Des racines pour grandir, des bases pour construire

Culte avec les familles du 28 janvier 2024 au temple de Fleurier 

Message : Séverine Schlüter

(librement repris et adapté d’une célébration du site PointKT.org : https://pointkt.org/celebrations-et-cultes/culte-de-rrmation-une-qautre-formeq-a-vie/)

Lecture biblique :

  • 1 Corinthiens 3, 5-14

Message en 4 temps :

On vient tous et toutes de quelque part. Nous avons des racines, une base sur laquelle construire la suite de nos existences. C’est l’endroit où on est né, où on a grandi, où on a commencé d’apprendre la vie. Parfois, on a été déraciné pour être replanté ailleurs, pour poser les bases d’une nouvelle vie.

Dans sa lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul compare de même l’évolution d’une communauté chrétienne au développement d’une plante ou à la construction d’une maison.

Il pense aux différentes personnes qui viennent à différents moments pour assurer la bonne continuation de la croissance ou de la construction. Pour reprendre l’image de la plante, il mentionne le travail du semeur, de celui qui arrose, de celui qui récolte.

Nous aussi, pour grandir dans notre vie et dans celle de notre communauté, de notre Église,  nous avons besoin de différents acteurs et tous, avec nos caractéristiques, nos capacités, nos dons, nous avons un rôle à jouer. Que nous soyons enfants, jeunes, adultes ou plus âgés.

Les plus jeunes parmi nous peuvent par exemple nous réapprendre à rêver.

  • Un enfant apporte la première branche de la Croix Huguenote : le rêve (une bulle de BD)

Nous avons besoin de rêver, d’imaginer, d’inventer, et d’espérer.

Ce n’est pas facile aujourd’hui, avec les guerres, les problèmes de santé, les inquiétudes liées au climat, la peur de ce que l’avenir nous réserve.

C’est peut-être pour cela qu’il nous faut croire plus que jamais en la vie et en l’être humain,  un peu comme un enfant voit s’ouvrir devant lui son existence et rêve de ce qu’il va devenir et accomplir.

Alors, quels sont les rêves que nous avons, ou que nous avons eu dans notre parcours de vie, qui nous habitent peut-être encore ?

Ça fait du bien ces rêves, ces projets d’avenir. Merci pour cet espace offert, qui nous invite à l’imagination, à la créativité. Merci à toutes les personnes qui sont porteuses d’espérance !

Un deuxième élément à mettre en évidence dans notre processus de formation est la

recherche.

  • Un adolescent (ou un jeune adulte) apporte la deuxième branche de la Croix huguenote : la recherche (des engrenages)

Quand on grandit et qu’on entre dans l’adolescence, on est pas mal en recherche : recherche de qui on est, de son identité ; recherche du sens qu’ont les choses. De pourquoi on est là, de ce qu’on va faire de sa vie. C’est le temps aussi des remises en question de ce que l’on voit, de ce qu’on entend, parce que c’est un moment de la vie où on veut trouver son propre chemin. Un moment où on a besoin d’expérimenter. C’est à la fois passionnant, et difficile ; parce qu’on  n’arrive jamais au bout de ses recherches. En fait, nous demeurons toute notre vie des chercheurs.

Restons ou redevenons quelque part tous adolescents pour oser nous remettre en question, pour s’interroger sur ses choix de vie, redéfinir ses objectifs, les priorités et les valeurs que nous voulons mettre en avant.  On a parfois besoin de renverser ce que nous pensons établi pour toujours dans la société et chez nous. Osons avec Jésus renverser nos certitudes et nos acquis, pour trouver une meilleure orientation à sa vie.

Alors, qu’aimerait-on changer dans notre vie ou dans le monde ?

Merci pour ces interpellations et revendications, parfois nécessaires ; merci à toutes les personnes qui nous poussent en avant !

Pour évoluer, il faut du rêve, de la remise en question mais aussi pouvoir passer à l’action.

