Marche méditative du matin de Pâques, 16 avril 2017, de Môtiers à Couvet
Le 31 octobre 1517, Martin Luther a affiché ses 95 thèses « Controverse destinée à montrer la vertu des indulgences ». Cet événement est considéré comme le premier acte de la Réforme.
A l’occasion du 500e de la Réforme, commémoré de novembre 2016 à novembre 2017, les Eglises ont été invitées à formuler leurs thèses pour l’Evangile : être chrétien aujourd’hui.
La paroisse du Val-de-Travers en a retenu 10, qui ont été placardées sur les portes des temples du Val-de-Travers à l’occasion de Pâques 2017. Elles ont servi de base à la traditionnelle marche qui a lieu entre l’Aube et le culte du matin de Pâques.
Document sur les thèses de la paroisse à télécharger ici:
Textes de Julie Paik et Séverine Schlüter à télécharger ici
Introduction devant la porte de l’église de Môtiers
Pour commencer ce parcours qui nous mènera jusqu’au temple de Couvet, nous voici rassemblés devant une porte. Une porte, c’est un passage ; il y a un avant et un après. Parfois certaines portes, comme celle-ci, nous sont si familières qu’on les passe sans y faire attention. Mais parfois, ouvrir une porte, c’est prendre un risque. Qu’est-ce que je vais trouver derrière ? Et si je passe la porte, est-ce que je pourrai encore revenir en arrière, ou est-ce qu’il sera impossible de rebrousser chemin ?
Dans l’évangile de Marc, au matin de Pâques, les femmes quittent le tombeau toutes tremblantes et ne disent rien à personne, parce qu’elles ont peur. Elles étaient venues au petit matin franchir une porte qu’elles approchaient avec appréhension. Et ce qu’elles ont trouvé leur a paru plus effrayant encore que ce qu’elles attendaient : le passage ouvert, le tombeau vide, le jeune homme vêtu de blanc qui prononce des paroles qui leur paraissent impossibles à croire et à comprendre.
Et pourtant, si nous sommes là ce matin, deux millénaires plus tard, c’est que ces femmes sont parvenues à dépasser leur peur pour témoigner de ce qu’elles avaient vu. La porte ouverte du tombeau a été pour elle un point de non-retour, un basculement de leur vie dans la vie de Dieu.
Pour commémorer les 500 ans de la Réforme, les paroisses de notre canton ont écrit des thèses en écho à celles affichées par Martin Luther sur la porte de l’église de Wittenberg en 1517 et qui disent notre foi chrétienne dans des mots d’aujourd’hui. Voici les dix thèses de notre paroisse. Elles témoignent avec vos mots de la puissance de libération que représente la bonne nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus, et de ce que c’est que de vivre une vie humaine sous le regard de Dieu.
–> placarder les thèses sur la porte du temple.
La première thèse dit : « Jésus nous a appris la prière et l’importance de prier. Vivre en tant qu’être humain devant Dieu aujourd’hui, c’est être vrai devant lui, et lui confier ce qui nous habite, pour qu’il s’en préoccupe avec nous. »
Alors, en compagnie de quelques-unes de ces thèses, nous vous proposons ce matin de refaire l’itinéraire des femmes du matin de Pâques : dans nos vies, quelles sont les peurs qui nous enferment ? Comment ouvrir un passage et trouver un chemin de libération ? Et en souvenir du geste de Luther, nous allons commencer notre marche en affichant les thèses sur la porte de l’église.
- Refrain : “Fais paraître ton jour”
Première étape – à la sortie du village de Môtiers
Thèses 3 : «Vivre en tant qu’être humain devant Dieu aujourd’hui, c’est être conscient de ses limites et espérer en l’amour illimité de Dieu.
Thèses 4 : Vivre en tant qu’être humain devant Dieu aujourd’hui, c’est avancer toujours plus dans la confiance en lui et le vivre avec d’autres ! Car rien n’est impossible à Dieu.»
Nous voici à la sortie du village de Môtiers, avec la route devant nous…
Parfois, quand nous en sommes à des carrefours dans nos vies, nous ne savons pas ce qui nous attend, et il est parfois difficile de faire le premier pas.
Derrière les deux phrases qui ont été lues, il y a peut-être la peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur, de s’accepter avec ses limites, et de s’aimer avec nos imperfections.
Brève discussion : est-ce que cela rejoint certaines de vos appréhensions ? qu’est-ce qui peut permettre de les dépasser ? …
Si nous avons des limites, l’amour de Dieu ne l’est pas. C’est ce qui peut nous permettre d’aller de l’avant., de nous mettre en route dans sa présence. Chantons cette confiance !
