Culte des Rameaux : Avec la confiance, croire en demain est possible

Cultes des 27 & 28 mars 2021 à Couvet et à Noiraigue

Musique – Orgue : Jean-Samuel Bucher – Fabienne Pantillon / Chant : Anne-Pascale Isler / Lecture & service : Lucette Bucher – Brigitte Rufener & Michel Blanc / Célébrant : Eric Bianchi, diacre stagiaire.

Lectures bibliques :

  • Es 50, 4-7
  • Mc 11, 1-10

Accueil – Salutations

Que la lumière de l’Espérance, de la Vie et de l’Amour soit avec vous. Ici même, Dieu nous accueille en cœur à cœur avec Lui, pour un temps réparateur et de souffle nouveau. Percevez dans le silence apparent, le murmure délicat de paroles si douces qu’elles nous semblent presque inaudibles.

Ressentez sur chaque parcelle de votre visage, cette tendresse qui enveloppe et qui caresse. Et maintenant voyez ! Oui, voyez de votre cœur ce vide à jamais comblé par sa présence qui vous dit : N’aie pas peur je suis là.

Prière d’invocation

Et en réponse à cette présence, je vous invite à prier :

Seigneur,

Nous t’appelons par tant de noms différents et pourtant ô combien semblables. Chacun dit cette diversité que tu es, puisque tu es tout et que nous n’avons de toi qu’une image morcelée et imparfaite.

Puisque jamais l’humanité ne saura te faire prisonnier d’une idée ou d’une religion, ô Dieu que l’on ne peut soumettre, rends-nous capable de ressentir ta présence toujours vivante. Rends-nous auditeurs attentifs de ton message d’amour qui appelle à la confiance absolue, à l’espérance au-delà de toute tempête.

Amen.

Chant « Jésus, Sauveur, nous t’acclamons »

Prière de repentance

Prions encore :

Notre Dieu, il nous arrive parfois de parler de notre foi et de notre confiance avec tant de facilité, qu’elle en devient légère, presque anodine, voire totalement banale ; alors pardon.

Quelquefois, nous oublions que certains et certaines souffrent de ne pas avoir cette chance que nous avons de pouvoir croire libres. Pour cela, nous te demandons aussi pardon.

Pardon également, lorsque nous oublions que la confiance que tu nous offres, appelle à l’engagement concret pour ton Royaume par l’amour, donné en paroles, mais aussi et surtout, transmis en actes concrets.

Pardon aussi Seigneur, si nous venons à considérer la foi comme l’expression d’une espérance low cost, à bas prix, que l’on jette aux déchets à la moindre lassitude d’un caprice non exhaussé.

S’il nous arrive de mépriser la religion d’autrui, ses croyances, mais aussi les doutes de nos frères et sœurs en humanité, lesquels ont su trouver ta présence en te considérant sous d’autres formes et sous d’autres noms que ceux par lesquels nous te connaissons et t’appelons, nous te demandons pardon.

Car Seigneur, tu nous enseignes l’humilité et la tolérance, l’amour et l’ouverture au monde et non la suffisance et l’intolérance, la haine, la fermeture et le rejet de l’autre.

Amen.

Annonce de la Grâce

Je vous invite à vous lever :

Par les paroles de Jean Lemonnier, recevez l’annonce de la Grâce de Dieu :

« Des quatre opérations, dit Dieu, celle que j’aime le mieux, c’est la multiplication.
L’addition, c’est très bien, mais ça ne va pas assez vite pour moi…
C’est bon pour les comptables : moi je ne sais pas compter !
La soustraction, ce n’est pas mon genre…
Quand il faut ôter, enlever, retrancher, soustraire, j’ai mal partout !
Quant à la division, je passe mon temps à en réparer les dommages…
Voilà des siècles et des siècles que j’essaie d’apprendre aux hommes à ne plus faire de divisions !
Ils se servent même de mon nom pour diviser !
Mais la multiplication, c’est ma spécialité !
Je ne suis moi-même que dans la multiplication !
Je multiplie tout : la vie, la joie et le pardon.
Et si l’homme multiplie le mal par dix,
Je multiplie le pardon par mille ! »

Amen.

Texte intitulé « Les opérations », composé par Jean Lemonnier, in Guy Gilbert, « En cœur à cœur avec Dieu », Éditions Philippe Rey, Paris, 2016, p. 40.

