Culte du dimanche 12 novembre 2023 à Fleurier

Terre Nouvelle « Savourons la vie »[1]

Texte biblique :

–        Jean 2, 1-12

Prédication sur : « À Cuba, nous continuons à célébrer les noces, même si nous n’avons pas de vin »

Réflexions théologiques de Carlos E. Ham, pasteur et recteur du Séminaire évangélique de théologie de Matanzas (Cuba). Introduction par Patrick Schlüter

Pour le message, j’ai choisi de vous lire les réflexions théologiques de Carlos E. Ham, pasteur et recteur du Séminaire évangélique de théologie de Matanzas (Cuba). J’aime beaucoup l’idée de recevoir le message d’Évangile de la part de quelqu’un d’une autre culture. Ainsi, nous vivons dans ce culte un véritable échange. Nous soutenons des projets à Cuba et nous recevons dans ce culte un éclairage joyeux, profond et plein de vie pour nourrir notre foi.

Cela m’a fait penser à une fin de catéchisme il y a plus de 17 ans à la Chaux-de-Fonds. Nous avions demandé aux catéchumènes d’écrire une lettre à Dieu : 2 catéchumènes, 1 d’origine africaine et 1 autre d’origine italienne qui vivaient des situations précaires et difficiles avaient remercié Dieu pour toutes les belles choses de la vie : la nourriture, la famille, etc. Presque tous les autres catéchumènes s’étaient plaints des guerres et de l’injustice qui les empêchaient de croire en Dieu.

Cette expérience m’avait marqué et je retrouve quelque chose de celle-ci en écoutant ce message qui vient de Cuba :

En assistant aux noces de Cana, Jésus a voulu participer à la joie qui y régnait car la célébration d’un mariage est généralement synonyme de joie, en particulier dans la culture orientale. Le jour du mariage est l’un des plus heureux de la vie d’un couple et c’est dans ce contexte que se produit le premier miracle de Jésus : celui de la transformation de l’eau en vin.

Chaque miracle du quatrième évangile est le signe de quelque chose de plus profond que Jésus va accomplir ; il ne s’agit pas d’un merveilleux acte de magie, mais de l’annonce du plan de Dieu : le jour de la fête des pauvres est arrivé́, de la joie sans fin, symbolisée par le vin en abondance. À Cana de Galilée, nous pouvons voir l’avènement du règne de Dieu, qui était au centre de l’annonce et de l’action de Jésus. Ce règne, proclamé essentiellement dans le pays de Galilée des Gentils – la région des gens marginalisés et relégués par les pouvoirs politiques et religieux de son temps – s’apparente au festin des noces organisé pour le fils d’un roi (Matt. 22 :1 et suivants.

Le vin nouveau que Jésus sert est le vin de la bénédiction attendue pour les temps messianiques où les pauvres seront libéré·e·s. En transformant l’eau en vin, il n’y a plus de place pour les rites extérieurs et les purifications, comme c’était le cas dans la tradition juive, mais le vin vient réjouir le cœur et l’intériorité́, permettant de savourer la vie de manière communautaire comme l’expression d’une fête partagée.

La présence de la mère de Jésus peut indiquer que le mariage célébré́ est celui d’un·e de ses proches. On voit ici l’importance de la famille en général et le rôle de Marie en particulier, car sans elle, le miracle n’aurait pas eu lieu ; ici, comme dans le second miracle de Cana, où Jésus guérit le fils d’un fonctionnaire royal (Jean 4 : 46-54), le miracle est obtenu par la foi.

L’heure de Jésus n’est pas encore venue ; quand elle viendra, dans la passion, ce sera l’heure du service, du sacrifice et de la gloire (Jean 12 :23-28) ; à côté́ de la croix de Jésus, il y aura à nouveau sa mère. Les serviteurs, les diacres, à Cana, savaient bien d’où̀ venait le vin nouveau, car ils avaient obéi aux ordres de Jésus : celui qui fait ce que Jésus dit connaîtra l’origine de ses dons (Jean 7 :17). À Cana, Jésus a manifesté́ sa gloire en sauvant l’époux non identifié d’une situation embarrassante.

Pour Jean, le véritable époux sera Jésus (3 :29), qui inaugure le règne de Dieu.

Notre culture à Cuba est festive, même en dépit des difficultés et des pénuries, nous savourons la vie, et plus encore parmi les personnes qui embrassent la foi de Jésus. Dans notre pays, nous continuons à célébrer les « noces », même si nous n’avons pas de « vin », nous continuons à essayer d’accomplir ses miracles, en annonçant le plan libérateur du Dieu de la vie, en servant en solidarité́ avec les plus nécessiteux et nécessiteuses et en partageant les valeurs du règne de Dieu de « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14 :17).

« À Cuba, nous continuons à célébrer les noces, même si nous n’avons pas de vin. »

Amen.


[1] Selon la campagne d’automne du DM « Savourons la vie ». Le culte a repris des textes et musiques cubaines. L’offrande a soutenu des projets du DM à Cuba. Plus de détails : https://www.dmr.ch/campagne2023/