souffle de vie, comme un souffle d’amour, un souffle de justice. Ce souffle l’a rempli de vie, de courage et d’espérance. Dieu ici se révèle à contre courant de la violence. Il se révèle dans le silence, le frémissement.
Le théologien Shafique Keshavjee a écrit un petit livre qui s’appelle « Dieu à l’usage de mes fils ».
Il y raconte comment il a essayé de répondre à la question de ses enfants : « Où est Dieu? Nous ne le voyons pas ! »
« Je soufflais alors doucement sur vos visages et vous demandais ce que vous aviez vu.
– Rien, me répondiez-vous.
– N’avez-vous rien ressenti ?
– Bien sûr que si !
– Alors, Dieu est comme ce souffle. Vous ne le voyez pas, mais vous pouvez sentir ses effets. Là où il y a de la beauté, de l’amour, de la justice et de la liberté, le Souffle de Dieu est présent. »
De même, il faut l’enveloppe de ces ballons pour rendre visible l’air qui y est emprisonné.
…
« Chut ! Écoutez… Toujours rien ? Même pas l’écho de sa Voix ?
Venez, je vais vous dire un secret.
Pour entendre, un oiseau, cessez d’écouter l’avion. Pour entendre une petite flûte, cessez d’écouter la grande batterie.
Pour entendre l’amour, cessez d’écouter la haine.
Pour entendre le murmure de Dieu, cessez d’écouter les vacarmes du monde.
Et quand vous aurez appris à reconnaître ces voix, vous pourrez entendre l’oiseau au cœur d’un aéroport, la flûte au cœur d’un grand orchestre, l’amour au cœur d’une guerre et Dieu au cœur de tout être ».
…
Maintenant je crois que je ne veux plus absolument devenir prophète quand je serai grand.
Dieu peut-il être trouvé dans les moments violents de grand vent qui brise les rochers ?
Plutôt que devenir prophète et parler de la part de Dieu, j’aimerais mieux me mettre avec vous à l’écoute de ce que Dieu dit. J’aimerais mieux me mettre avec vous à l’observation de ce que Dieu fait dans le monde.
– Avez-vous des exemples de violence dans le monde qui sont comme le vent qui brise les rochers ?
– De vengeances qui sont comme des tremblements de terre ?
– De feu qui provoquent la destruction ?
L’assemblée peut répondre.
Arrêtons-nous un peu. Faisons halte. Si nous essayons de laisser de côté le vacarme du monde et que nous cherchons à écouter le bruit du léger silence de Dieu, que va-t-il se passer ?
– Dieu est comme un silence… que comprenez-vous dans cette découverte ?
– Dans cette histoire, Dieu invite Elie à faire une halte pour mieux repartir, pour reprendre du souffle. C’est comme quand on fait une pause pique-nique dans une course d’école ou dans une randonnée.
Maintenant, les mots vont faire silence.
Le souffle va passer dans les tuyaux de l’orgue pour devenir une musique. Cherchez à y entendre la musique du léger silence de la présence de Dieu.
Amen.