C’est le Seigneur qui est notre joie – Prédication du 3ème Avent

3ème dimanche de l’Avent

Culte du 16 décembre 2018, Noiraigue 10h

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Prédication de Patrick Schlüter

Textes bibliques :

Prédication sur « C’est le Seigneur qui est notre joie »

Pousse des cris de joie, fille de Sion !
Éclate en ovations, Israël !
Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie,
fille de Jérusalem !

Et nous, qu’est-ce qui nous réjouit vraiment ?

Sophonie, prophète à la fin du 7èmesiècle avant Jésus-Christ, annonce le jugement et la colère de Dieu envers son peuple. Il annonce qu’un petit reste d’Israël va demeurer. Son livre sur termine sur l’annonce de Jérusalem et le retour des déportés.

C’est l’annonce de la restauration de Jérusalem que nous avons entendue. Cette annonce déborde de joie. Il y a de quoi. Le malheur est levé. Il n’y a plus d’humiliation. Au contraire, Dieu qui avait posé son jugement est maintenant fier de son peuple. C’est le temps de la libération. Au lieu d’avoir honte, Jérusalem est libérée.

Dans la liturgie de l’Eglise, catholique en particulier, le 3èmedimanche de l’Avent est le dimanche de Gaudete, c’est-à-dire le dimanche du « Réjouissez-vous ». C’est l’anticipation de la joie de Noël et aussi de l’Eglise dans l’attente de la venue du Christ. La lecture de la lettre aux Philippiens qui était aussi proposée pour ce dimanche dit cette invitation : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! Je le répète: réjouissez-vous! »

Et nous, qu’est-ce qui nous réjouit vraiment ? Qu’est-ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes ? Qu’est-ce qui nous porte de l’intérieur dans toutes les circonstances de nos vies ?

La joie, c’est quelque chose qui nous habite en profondeur et qui ne dépend pas des circonstances de la vie. Il y a quelque chose de sérieux dans la joie parce c’est prendre au sérieux la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ qui vient dans le monde.

Je sens cette prise au sérieux parmi les auditeurs de Jean-Baptiste. Comme nous le raconte Luc, les foules viennent se faire baptiser après l’annonce de Jean-Baptiste qui proclame la venue du jugement divin.

« Que devons-nous faire ? » demandent les foules

« Partager le vêtement et la nourriture », « être honnête et refuser la violence » répond Jean-Baptiste.

Ses auditeurs le prennent au sérieux : ils semblent pressentir que quelque chose se passe. « Le peuple était en attente » nous dit Luc et « tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. »

C’est un de ces moments où l’on sent qu’il se passe quelque chose d’important. Ces moments, nous en vivons plusieurs dans nos vies, à petite ou à grande échelle : quand on rencontre quelqu’un, quand on tombe amoureux, quand on attend un enfant, que quelque chose arrive qui peut donner une autre orientation à la vie. Une attente se creuse en nous et nous nous sentons prêts à renoncer à certaines choses pour saisir cette occasion qui se présente.

C’est cela, cette « joie sérieuse » comme j’ai envie de l’appeler ce matin. C’est quelque chose qui donne de l’élan de l’intérieur pour laisser d’autres choses de côté comme les auditeurs de Jean-Baptiste y sont invités : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »

Et nous, qu’est-ce qui nous réjouit vraiment ? Au point d’être prêt à renoncer à certaines choses ? Et qu’en est-il de l’Evangile, de la bonne nouvelle de Jésus-Christ ? Est-elle cette joie qui nous porte ? Ou simplement un bonus, un plus sympa, mais pas indispensable ?

La venue de Jésus-Christ s’offre pour devenir l’essentiel de notre vie parce que c’est une grande joie. Elle est à prendre au sérieux parce que Dieu nous prend au sérieux. La joie de l’Evangile prend au sérieux la vie dans tout ce qu’elle comporte. Elle nous questionne sur nos choix de vie. Elle demeure profondément en nous même au cœur des difficultés parce qu’elle offre la présence de Dieu qui vient au cœur de nos vies.

Alors qu’en est-il aujourd’hui pour nous ?

Dans notre monde et ses défis, sommes-nous dans la peur de perdre, à construire des murs ?

Il y a parfois de quoi en avoir envie quand un attentat frappe à Strasbourg près de chez nous. La joie de l’Evangile permet de pleurer avec ceux qui pleurent, d’être en colère et de dénoncer, mais elle regarde toujours au-delà dans l’espérance du Dieu qui vient nous chercher.

Et dans notre Eglise, avec ses changements passés et à venir ? Sommes-nous dans le discours du « c’était mieux avant » ? La nostalgie des temps forts vécus, de ce qui a été et qui n’est plus ?

Qu’est-ce qui peut nous permettre de passer de la peur de perdre à la joie de donner et de recevoir ce qui vient ?

J’ai aimé lire les mots d’Edmée et Marie-Claude dans l’Encart reçu cette semaine à propos des changements dans les cultes de Noël avec les enfants à Travers. Après avoir évoqué les changements, elles disent :

« Et nous voilà̀ invitées à finalement choisir ce que nous garderons dans nos mémoires. Alors, nous décidons de garder dans nos cœurs la reconnaissance pour les partages, pour les échanges avec les enfants, pour la présence des bébés dans la crèche, nous choisissons la confiance pour la suite… il y a plus de 2’000 ans que la naissance de Jésus a eu lieu et que des gens nous content cette bonne nouvelle: « un Sauveur nous est né ».

Nous choisissons d’accueillir le mouvement, le changement et d’y chercher la nourriture dont nous avons besoin pour vivre notre foi. Nous refusons de rester dans la nostalgie d’un « c’était mieux avant » car cela ne nous nourrira pas.

Et voilà̀ une bonne nouvelle, cette année aussi, un culte de Noël pour les enfants aura lieu au temple de Travers avec la participation de la fanfare du village et une nouvelle équipe d’encadrement. Ce culte a(ura) eu lieu le samedi 15 décembre, (c’était hier.)

Merci Seigneur. »

Alors, et nous qu’est-ce qui nous réjouit vraiment ?

C’est le Seigneur qui est notre joie. Il est venu. Il est là. Il vient.

Amen