Chant 33/34 – « Hosanna au plus haut des cieux »

Prière d’illumination

Liturgiciel fiche 21.010

Seigneur, tu nous parles :
les mots que tu nous dis nous sont précieux :

ils nous réjouissent,
ils nous interpellent,
ils nous dérangent,
ils nous étonnent
tout au long de nos jours.

Silence

Les mots que tu nous dis m’émerveillent,
et je voudrais les recevoir
comme tu me reçois,
les prendre au sérieux
comme tu me prends au sérieux.

Je voudrais t’écouter comme tu m’écoutes :
avec attention,
avec sollicitude.

Silence

Seigneur, tu nous parles :
les mots que tu nous dis nous sont précieux :
qu’ils nous fassent vivre par ton Esprit.

Amen.

Lecture de la Bible

1ère lecture : Livre du prophète Esaie, chapitre 50, versets 4 à 7

« 4 Le Seigneur Dieu m’a enseigné ce que je dois dire, pour que je sache avec quels mots je soutiendrai celui qui faiblit. Chaque matin, il me réveille, il me réapprend à écouter, comme doivent écouter les disciples. 5 Le Seigneur Dieu m’ouvre les oreilles, et je ne lui résiste pas, je ne recule pas. 6 J’offre mon dos à ceux qui me battent, je tends les joues à ceux qui m’arrachent la barbe. Je ne cache pas mon visage aux crachats, aux insultes. 7 Le Seigneur Dieu me vient en aide, c’est pourquoi je ne m’avoue pas vaincu, je rends mon visage dur comme la pierre, je sais que je n’aurai pas le dessous. »

Musique – Orgue

2ème lecture : Evangile selon Marc, chapitre 11, versets 1 à 10

« 1 Quand ils approchèrent de Jérusalem, près des villages de Bethfagé et de Béthanie, ils arrivèrent au mont des Oliviers. Jésus envoya en avant deux de ses disciples : 2 « Allez au village qui est là devant vous, leur dit-il. Dès que vous y serez arrivés, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le-moi. 3 Et si quelqu’un vous demande : “Pourquoi faites-vous cela ?”, dites-lui : “Le Seigneur en a besoin, mais il le renverra ici sans tarder.” » 4Ils partirent donc et trouvèrent un âne dehors, dans la rue, attaché à la porte d’une maison. Ils le détachèrent. 5Quelques-uns de ceux qui se trouvaient là leur demandèrent : « Que faites-vous ?  pourquoi détachez-vous cet ânon ? » 6Ils leur répondirent ce que Jésus avait dit, et on les laissa aller. 7 Ils amenèrent l’ânon à Jésus ; ils posèrent leurs manteaux sur l’animal, et Jésus s’assit dessus. 8 Beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, et d’autres y mirent des branches vertes qu’ils avaient coupées dans la campagne. 9 Ceux qui marchaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient : « Gloire à Dieu ! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur ! 10 Que Dieu bénisse le royaume qui vient, le royaume de David notre père ! Gloire à Dieu dans les cieux. »

Chant « Seigneur Sion s’apprête »

Prédication avec interludes d’orgue

Une chose frappante à l’écoute du premier texte que nous avons entendu, c’est que les mots du prophète Ésaïe auraient pu être ceux de Jésus, à la virgule près. Et pourtant, ce texte date de 600 ans avant la venue du Christ, alors que le peuple d’Israël était en exil à Babylone.

Et qui dit « exil » dit aussi « peur » et « désespoir », voire « découragement ». C’est d’ailleurs dans le but de redonner ce courage qui manque tant au peuple qu’Ésaïe dit ces mots.

Bon, vous me ferez remarquer alors que cette phrase qui dit : « J’offre mon dos à ceux qui me battent, je tends les joues à ceux qui m’arrachent la barbe. Je ne cache pas mon visage aux crachats, aux insultes. » n’a pas vraiment le goût d’une invitation à la joie et aux réjouissances.

Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsque le prophète parle en « je », il parle comme si le peuple entier disait ces mots. Ensuite, en personnes déportées, il fallait entendre que Dieu par là, malgré les épreuves à traverser, était avec elles, qu’elles n’auraient jamais le dessous, même maltraitées. Et pourquoi ? Parce que la force qui était la leur, venait directement de Dieu.

Et d’ailleurs, plus qu’à l’encouragement, Ésaïe invite le peuple à la confiance. C’est exactement ce que veut dire le mot « écouter ». « Il me réapprend à écouter », « le Seigneur Dieu m’ouvre les oreilles », on pourrait dire : « Il me réapprend à avoir confiance », « le Seigneur Dieu m’ouvre le cœur ». Car c’est selon moi en cet endroit précis que siège la confiance, parce que la confiance appelle à l’amour.

