Prédication de Véronique Tschanz Anderegg
Lectures : Marc 14, 22-25 ; 14, 53-59 ; 14, 60-65 ; 15, 33-37
Accueil
Ce matin, nous faisons mémoire de la journée la plus difficile pour notre foi.
Celle où la puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse, la souffrance et la mort.
Jour sombre, où l’injustice faite à l’innocent, est totale ! Aujourd’hui dans l’histoire du monde, les hommes ont tué Dieu !
Il est important pour nous d’être ensemble pour parcourir ce chemin de deuil. Car les uns avec les autres, nous pouvons nous soutenir dans ce chemin de croix de Jésus, et ainsi pourrons-nous aussi nous soutenir dans tous les chemins de croix de nos vies.
Bienvenue à chacune et à chacun pour ce temps du souvenir, ou nous pouvons prendre soin les uns contre les autres !
Seigneur,
Nous ne pouvons pas nous réjouir en ce Vendredi Saint, où l’injustice, le mal et la souffrance nous sont rappelés par ton propre vécu.
Mais il reste juste et bon de te remercie, Seigneur, en ce jour où ta tendresse et ton amour se révèlent dans la fragilité humaine.
Oui, il est bon de te louer pour l’espérance que la croix fait naître en nous.
Anamnèse – Epiclèse
Seigneur,
Est-ce que tu savais, en prenant ce repas avec tes amis que tu allais mourir bientôt ?
Est-ce que tu savais que ce serait ce dernier repas qui nous rassemblerait, nous, chrétiens, des siècles après ton sacrifice ?
Aujourd’hui, nous revivons ce dernier repas. Donne-nous la reconnaissance pour ces instants passés ensemble. Offre-nous l’humilité pour les vivre tels un baume sur nos propres blessures
En nous, Seigneur, mets ton Esprit et nous vivrons !
Transfigure ce pain en nourriture éternelle
Transfigure de vin en source de vie intarissable
En nous, Seigneur, mets ton Esprit et nous vivrons !
Pardon
Seigneur,
Je n’entends pas toujours les cris de souffrance de celles et ceux que la maladie, l’injustice et la mort crucifie…
Je peine à avancer dans la confiance, minée par les doutes et la peur…
Je peine à accepter le mystère de Dieu…
Je ne vois pas toujours les signes qui décrucifient ma détresse…
Christ, Agneau de Dieu… PARDON
Annonce du pardon
Le Seigneur dit : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous mon Esprit, je serai votre Père, vous serez mes fils et mes filles ». Que Dieu place en nous l’assurance de son pardon et la joie de la paix retrouvée. Amen
Fraction- Elévation
Le pain que nous rompons et communion au corps de notre Seigneur Jésus Christ, rompu et donnée pour chacun·e d’entre nous.
La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâce et communion au sang de notre Seigneur Jésus Christ, sang versé pour chacun·e d’entre nous.
Commentaire
Le récit du jugement de Jésus devant le sanhédrin décrit une scène de violences verbale, qui va devenir psychologique, puis physique.
Nous ne pouvons pas passer à côté, minimiser ou relativiser ces violences et cette noirceur.
Aujourd’hui encore, Jésus, continue d’être méprisé, violenté et condamner à mort, à l’image de ce témoignage de l’ACAT :
« Lorsque des chemins de croix ont lieu au Mexique le Vendredi Saint, les gens commémorent non seulement la souffrance et la mort de Jésus sur la croix, mais aussi leurs proches disparus. Plus de
114 000 personnes sont considérées comme disparues de force au Mexique ».
Du point de vue psychologique et social, la violence et une transgression de d’humain qui consiste à porter atteinte à un autre humain. La personne victime de violence, si son traumatisme n’est pas traité, peut être sujette à reproduire la violence subie.
Face à ce mouvement qui tourne en boucle, à ces violences répétées et à cette noirceur, nous pouvons nous sentir complètement démunis, soit en tant que victimes, soit en tant que témoins d’injustices.
La tâche semble insurmontable pour en sortir et peut provoquer en nous des sentiments d’impuissance et de culpabilité.
Au son de l’orgue, je vous invite à déposer ces sentiments d’impuissance et de culpabilité…
Commentaire
Face aux exactions subies par Jésus, puis par extension, aux femmes et aux hommes de tous les temps, où voyons-nous l’agir de Dieu ?
Tant de fois j’ai été confrontée à cette question : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas autant de violences, de maladies… pourquoi ne fait-il rien ? »
Dans ce passage, l’attitude de Jésus devant le sanhédrin nous donne peut-être une piste : Dieu n’est pas attendu dans le camp des dominants et des compétiteurs.
Dieu, Seigneur et Sauveur est à rechercher sous les traits du faible et de l’opprimé.
L’humain a besoin d’un leader fort, rassurant, convainquant, combatif… un chêne !
Or, Jésus, face à ses oppresseurs adopte la posture du roseau qui plie mais ne casse pas. Un roseau qui symbolise la fragilité et non la force guerrière.
Au son de l’orgue, je nous invite à nous poser la question : « Un Dieu Sauveur fragile est-il encore à la hauteur face aux défis de notre monde de violences et d’injustices ? »
Commentaire
La noirceur du texte atteint sa paroxise : souffrance, moqueries, solitude. Dans ce texte de Marc, l’ennemi reste l’ennemi, les violences verbales, psychologiques et physiques sont bien réelles. Les opprimés sont toujours opprimés.
Jésus ne va rien changer à cet état de fait. Il a traversé toute cette noirceur qui fait partie de l’existence humaine.
Le texte de Marc ouvre une perspective autre. En Jésus humilié, violenté, Dieu nous a rejoints. Jésus a vécu notre vie humaine jusqu’à la mort.
Il y a pourtant dans ce constat un sentiment d’échec et d’absurdité.
N’aurait-il pas mieux fallu que toute cette noirceur soit épargnée à Jésus ?
N’aurait-il pas été plus juste que Dieu intervienne « en direct »et qu’Elie le fasse descendre de sa croix comme le suggèrent un témoin de son agonie ?
N’aurait-il pas mieux valu que la longue liste de tortionnaires qui peuplent l’Histoire ne viennent jamais au monde ?
Bien sûr, à vues humaines, c’est ce qui nous parait le plus soutenable.
Et c’est là que nous nous heurtons à la tension insoluble entre : l’agir de Dieu et les attentes que nous avons de lui.
Au son de l’orgue, je nous invite à nous poser la question : « Qu’est-ce que j’attends de Dieu ? »
Prière d’intercession
Avec un extrait d’un poème du pasteur Markus Vögtli, du comité de l’ACAT…