Culte du 7 juillet 2024, Couvet

Lecture biblique : Genèse 28, 10-20

10 Jacob avait quitté Beer-Sheva et marchait en direction de Harân[2].

11 Comme le soleil se couchait, il prit une pierre pour s’en faire un oreiller et se coucha pour passer ainsi la nuit dans le lieu qu’il avait atteint.

12 Dans son rêve, il vit une sorte d’escalier reposant sur la terre, et dont le haut atteignait le ciel. Et voici que des anges de Dieu montaient et descendaient cet escalier[3].

13 L’Eternel lui-même se tenait tout en haut et lui dit: Je suis l’Eternel, le Dieu d’Abraham ton ancêtre et le Dieu d’Isaac. Cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donnerai, à toi et à ta descendance.

14 Elle sera aussi nombreuse que la poussière de la terre; elle étendra son territoire dans toutes les directions: vers l’ouest et l’est, vers le nord et le sud. Par toi et par elle, toutes les familles de la terre seront bénies[4].

15 Et voici: je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras; et je te ferai revenir vers cette région; je ne t’abandonnerai pas mais j’accomplirai ce que je t’ai promis.

16 Jacob s’éveilla et s’écria: Assurément, l’Eternel est en ce lieu, et moi je l’ignorais!

17 Il fut saisi de crainte et ajouta: Ce lieu est redoutable! Ce ne peut être que le sanctuaire de Dieu. C’est ici la porte du ciel.

18 Le lendemain, de grand matin, il prit la pierre sur laquelle avait reposé sa tête, il la dressa en stèle et répandit de l’huile sur son sommet[5].

19 Il appela cet endroit Béthel (Maison de Dieu). Auparavant la localité s’appelait Louz.

Message

Les parents de Harper m’ont demandé de choisir un texte où il est question d’anges. Croyez-vous aux anges ? En avez-vous déjà rencontré ?

Ces créatures spirituelles, ailées ou non, suscitent chez certains esprits cartésiens un sourire moqueur.

Pour d’autres, les anges appartiennent au monde mythique de la fable.

Et pour beaucoup, les anges sont bien là, mais pas forcément dans les églises et les institutions religieuses. On les retrouve sous forme de bibelots, d’images.

L’Église catholique considère les anges comme des créatures bien réelles qui transmettent des messages, protègent et intercèdent pour nous.

Personnellement, j’aime à dire que mon périple de l’année passée m’a ouverte sur la question des anges… oui ! j’en ai côtoyé ! Certes, pas des êtres ailés célestes, mais des femmes et des hommes comme vous et moi, posés sur mon chemin pour m’aider, me soutenir et m’enseigner.

Alors anges ou pas anges ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion.

Toujours est-il que je comprends au moins 3 bonnes nouvelles dans le récit peuplé d’anges qui vient d’être lu.

Première bonne nouvelle: les ANGES

Jacob a vu des anges en rêve. Dieu lui a parlé par l’entremise de ses messagers. Et pourtant, Jacob n’est pas spécialement un modèle : rappelez-vous : il a trompé son père, il a volé la bénédiction à son frère, il est en fuite chez son oncle.

Et pourtant, cette nuit-là, c’est à Jacob, le voleur, le manipulateur, que Dieu parle. Malgré le mal qu’il a commis, Dieu vient le visiter pour lui faire la promesse qu’il ne l’abandonnera pas.

Première bonne nouvelle : Dieu ne parle pas seulement aux méritants, aux bien-pensants et au irréprochables !

Le Dieu de Jacob ne s’obstine pas là où les humains ont fauté, il n’enferme pas les humains dans la somme de ce qu’ils ont produit.

Dans notre société moderne qui parle si fort de mérite, de réussites, dans un univers professionnel fait de prestations, dans une société qui focalise notre regard sur le quantitatif, voici une parole différente : chacune, chacun est cueilli sur sa route, là où il est et là où il en est.

C’est bon de se souvenir de cela quand nous avons des enfants à l’école, en études ou en recherche d’avenir !

Deuxième bonne nouvelle : l’ECHELLE

Elle symbolise le pont entre le ciel et la terre.

Ou autrement dit, elle révèle la part de nous-mêmes qui désire Dieu et inversement : elle montre ce Dieu qui aspire à traverser le ciel pour nous rejoindre sur terre… ce sera bien évidemment la venue de Jésus-Christ qui manifestera entièrement ce désir.

Oui, je crois que chaque être humain est rempli du désir de transcendance.

C’est la découverte que fait Jacob cette nuit-là, au moment où il quitte le foyer parental, avec ses angoisses et ses culpabilités, avec un avenir fait d’inconnues (le désert, la vengeance de son frère, les mauvaises rencontres, sa subsistance, etc…) 

Jacob a vraiment besoin d’une promesse, d’une bénédiction qui vienne de plus haut mais qui reflète une vraie relation.

Jacob représente bien ce besoin inné de transcendance qui est propre à l’humain.

Deuxième bonne nouvelle : Jacob nous sert de modèle d’ouverture à la conscience spirituelle qui est la nôtre. Son rêve va le sortir de son égocentrisme pour enrichir sa vie d’aventures plus généreuses et plus larges !

C’est bon de se souvenir de cela quand nous sommes baptisés : notre vie spirituelle n’est jamais achevée, elle monte, descend, stagne, fait des bonds en avant !

Troisième bonne nouvelle : STELE

A son réveil, Jaco prononce cette phrase étonnante : « Vraiment Dieu était en ce lieu et je ne le savais pas ! »

Nous pouvons aisément reprendre cette confession de foi pour nous : Dieu était-il présent quand nous défendions une cause contre l’injustice ? Dieu était-il présent quand nous faisions le ménage chez un proche ? Dieu était-il présent dans cette conversation avec les parents de Harper qui demandaient son baptême ?

Plus dérangeant : Dieu était-il présent lorsque je fuyais la confrontation ou que par mon silence je cautionnais des demi-vérités ? Dieu était -il présent lorsque Jacob volait son frère ?

Jacob répond ainsi : « Oui, vraiment Dieu était en ce lieu et je ne le savais pas ! »

C’est souvent après coup que nous repérons la présence de Dieu.

Troisième bonne nouvelle : Dieu se manifeste dans les endroits imprévus, mettant souvent à mal nos représentations et les images que nous nous faisons de lui. Il est là dans les lieux les plus reculés et les situations qui semblent désertées par lui.

Jacob a compris cela et il l’a reconnu. Il a voulu marquer cette découverte par la construction d’une stèle.

C’est bon de se souvenir de cela quand nous traversons des phases de deuil, de maladie et de découragement.

Et maintenant, que faire de ces 3 bonnes nouvelles tirées du récit du rêve de Jacob ?

A son exemple, nous sommes toutes et tous appelés à devenir des poseurs de repères.

Jacob nous invite à être des marqueurs de lieux de la manifestation de Dieu. Par nos personnes, par nos paroles et nos actes, nous pouvons attester de la présence de Dieu.

Peut-être que dans le fond, nous sommes appelés à devenir des anges, non pas ces êtres dépourvus de défauts et aux ailles élancées, mais bel et bien ces femmes et ces hommes pétris dans la glaise humaine qui ne demandent qu’à vivre et espérer Dieu, pour eux et pour les autres. Amen.