Comment faire, pour bien faire? – 3ème Avent

Culte présidé par Séverine Schlüter le 11 décembre 2021 à Couvet et le 12 décembre 2021 à Fleurier

Lectures bibliques :

Message : comment faire pour bien faire ?
Comment faire, pour bien faire ? C’est la question que je n’arrête pas de me poser ces derniers temps – et quelque chose me dit que je ne suis pas la seule…

Combien de monde inviter pour Noël ? Est-ce que le compagnon de ma cousine a un Pass ? On fait un repas traditionnel dedans, ou plutôt un vin chaud dehors ? Comment on va faire parvenir ses cadeaux à la tante ou aux grands-parents qui ne pourront pas se déplacer ? Est-ce que cela sert à quelque chose de faire des biscuits si on ne peut pas les partager ? Et comment ça va se passer pour les cultes ? Est-ce qu’on aura droit à de nouvelles restrictions ? Et de toute façon, est-ce bien prudent de continuer à se réunir ? …

On a bien de la peine, cette année encore, à entrer dans la joie décrite par le prophète Sophonie – et dans les réjouissances des fêtes de fin d’année.

Beaucoup sont en attente. Attente que les choses évoluent, qu’un chemin se dessine pour sortir de la crise, que notre vie et nos activités retrouvent un sens.

Les contemporains de Jésus, eux aussi, se demandent comment faire pour bien faire ; ils sont en attente, en recherche de sens – même si c’est pour des raisons différentes. Surtout les gens du petit peuple, et les mal-vus de la société. Ils viennent trouver Jean-Baptiste dans ce but.

C’est un des sens qu’avait le baptême : s’affranchir de ses attaches terrestres pour s’approcher du divin ; se plonger dans la rivière, laisser son ancienne vie derrière soit comme l’eau s’éloignant avec le courant, et ressurgir des flots renouvelés.

Ils viennent pour recevoir un signe, mais aussi pour savoir ce qui est attendu d’eux.

Jean ne leur donne pas seulement des conseils généraux (partager ses vêtements et sa nourriture), mais leur suggère, comment, concrètement, inscrire ce signe reçu dans leur quotidien de vie. (Pour les collecteurs d’impôt : ne rien exiger de plus que ce qui leur est fixé ; pour les soldats, éviter la violence et les accusations mensongères, et se contenter de sa solde.). On peut imaginer, chacun, chacune, ce qu’il aurait pu nous dire…

Mais voilà que ce n’est pas fini. Jean annonce qu’un Autre, après lui, et plus grand que lui, va venir.

Ce sera lui, ce Messie, cet envoyé de Dieu annoncé pour apporter des jours meilleurs. Bonne nouvelle ! Sauf que, s’il est Celui qu’on espère et attend depuis longtemps, il sera aussi celui qui sera juge des bons et mauvais comportements !

Jean utilise alors une image courante à l’époque, liée à la fin des temps et à la venue du Messie : celle du paysan qui, après avoir récolté son blé, opère son vannage : c’est-à-dire séparer la céréale de son enveloppe en projetant les grains en l’air avec une pelle. Ainsi, toutes les impuretés sont emportées par le vent, alors que le blé retombe au sol. On récupère le blé pour le conserver précieusement dans le grenier, tandis que la balle qui enveloppait le grain et autres impuretés sont détruites par le feu.

Vraiment ? Le Messie attendu, celui qui nous reconnaissons en Jésus, est-il venu pour trier entre les gens ? Pour séparer les bons des méchants ?

Même si Jésus, dans son ministère, invitera aussi à changer de comportement et mettra en garde contre l’hypocrisie ambiante, ce n’est pourtant pas l’image que j’ai de lui…

Peut-être, avant de s’arrêter à l’image du feu, faut-il se rappeler celle qui vient avant : celle de l’Esprit.

C’est déjà ce qu’avaient annoncé les prophètes : que Dieu répandrait son Esprit sur toute chair. Si cet Esprit, ce Souffle venu de Dieu, vient faire sa demeure en nous… c’est donc à l’intérieur que ça se passe !

Non, ce n’est pas entre les gens que le tri doit se faire… mais en nous-même. Il ne s’agit pas de se comparer les uns aux autres, mais de s’examiner soi-même : qu’y a-t-il de bon, à garder, et à faire fructifier ? Qu’est-ce qui, au contraire, m’encombre, et que je peux sans autre abandonner ?

Cela correspond mieux à ma manière de comprendre Jésus : qqn qui laisse la place à chacun.e de tirer le meilleur parti de lui-même et de faire de meilleurs choix de vie…

Alors, comment faire pour bien faire ?

En ce qui concerne notre situation actuelle, il est difficile d’avoir une réponse, si ce n’est celle de mettre sa confiance en Dieu et au chemin qu’il veut ouvrir devant nous. Mais la question reste pertinente dans ma propre existence. Si je n’ai pas beaucoup prise sur les événements qui m’entourent, j’en ai sur mon attitude et mes choix, la direction que je donne à ma vie. C’est aussi ainsi que le Royaume de Dieu se fait un chemin.

Alors, peut-être que les paroles prononcées par le prophète Sophonie pourront résonner en nous, comme une promesse : “Réjouis-toi ”, “ Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi ”, “ Le Seigneur lui-même est au milieu de toi ”, “ Il est tout joyeux à cause de toi, dans son amour, il te renouvelle ” Il dit : ” je rassemble ceux qui étaient privés de fêtes ”.

Avec cette confiance que les réponses viendrons – même si elles arrivent par des chemins que nous n’avions pas imaginés…

Amen.