  • Un adulte apporte la troisième branche de la croix huguenote : l’action (un mur en construction)

L’âge adulte est théoriquement celui de la réalisation, de la maturité. La maison devient habitable, la plante fleurit et réjouit la vue. C’est le temps de la force et de l’action. Dans notre Église, peut-être faut-il retrouver la joie de construire et la force de s’engager.

Nous pouvons bâtir un monde plus juste et plus solidaire mais il nous faut pour cela être conséquents dans nos choix et nos actions.

Notre monde a besoin de nous aussi, de gens qui mettent en œuvre les valeurs de l’Évangile. Dans son parcours, Jésus nous invite à nous mettre à l’écoute de ce que Dieu attend de nous, à agir contre le mensonge, l’exploitation, l’égoïsme ou l’hypocrisie, à s’engager pour la justice, la solidarité, l’accueil de l’autre, le soin porté à ceux et celles qui nous entourent.

Quel geste, quelle action, quelle attention envers l’autre avons-nous eu dernièrement ? Lesquels avons-nous envie de faire prochainement ?

Merci pour ces exemples donnés ; merci pour toutes les personnes qui s’engagent pour leur entourage, que cela soit au près ou au loin !

Avec l’âge, cependant, il est parfois plus compliqué de rester actif. On va alors plus utiliser la réflexion.

  • Une personne plus âgée apporte la quatrième branche de la croix huguenote : la réflexion (un livre et une plume)

Avec l’expérience se développent peut-être aussi nos facultés d’écoute et de réflexion. Donner une respiration à notre vie, oser reconnaître nos erreurs de parcours, tirer les leçons du passé et se sentir responsable de transmettre ce que l’on a appris.


Donner une chance à l’imagination, tout bousculer et s’oublier dans l’action, c’est bien mais il faut aussi pouvoir s’asseoir et calculer,  s’enraciner et s’enrichir des expériences du passé.


Ainsi le récit de Marc se termine par la mention : « Jésus se retira de la ville avec ses disciples » probablement pour prier et donner à son acte une autre dimension dans la communion avec son Père, pour vivre un rapport au temps et à l’action différent.

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Voilà nos quatre branches. Elles forment, de manière stylisée, une croix dite « huguenote ». C’est le symbole que les protestants français se sont donnés à l’époque, qu’ils ont emporté avec eux quand ils ont dû fuir les gens qui ne voulaient pas d’eux et qu’ils ont parfois chassés avec violence. Beaucoup ont été accueillis par chez nous, en Suisse, et ce symbole a été repris par de de nombreux protestants.

Ce symbole est ici pour nous rappeler de l’importance d’avoir des racines, reconnaître les valeurs qui nous portent, et que l’on peut faire fructifier autour de nous. Je me rappelle d’une sœur de Grandchamps qui disait : c’est quand on a des racines profondes et solides que l’on peut étendre ses branches plus loin !

Ces quatre bras sont habités de rêve, de contestation, d’engagement et de réflexion. A nous, à travers cela, de voir comment nous avons envie de témoigner de nos valeurs au monde.

Mais il manque quelque chose à notre croix…

  • Un enfant apporte la colombe de la croix huguenote : l’Esprit.

Voici la colombe, qui symbolise l’Esprit de Dieu.

Nous l’avons dit, tous et toutes, petits ou grands, quelle que soit notre personnalité ou nos capacités, nous avons un rôle à jouer dans la construction et la croissance de notre Église et notre monde. Nous sommes complémentaires ; mais aussi si différents ! Quand nos différentes manières de voir ou de faire pourraient nous diviser, c’est l’Esprit de Dieu, qui nous unit, et qui fait tenir l’édifice ensemble.
Ce matin, quel que soit notre parcours ou notre stade « d’évolution », nous pouvons, en nous ouvrant au Souffle créateur de Dieu, nous laisser inspirer par lui, et retrouver l’élan nécessaire pour aller plus loin.

C’est en tout cas notre rêve, et notre espérance. A nous d’y mettre la réflexion, l’action et la sagesse nécessaire à sa réalisation !

Amen.