Comme le grain de blé – prédication du 16 mars 2024

Culte à Môtiers à 17h

Texte biblique :

Jean 12, 20-33

Note : ce texte a aussi accompagné le culte en randonnant du 17 mars 2024 à Fleurier.

« Signes de vie » : l’arbre de Pâques réalisé dans la rencontre Godly Play du samedi matin 16 mars est entouré de signes de vie récoltés par les participants du culte en randonnant du 17 mars.

Comme le grain de blé

Prédication de Patrick Schlüter

« Nous voudrions voir Jésus ! »

C’est la demande de Grecs qui sont à Jérusalem pour adorer Dieu. Ce sont des sympathisants du Judaïsme. En effet, Jésus vient d’arriver à Jérusalem sur un âne. Sa réputation l’a précédé. Nous nous en rappellerons dimanche prochain à la fête des Rameaux.

Nous aussi, nous voudrions voir Jésus : nous aimerions le voir à l’œuvre dans nos vies, sentir sa présence. Nous aimerions le voir à l’œuvre dans les lieux d’obscurité et de détresse. Où est-il, comment agit-il, en Ukraine, à Gaza, en Haïti et dans tant d’autres lieux ?

Pour nous, comme pour les Grecs, la rencontre avec Jésus ne se passe pas forcément comme attendu. On ne sait pas trop si les Grecs ont pu rencontrer Jésus comme demandé à Philippe qui est allé le dire à André qui l’a ensuite accompagné pour le dire à Jésus. La réponse de Jésus est énigmatique. On a d’abord l’impression que Jésus répond uniquement à ses 2 disciples, mais dans le texte qui suit, c’est la foule qui réplique au discours de Jésus. On peut imaginer que les Grecs en font partie, mais dans tous les cas, leur désir de voir Jésus ne se réalise probablement pas tout-à-fait comme imaginé.

Pour eux, comme pour nous, Jésus renvoie à sa mort sur la croix. C’est là que le Fils de l’homme est glorifié. C’est là, à la croix qui est évoquée mystérieusement dès le début du discours de Jésus, que l’on peut voir Jésus.

C’est dans la mort de Jésus que la gloire de Dieu est révélée, que sa vie est donnée pour l’humanité.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

C’est la mort de Jésus qui est offerte aux hommes comme signe de la présence de Dieu parce que Jésus nous rejoint dans notre humanité. Cela va à rebrousse-poil de nos attentes.

Jésus était un observateur de la nature. A travers l’image du grain de blé, la nature est signe de ce mouvement de mort qui débouche sur la vie. Le blé semé en octobre est récolté entre juin et août de l’année suivante. C’est un processus qui prend du temps.

Pour Jésus, la nature est un signe de ce qui peut se passer dans nos vies. C’est à observer, à comprendre, à décoder. Il y a dans la nature un processus de mort de la graine pour aller vers la vie, vers de nouveaux grains plus nombreux. Si le grain n’est pas semé, s’il ne meurt pas, s’il ne disparait pas, il n’y aura pas de récolte.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

C’est un signe paradoxal qui doit être discerné. C’est la même chose pour beaucoup de signes dans nos vies et même aussi quand Dieu parle clairement comme cette voix venue du ciel. Certains entendent la voix d’un ange, d’autres seulement le tonnerre !

La présence de Jésus est à discerner aujourd’hui. Il est à l’œuvre dans les lieux sombres, comme une graine plantée en terre qui germera en son temps. Il n’y a aucun lieu trop sombre pour la présence du Christ. Il est là même si nous ne le voyons pas. Il est avec les victimes du mal et de l’enfermement des humains.

Il est là dans nos vies, dans notre Église. Pour comprendre Jésus, pour le voir à l’œuvre dans sa vie, il faut lâcher prise, s’abandonner, accepter de laisser mourir ce qui nous coupe de lui et de la vie véritable. Le mouvement de mort qui ouvre vers plus de vie concerne Jésus, mais aussi celui qui veut le suivre.

« Qui aime sa vie la perd ;

qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.

Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ;

et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.

Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »

Me voilà aussi questionné. Je ne suis pas seulement celui qui regarde le cycle de la nature, mais à la suite du Christ, je suis aussi comme le grain :

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Qu’est-ce est appelé à mourir dans ma vie ? Qu’est-ce que je suis appelé à abandonner ? Où est-ce que je suis invité au lâcher-prise ?

Et notre Église qui vit de grands changements passés et à venir, n’est-elle pas elle aussi comme le grain ?

Qu’est-ce qui est appelé à mourir dans notre paroisse, dans notre Église pour faire la place à du neuf ?

Le blé semé en terre ne pousse pas tout de suite, ou plutôt oui, le processus vers la germination commence, mais on ne le voit pas immédiatement.

Quand on s’abandonne à Jésus, on ne sait pas encore ce qui va naître. Le chemin du lâcher-prise n’est pas connu à l’avance. C’est cela qui est difficile, mais c’est le chemin auquel le Christ nous appelle, personnellement et communautairement. Il est là pour faire le chemin avec nous.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;

mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Amen.