Demeurer…

Culte du 5ème dimanche de Pâques

27 avril 2024 – 17h30 Môtiers

Lectures bibliques :

1 Jean 3, 18-24

Jean 15, 1-8

 

Prédication de Cyprien Mbassi

Chers frères et sœurs,

Nous venons d’écouter deux textes du même auteur : l’apôtre Jean. Quand on lit le deuxième texte, celui de l’évangile, on ne peut ne pas être étonné de voir la répétition du verbe « demeurer ». Il apparaît jusqu’à huit fois en huit versets. Et dans la première lecture, il apparaît deux fois. Le verbe « demeurer » semble donc cher à l’apôtre Jean. Et s’il l’emploie autant, ce n’est certainement pas par fantaisie. Jean emploie le verbe « demeurer » avec cette lourde insistance pour nous dire quelque chose de profond et de fort sur notre lien à Dieu.

Jean a écrit son Evangile et ses lettres en grec. Le verbe grec qu’il emploie et qu’on traduit par « demeurer » est μένω [Méno]. Si vous regardez dans le dictionnaire grec ancien, vous verrez qu’il signifie « demeurer » ou « rester », mais au sens fort d’être fixe, être stable, être sédentaire, habiter. Le verbe μένω s’éloigne du provisoire ou du temporaire. Il met en avant le long terme, le définitif. Jean choisit ce verbe et le répète à souhait pour insister au moins sur deux choses :

Premièrement, Dieu est notre demeure. « Demeurez en moi, comme moi en vous », dit Jésus dans l’Evangile. Dieu est notre maison, notre abri. En lui, nous sommes en sécurité. Nos peurs, nos inquiétudes et nos angoisses, nous les déposons à ses pieds. En lui, nous trouvons le repos, la paix du cœur. « Si notre cœur ne nous accuse pas, dit la première lecture, nous avons de l’assurance devant Dieu ». Rappelons-nous aussi les paroles du psaume 91 : « Celui qui habite sous l’abri du Très-Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant ». 

La deuxième chose sur laquelle Jean insiste en répétant le mot « demeurer » est la stabilité de notre lien à Dieu. Dieu est notre demeure de façon définitive, éternelle. Notre foi n’est pas temporaire. Notre relation à Dieu n’est pas provisoire. Notre baptême nous consacre définitivement à Dieu. Nous sommes croyants, en principe, jusqu’à notre dernier souffle. Notre lien à Dieu est sensé durer, non pas de manière statique, mais en évoluant dans le bon sens. Notre lien à Dieu évolue dans le sens de notre croissance humaine et spirituelle : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, dit Jésus, celui-là porte beaucoup de fruit ».

Et comment savons-nous que nous demeurons en Dieu ? La première lecture le dit à la fin du texte : « Voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit ».  La première lecture se termine avec Celui par qui tout commence. Si on s’amuse à relire le texte à partir de la fin, on verra que tout commence par l’Esprit Saint, et tout s’achève avec lui.

C’est par lui que Dieu demeure en nous. C’est grâce à lui que nous aussi, nous pouvons demeurer en Dieu. C’est lui qui suscite notre foi. C’est encore lui qui rend notre foi agissante en nous inspirant de faire le bien. C’est donc l’Esprit Saint qui nous rend agréables à Dieu, puisque c’est en faisant le bien que nous le sommes. C’est l’Esprit Saint qui nous maintient dans la vérité, puisque nous sommes vrais comme croyants en faisant le bien qu’il nous inspire. C’est enfin lui qui nous donne la paix du cœur. Il nous donne l’assurance que Dieu demeure dans notre modeste maison et nous, sous sa vigilance et sa bienveillance.

Alors, nous savons ce qu’il nous reste à faire : appelons sans cesse l’Esprit Saint pour qu’il soit présence de Dieu dans les moindres détails de notre vie. Demandons-lui de nous précéder pour éclairer nos pas. Demandons-lui de nous accompagner pour soutenir nos efforts. Demandons-lui aussi de passer après nous pour réparer nos dégâts, nos maladresses, les blessures que nous causons aux autres.

Après le temps du Père et le temps du Fils, nous vivons le temps de l’Esprit. Alors, faisons-lui de la place dans notre demeure. Laissons-le transformer nos vies. Amen.