Célébration de la Trinité

Culte du samedi 25 mai 2024 à Môtiers – Trinité

Culte présidé par Séverine Schlüter

Lectures bibliques :  

  • Ézéchiel 37, 1-14
  • Matthieu 28, 5-7 et 16-20

Prédication :

La célébration de la Trinité, c’est l’occasion de clore la période de Pâques, de se rappeler des promesses entendues et reçues, pour la route qui se dessine devant nous…

Ezéchiel parcours la vallée ; apparemment, il arrive trop tard.

Au fond, qui sont-ils, ceux qui gisent là, par terre ? A qui sont ses ossements desséchés qui jonchent le sol ?

Est-ce que ce sont les victimes anciennes d’une catastrophe soudaine qui aurait submergé la vallée ? Une inondation, un tremblement de terre, une épidémie ?

Le texte parle d’une armée: est-ce que ce sont les restes d’une bataille, les victimes d’une guerre, des soldats morts au combat?

Est-ce des laissés pour compte, des parias, des condamnés dont  on se serait débarrassé, abandonnant leur corps au soleil ???

Mais que leur est-il donc arrivé, à tous ces gens ???

Ezéchiel s’aperçoit qu’il s’agit de tout autre chose : ce qu’il a devant les yeux, c’est le peuple d’Israël, déporté, dispersé. Ce peuple est encore bien vivant, mais leur espoir, lui, est mort, ainsi que le précise le verset 11 : “Fils d’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Ils disent: Nos ossements sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes en pièces”.

Ce peuple n’a plus de force en lui-même. Ses membres ne tiennent plus debout. Plus rien de les relie les uns aux autres. Ils se sentent déjà condamnés en eux-mêmes. Comme si la fin de ce peuple était programmée, comme si leur avenir était compromis.

Comme si leur déclin avait commencé, et était inéluctable…

Cependant, un événement survenant de l’extérieur pourrait encore intervenir pour eux.

Ezéchiel fait partie de ce peuple. Et pourtant, investi de la présence divine, il les contemple avec d’autres yeux. Il les voit non de l’intérieur, mais de l’extérieur.

Il va être le canal par lequel cet événement extérieur va survenir.

II prononce un oracle: non, tout espoir n’est pas perdu, vous allez revivre !

Déjà, le peuple entend, et se réveille: les ossements se rassemblent. Et à l’écoute de la nouvelle, des nerfs poussent, de la chair croisse, de la peau les recouvre: un processus qui n’a normalement pas d’issue s’interromp tout à coup, et s’inverse… C’est le début d’une renaissance.

Ezéchiel invoque alors le souffle :  «Ainsi parle le Seigneur Dieu: Souffle, viens des quatre points cardinaux, souffle sur ces morts et ils vivront». (v. 12)

Avec le souffle, la vie revient, le peuple a à nouveau la force de se relever, de se remettre en marche. Finalement, il n’était pas trop tard !

***

Plusieurs siècles après Ezéchiel, d’autres ont cru justement que c’était trop tard, que c’était fini, avec leur espoir disparu, leur rêve mort, leurs attentes déçues.

Les disciples de Jésus, après sa mort, s’étaient dispersés, ils se sentaient vides, desséchés, à terre, sans force…

Mais eux aussi, au moment où ils pensaient que tout espoir était perdu, ils avaient entendu l’ange leur parler : «N’ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu’on a cloué sur la croix; il n’est pas ici, il est revenu de la mort à la vie comme il l’avait dit. (…) Il va maintenant vous attendre en Galilée; c’est là que vous le verrez» (v. 5-6).

Ils s’étaient donc rassemblés à nouveau, et, sur la colline, à la vue de Jésus, c’était comme si une vie nouvelle leur était donnée, comme si leur espoir reprenait chair,reprenait corps.

Non: ce n’était pas la fin…

Pourtant «certains eurent des doutes», nous dit Matthieu (v.17)

Nous aussi, nous avons des doutes concernant notre Eglise.

On craint la fin, ou en tout cas, le déclin, la perte de vitesse. Bien souvent, ce sont actuellement non les promesses, ou l’espérance qui nous guide : que va devenir notre Eglise ? où sont les jeunes, où est la relève ?  comment va-t-on faire avec tous ces postes qui diminuent et les changements qio nous attendent ? où va-t-on trouver l’argent qui nous manque ? que faire de tous ces gens qui se déclarent protestants, qui font partie de notre paroisse, mais qu’on ne voit jamais ?

Oui, nous avons des doutes. Oui, parfois, nous nous sentons que nous pourrions nous essouffler, devenir vides et sans force.

Pourtant, aux croyants de tous les temps, a été faite cette promesse: «Je vais être avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde» (v. 20).

Aux croyants de tous les temps, l’Esprit a été donné, il continue de souffler sur nous, il continue de souffler en nous.

Les disciples du Christ avaient aussi des doutes. Ils ne savaient pas de quoi demain serait fait, quelles embûches ils auraient à affronter. Ni comment ils seraient reçus… ils ne savaient pas ce qu’ils allainent devenir.

Pourtant ce sont bien eux qui sont devenus les portes-parole du Christ, de son enseignement et de ses promesses.

C’est grâce à eux que nous avons pu recevoir le souffle de Dieu, le souffle de vie !

Aujourd’hui, c’est nous qui sommes sur cette colline. Aujourd’hui, c’est nous les nouveaux disciples. Aujourd’hui, c’est nous qu’il envoie, c’est de nous qu’il fait ses porte-parole. C’est à nous qu’il dit: “Allez!”

Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Nous ne savons pas ce qui attend notre Eglise. Nous ne savons pas quels moyens seront à notre disposition.

Mais nous savons une chose: que le Christ est avec nous.

Malgré nos doutes, L’Esprit de Dieu continue de souffler en nous.

Nous sommes appelés à être porteurs de ce souffle partout où nous allons.

Notre Eglise va devoir faire des choix. Prendre des décisions. Entrer dans la réflexion. Chercher des solutions. Peut-être faire des deuils. Mais aussi être créatifs…

Mais, quoique nous fassions ou disions, ce qui sera le plus important de tout, ce sera de se reconnecter avec la présence de Dieu qui est en nous; de le laisser souffler en nous et nous donner sa force.

«Il n’est pas ici», a dit l’ange à Pâques.  Il n’est pas ici, dans ce qui crée en vous le doute, la peur, les questions…

Déjà, il vous précède. Déjà, il est au devant de vous.

Sa voix, aujourd’hui encore, parvient jusqu’à nous:

Non, ce n’est pas trop tard. Non, ce n’est pas fini.

Oui, vous avez un avenir à attendre.

«J’ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre».

Le pouvoir du Christ se manifeste à travers des êtres humains souvent faibles et en proie au doute, mais des êtres humains qui sont en chemin avec le Ressuscité.

Le Christ est présent sur le chemin du disciple.

Il est Dieu avec, Emmanuel, comme l’appelait déjà Matthieu au début de l’Evangile. Il est présence, secours, force donnée au disciple sur le chemin de la foi, un chemin qui rencontre la difficulté et le doute.

Nous le chantons à Pâques. Continuons de le chanter dans les temps qui viennent:

Craindrais-je encore ?

Il vit à jamais, celui que j’adore, le prince de paix.

Il est ma victoire, mon puissant soutien, ma vie et ma gloire, non, je ne crains rien.

A toi la gloire, O Ressuscité !

A toi la victoire pour l’éternité !

Amen.