Interlude d’orgue

De la confiance justement, Jésus en avait plein le cœur et en avait en réserve dans ses poches ! Parce qu’il savait pertinemment que s’il était accueilli comme un roi aux portes de Jérusalem, il ne tarderait pas à mourir. Mais il avait confiance en son Père et sur ce chemin qui menait à lui.

Quand bien même il savait probablement que cette foule, versatile, qui acclamait « celui qui vient au nom du Seigneur », avec les honneurs d’un grand, sera cette même foule qui criera quelques jours plus tard de le mettre à mort, de le crucifier, préférant à sa vie, celle du bandit Barabbas.

Jésus lui, monté sur un petit âne, voulait son message clair : c’est ainsi que je viens au nom de Dieu, humblement, parce que Dieu lui-même est humble.

Aujourd’hui, nous sommes bien loin de l’Ésaïe et du Jésus historiques. Des millénaires nous séparent et pourtant, une chose demeure, à la fois fragile et robuste, à la fois invisible mais présente : c’est la confiance.

Et pareil au peuple d’Israël, il nous arrive, nous aussi, de nous retrouver en exil.

En exil de sa terre et de sa famille lorsque l’on est réfugiés.

En exil d’amour et de vie lorsque l’on se retrouve en proie à la solitude.

En exil de ses forces et de sa jeunesse aussi lorsqu’on ne peut plus faire les choses « comme avant ».

En exil d’envie et de son avenir lorsque l’on est épuisés.

En exil de soi-même aussi lorsqu’on ne se reconnaît plus vraiment dans le miroir.

Et dans ces nombreux exils, il ne tient qu’à nous de réapprendre à écouter cette confiance que peut nous apporter cette puissance supérieure, à ouvrir nos cœurs autant que nos oreilles à ce Dieu qui se tient humblement et toujours aux portes de la ville de notre vie.

Interlude d’orgue

Et comment l’y accueille-t-on, comme l’y a-t-on déjà accueilli ?

Cette question, elle peut trouver sa réponse en comparant les chemins de nos existences à celui qui nous amène à Pâques :

Nous avons peut-être, parfois ou souvent, trahi sa présence en le rejetant, en le condamnant, parce que ce qu’il nous apportait n’était pas conforme à ce que nous attendions de lui. Parce qu’il n’était pas le messie tant espéré, tout comme ce fut le cas pour le Grand Prêtre et les religieux d’alors.

Nous nous sommes peut-être, parfois ou souvent, comme Ponce Pilate, lavés les mains de situations dans lesquelles notre amour donné par Dieu réclamait de nous un engagement, une prise de position courageuse, et qui assurément, allait à l’encontre de ce que la majorité attendait. Parce que mine de rien, l’image qu’on donne aux autres prend parfois le pas sur nos convictions…

Nous nous sommes peut-être ou pas, repentis de trahisons…. Et comme Judas, qui finira par en mourir, en sommes-nous peut-être même déjà morts intérieurement ?

Nous avons peut-être aussi, de temps à autre ou souvent, partagé avec lui pain et vin, sang et corps, en une communion d’espérance, en une promesse ouverte sur demain, comme il partagera son dernier repas avec ses disciples.

Nous nous sommes peut-être, parfois ou souvent, extasiés devant des renaissances, des résurrections au sein même des morts qui jalonnent la vie. Peut-être même, parfois ou souvent, nous sommes nous éveillés à nouveau à la VIE.

Et au travers de tous ces instants, Dieu était là ; parce que s’il nous propose de lui faire confiance, lui, a toujours honoré cette confiance qu’il a placée dans l’humanité. Car si nous comptons sur Lui dans nos vies, n’oublions pas que Lui, en tout premier, a compté sur nous et qu’aujourd’hui encore, il continue de le faire…

Il ne tient qu’à chacune et à chacun d’entre nous, au tréfonds de toutes nos nuits et de tous nos exils, d’ouvrir nos cœurs à cette relation de confiance et d’amour.

Interlude d’orgue

Mais faire confiance, voilà qui est une chose aussi facile que difficile. Je peux dire que je fais confiance à Dieu, comme je peux dire que je vais aller acheter du pain chez le boulanger. Pour simplifier, voilà qui n’engage pas à grand-chose. Mais faire confiance profondément, vraiment, voilà qui est plus compliqué…

Oui, comment faire pour donner et accepter cette confiance, alors même que j’ai peut-être parfois ou souvent et bien malgré moi, de la peine à ressentir la présence de Dieu dans ma vie ?

