Culte du 10 novembre à Fleurier, avec
Thomas Isler, aumônier des prisons dans l’EREN
Lecture biblique : Psaume 18, 2-7 + 17-20
Je t’aime, Seigneur, tu es ma force !
Le Seigneur est pour moi un roc, un refuge où je suis en sûreté.
Mon Dieu est pour moi un rocher où je suis à l’abri du danger, un bouclier qui me protège, une forteresse où je suis sauvé.
Louange à Dieu !
Dès que je l’appelle au secours, je suis délivré de mes ennemis.
Les liens de la mort m’enserraient, des torrents destructeurs m’effrayaient ; j’étais prisonnier du monde des morts, son piège se refermait sur moi.
Dans ma détresse, j’ai appelé le Seigneur, j’ai crié au secours vers mon Dieu.
De son temple, il a entendu ma voix, il a écouté mon cri. (…)
Alors du haut des cieux, il étendit la main et me saisit, il m’arracha au danger qui me submergeait, il me délivra de mes puissants ennemis, de mes adversaires trop forts pour moi.
Au jour du désastre ils m’avaient assailli, mais le Seigneur est venu me soutenir, il m’a dégagé, il m’a rendu la liberté.
Il m’a délivré car il m’aime !
Lecture biblique : Jean 8, 31-36
Jésus dit aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous restez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » Ils lui répondirent : « Nous sommes les descendants d’Abraham et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu nous dire : “Vous deviendrez libres” ? » Jésus leur répondit : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : toute personne qui pèche est esclave du péché. Un esclave ne fait pas pour toujours partie de la famille, mais un fils en fait partie pour toujours. Si donc le Fils vous libère, vous serez vraiment libres.
Message
De Véronique Tschanz Anderegg
Je trouve le texte de Jean provocateur pour ce culte : comment dire à des prisonniers que Jésus apporte la liberté ?!
Mais ce texte est également provocateur pour notre époque qui ne jure que par la liberté individuelle, qui la brandit comme un droit fondamental et la revendique pour tout.
Or, prétendre que Jésus apporte la liberté implique que les gens sont prisonniers, n’est-ce pas ?
Il faut admettre que nous n’aimons pas entendre que nous sommes esclaves de quelque façon que ce soit.
Une grande partie de notre vie moderne essaie de nous rassurer en nous disant que nous sommes, ou devrions être, libres de toute contrainte.
Nous aspirons à la réalisation de soi, à l’actualisation de soi, à l’autosuffisance.
Nous perpétuons le mythe selon lequel nous ne sommes à la merci d’aucune force que nous ne puissions contrôler.
Ce n’est pas nécessairement la même chose que le « péché », mais cela met en évidence les façons dont nous résistons à Dieu.
Dans l’Église aussi, nous sommes parfois prisonniers de dogmes, d’habitudes sclérosantes. Car comme le précise Jésus, il ne suffit pas d’appartenir à la lignée d’Abraham pour avoir raison et pour être libre !
Avec cet exemple, Jésus introduit une nouvelle sorte de filiation qui ne passe plus par la génétique, mais par l’amour du Père qui envoie son Fils dans le monde comme libérateur de chacun, qu’il soit né esclave ou Juif, réformé ou athée, prévenu condamné ou citoyen honorable !
Eh ! oui ! C’est ça que dit le texte !
Prendre au sérieux les déclarations de Jésus sur notre libération revient à prendre au sérieux la proposition selon laquelle nous sommes tous esclaves de pouvoirs qui dépassent notre capacité à les maîtriser.
Je vous invite à méditer sur ce constat et à nous poser la question dans le silence : « de quelles prisons suis-je l’esclave ? »
Silence
Fin du message
Je vous ai lancé la question « de quelles prisons suis-je l’esclave ? »
Mais je ne peux nous laisser repartir sans l’annonce de la promesse prononcée par le Christ : « la vérité vous rendra libres ».
Certes, fort est de constater que nous sommes toutes et tous prisonniers de pouvoirs, qu’ils soient matériels, institutionnels, psychologiques, familiaux.
Mais la bonne nouvelle, c’est que Christ nous promet la liberté.
Oui, en restant fidèle à sa Parole, nous pouvons découvrir une vérité qui rend libre.
Cela consiste à vivre selon une Parole capable de créer, de pardonner, de faire circuler l’espérance et de percevoir les hommes et les femmes qui nous entourent comme des aimés de Dieu, quels que soient leurs actes.
Jésus parle d’une liberté que l’on n’a pas une fois pour toutes, en toutes circonstances, mais qu’il faut découvrir chaque jour, dans une relation vécue à Dieu et aux autres. Amen.
Prière d’un détenu :
Seigneur,
Quand on est en prison, on n’est rien.
Quand on n’est rien, on a envie de te parler, mais quand on n’est rien, on ne pense à rien…. Alors on ne dit rien.
Pardonne-moi, Seigneur, si je n’ai rien, si c’est le vide, le désert tout au fond de moi.
Mais ce rien, Seigneur, je te l’offre parce que c’est le mien.
Et puis, il pèse si lourd, mon rien.
C’est si dur à porter seul, un rien.
Un rien qui me fait mal au cou, un rien qui me brûle les yeux, un rien qui me donne des sueurs froides, un rien qui me donne mal au ventre.
Un rien qui me scie les jambes, un rien qui ne me rend pas du tout courageux, un rien qui me rend bizarre, un rien qui rend la bouche pâteuse.
Ce rien, Seigneur, qui m’assomme, prends-le pour me décharger. Il est si lourd ce rien. Amen