- Refrain : “Fais paraître ton jour”
Deuxième étape – près d’un pont
Thèse 5 : «Dieu m’apporte la vie et l’énergie d’aimer mon prochain, d’aller à la rencontre de l’autre et d’apprendre à vivre comme frères et sœurs.»
Tout à l’heure, il a été dit qu’il n’est parfois pas facile de s’aimer soi-même et de s’accepter tels que nous sommes sous le regard de Dieu. Nous vivons dans une société où c’est aussi et même souvent l’autre qui fait peur, où nous sommes devenus méfiants : il est devenu plus difficile qu’avant de confier ses enfants à quelqu’un d’autre, de partir en laissant sa porte ouverte, de poser un regard de bienveillance sur l’inconnu qui nous aborde dans la rue. Et puis il y a toutes ces personnes que nous côtoyons mais avec qui nous ne nous sentons aucun atome crochu. Alors, comment pouvons-nous dépasser notre méfiance, notre manque de bienveillance ou de sympathie, et reconnaître vraiment dans le visage de l’autre notre frère ou notre sœur ?
- Refrain : “Fais paraître ton jour”
Troisième étape – vers l’intersection de deux rivières
Thèse 6 : «Vivre en tant qu’être humain devant Dieu aujourd’hui, c’est vivre l’amour entre tous quelle que soit notre religion, notre nationalité. Que la paix règne dans ce monde avec toi, Seigneur. »
Les différences, cela peut faire peur… parce que cela nous confronte à nos valeurs, à nos habitudes, notre sécurité… et que cela les bouscule, un peu comme cette eau tumultueuse que nous voyons.
Comment de votre côté vivez-vous ces différences ? Qu’est-ce qui peut permettre de se rapprocher malgré tout ?
On peut voir ce qui nous interpelle avec un autre regard : celui de la beauté et de la richesse que cela nous apporte. Si on observe l’Areuse, actuellement, depuis ici, ses eaux prennent des allures différentes : cascades, remous, tourbillons, méandres, eau plus calmes… De même que Dieu embrasse tout sous son regard et aime toute sa création, il aime chacun de ses enfants, et nous pouvons nous abriter ensemble sous ce regard d’amour.
- Refrain : “Fais paraître ton jour”
Quatrième étape – à l’entrée du village de Couvet
Thèse 7 : «Le monde est fait de grandes tristesses et de grandes joies. La croyance et la confiance en Jésus peuvent nous aider à passer les moments difficiles et joyeux.»
La vie nous réserve de temps en temps des émotions fortes. Dans les temps de grande détresse ou de grand bonheur, nous avons parfois l’impression de vivre quelque chose de tellement intense que notre vie tout entière se résume à cette émotion. Du coup, nous pouvons penser que personne ne peut vraiment comprendre ce que nous traversons : le deuil de quelqu’un que nous avons aimé, la joie de tomber amoureux ou d’accueillir un enfant ; et ce sentiment de solitude peut nous faire peur. Et pourtant, quand nous disons de Jésus qu’il est Dieu fait homme, nous voulons dire qu’en Jésus, Dieu a pleinement partagé tout ce qui fait notre existence humaine, y compris ces moments d’immense détresse ou d’immense joie. Alors, comment trouver dans notre vie des signes que dans la tristesse ou dans le bonheur, la promesse de Dieu de ne pas nous laisser seuls est aussi vraie pour nous ?
- Refrain : “Fais paraître ton jour”
Conclusion – devant la porte du temple de Couvet
à placarder les thèses sur la porte du temple.
Après avoir cheminé avec ces thèses, on les relit peut-être différemment. Peut-être certaines ont pris un autre sens, peut-être que d’autres continuent de poser questions, peut-être que certaines nous ont interpelées plus que d’autres.
Ce chemin, nous l’avons commencé ensemble, et c’est à chacun-e de le poursuivre, avec Dieu comme compagnon de route. (Vous trouverez tout à l’heure à la collation des papiers en petit format avec le texte de ces différentes thèses, et les prendre chez vous si vous le désirez).
J’aimerais vous lire la dernière thèse, comme un conclusion à notre marche d’aujourd’hui :
Thèse 10 : Croire en Jésus-Christ change mon regard sur moi-même et les autres. Je me découvre enfant d’un Dieu Père qui m’aime.
Je peux poser sur les autres ce même regard.
J’essaie de le vivre dans ma vie de tous les jours. Qu’est-ce que cela signifie face à l’actualité du monde devant laquelle je me sens souvent impuissant ?
Je peux refuser de fermer les yeux, priser, voter, m’engager là où je peux, refuser l’indifférence.
« Si la goutte disait : “je ne suis rien”, il n’y aurait pas d’océan. »
« Qui sauve un homme sauve le monde entier. »
- Refrain : “Fais paraître ton jour”