Lecture biblique: Matthieu 5,1-12 Florian
La lecture de l’Evangile de ce jour est faite dans une traduction inhabituelle : celle d’André Chouraqui. Ouvrez l’oreille, ce texte si connu résonne différemment ! Vous comprendrez ce choix de traduction tout à l’heure.
« En voyant les foules, Jésus monte sur la montagne et s’assoit là. Ses adeptes s’approchent de lui. Il ouvre la bouche, les enseigne et dit :
« En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des cieux est à eux! En marche, les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés! En marche, les humbles! Oui, ils hériteront la terre !
En marche, les affamés et les assoiffés de justice ! Oui, ils seront rassasiés ! En marche, les matriciels ! Oui, ils seront matriciés! En marche, les cœurs purs ! Oui, ils verront Dieu!
En marche, les faiseurs de paix! Oui, ils seront appelés fils de Dieu. En marche, les persécutés à cause de la justice ! Oui, le royaume des cieux est à eux ! En marche, quand ils vous outragent et vous persécutent, en mentant vous accusent de tout crime, à cause de moi. Jubilez, exultez! Votre salaire est grand aux cieux! Oui, ainsi ont-ils persécuté les inspirés, ceux d’avant vous. » Louange à toi, ô Christ !
Lecture de l’Evangile du jour en tigrinia (Erythrée) et ewé (Togo) : voir doc. ci-joint
Prédication Stéphanie
Beaucoup d’entre nous connaissent très bien les Béatitudes. Ces Béatitudes selon Chouraki nous déplacent, nous dérangent, nous questionnent. En marche ! En marche ou bienheureux ? Comment est-ce possible que ce soit la traduction d’un même mot ? Est-ce que le bonheur, c’est d’être en marche ?
J’avais toujours compris bienheureux… de manière statique. Bienheureux les cœurs purs, par exemple, je voyais que ça concernait une catégorie de gens fixe et définie qui avaient la promesse de Dieu pour après leur mort et déjà pour leur vie devant eux.
Chouraki bouscule toute ma compréhension ; il me met en marche ! Et si ma foi s’était enlisée dans un quotidien bien organisé ? Et si Jésus nous disait « quitte tout et suis moi », mais qu’après avoir tout quitté, je ne le voie plus sur le chemin ! Qu’aurais-je d’autre à chercher que mon Seigneur ? Il serait le chemin, il serait ma raison d’être ici et maintenant ; je guetterais en chacun s’il n’y est pas. Je prierais ardemment et sans cesse, je parlerais ouvertement à ceux qui croisent ma route, je serais à l’affut du moindre signe de sa présence.
N’est-ce pas ça, être en marche ? N’est-ce pas cette ouverture du cœur qui laisse la place à Dieu ? N’est-ce pas cela, laisser la place à la Providence ? Cette ouverture est pour les bienheureux, cette ouverture nous rend bienheureux ! Aujourd’hui le Seigneur m’a comblée. J’ai un travail, une bonne santé, un réseau de gens que j’aime. Mon souci c’est le quotidien. Faire le plein d’essence ou prendre le train, faire les courses, être à l’heure pour les nouvelles, préparer ou vivre ma retraite… Oh oui je suis reconnaissante pour cette stabilité, mais n’ai-je pas perdu quelque chose ? Ne me suis-je pas perdue dans le souci du quotidien, dans le futile ? Et si Dieu m’appelait à nouveau, maintenant, en me disant « quitte tout et suis-moi ».
Mon cœur serait-il assez souple encore une fois ? Assez souple pour me mettre en marche ? Si j’avais des frères en marche à mes côtés, peut-être aurais-je moins peur ? Peut-être aurais-je la joie de donner…donner un peu de mon quotidien pour me mettre en marche.
Et si Dieu me disait : « Quitte ton pays et fuis vers un pays que je te montrerai », comme il l’a dit à Joseph après la naissance de Jésus. Je serais alors réfugiée, en marche, à la recherche de la présence de Dieu dans mes frères ; en quête d’une porte ouverte, d’un peu de stabilité ; et j’aurais à donner un cœur ouvert, un cœur en marche, une fenêtre ouverte sur le bonheur d’être à la suite du Christ. Si j’étais cette réfugiée, je n’aimerais pas qu’on me plaigne, je n’aimerais pas faire peur. J’aimerais que l’on voie ma richesse, et j’aimerais qu’elle serve mes frères enlisés dans leur quotidien, afin qu’ensemble – au quotidien – nous soyons stables dans nos vies et en marche dans nos cœurs. Amen.
Evangile en tigrinya et Textes du culte