La foi en latin se dit fides, autrement traduit par le mot confiance.

Alors a-t-on confiance dans l’avenir en espérant timidement que Dieu existe ou a-t-on foi en Dieu ? Et si j’ai foi, cela n’impliquerait-il pas que j’accepte de lâcher prise sur mes doutes et mes angoisses, sur ce qui paralyse ma vie ?

Ne pourrais-je pas accepter de lâcher-prise sur une situation trop lourde pour moi, parce que mes forces ne me suffisent pas, que j’ai besoin d’aide et que je cours jusqu’à m’épuiser ?

Ne serait-ce pas déculpabiliser de certaines choses, non pas pour se dire « je m’en lave les mains », mais pour envisager que l’on n’est pas le messie…

Et enfin, accepter d’être libres…

 Libres de croire et d’espérer ; libres des entraves qui nous alourdissent et qui nous empêchent d’avancer…

Libres de dire à ceux que l’on rencontre : « aie confiance, croire en demain est désormais permis, croire en demain est enfin possible »…  Amen.

Musique – Orgue

Prière d’intercession

Prions, les uns pour les autres et pour le monde :

Seigneur Dieu,

Unis par ton amour et par la confiance que nous mettons en toi, nous te prions :

Allume auprès de toutes celles et ceux qui marchent dans la nuit, à la recherche de ta présence, la lumière de la vie et de l’espérance.

Allume dans notre temps ensanglanté, la flamme d’amour que la haine, la violence et la persécution ne peuvent pas éteindre. Nous pensons particulièrement à nos frères et à nos sœurs érythréens, éthiopiens, birmans, ouïghours.

Nous prions pour toutes celles et ceux de notre communauté qui, pour quelque raison que ce soit, ne sont pas physiquement présents aujourd’hui avec nous. Par cette prière, nous communions avec eux. Qu’ils et elles puissent ressentir notre tendresse et notre amitié. Soit pour toutes et tous Seigneur, le parfum d’un souvenir d’antan, à la fois rassurant, enivrant et rempli de cette chaleur qui réchauffe sans brûler.

Nous prions pour tous nos proches, nos parents et amis dans la souffrance, physique ou psychique, du corps comme du cœur. A Toi qui seul, sait ce dont ils et elles ont besoin, nous te les confions. Porte-les là où nos forces humaines ne peuvent le faire, là où notre fierté laisse place à l’humilité de notre condition.

Amen.

Chant « Hosanna »

Notre Père

Enfin, unis avec les chrétiens de partout et de tous temps, c’est d’une seule voix que nous disons avec Jésus, ton Fils unique, notre Seigneur :

Notre Père qui es aux cieux

Que ton nom soit sanctifié

Que ton règne vienne

Que ta volonté soit faite

Sur la terre comme au ciel

Donne-nous aujourd’hui

Notre pain de ce jour

Pardonne-nous nos offenses

Comme nous pardonnons aussi

À ceux qui nous ont offensés

Et ne nous soumets pas à la tentation

Mais délivre-nous du mal

Car c’est à toi qu’appartiennent

Le règne, la puissance et la gloire

Au siècle des siècles

Amen !

Annonces

Chant « O Jésus, ta croix domine »

 Envoi et bénédiction

Je vous invite à vous lever pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu.

Sur les murs de la cellule d’un prisonnier juif à Cologne était écrits ces mots* :

« Je crois au soleil, même quand il ne brille pas. Je crois en l’amour, même quand il ne m’entoure pas. Je crois en Dieu, même lorsqu’il se tait. »

Que la confiance et l’espérance en Dieu soient toujours pour vous, synonymes du rocher sur lequel vous pouvez vous appuyer, l’abri sous lequel vous pouvez être protégé des tempêtes.

Et que tout au long de cette semaine, une voix murmure dans votre cœur par les paroles du prophète Esaïe : « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ? Cesse-t-elle d’aimer l’enfant qu’elle a porté ? A supposer qu’elle l’oublie, moi, je ne t’oublie pas : j’ai ton nom gravé sur les paumes de mes mains » (Es 49,15b-16a).

Allez maintenant dans la Paix du Christ vous que Dieu bénit, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Amen.

* Texte sans intitulé et écrit par un anonyme, in Guy Gilbert, « En cœur à cœur avec Dieu », Éditions Philippe Rey, Paris, 2016, p. 133.