Pas après pas, trouver les ressources nécessaires – culte du 19 juillet 2020

Culte présidé le dimanche 19 juillet 2020 au temple de Fleurier par Séverine Schlüter
Organiste : Jean-Samuel Bucher
Lectures et service : Marinette Jequier

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Textes en format pdf à télécharger ici

Prière d’ouverture
(d’après des textes tirés du «Petit Livre de Célébrations» du Wild Goose Resource Groupe. OPEC Olivétan, 2017, p. 56 et du LiturgiCiel de l’EERV, fiche 1.12.2073)

Dieu notre Créateur,
Ta bonté nous a donné
Le cadeau d’un nouveau matin.
Aide-nous à quitter hier,
Et à ne pas craindre demain,
Aide-nous à accepter le caractère unique d’aujourd’hui.

Envoie ton Esprit:
pour nous faire entendre ta voix
et nous montrer le chemin.
Qu’il ouvre nos intelligences et nos cœurs
aux exigences de ton amour;
qu’il nous donne le courage de nouveaux départs,
la persévérance dans nos engagements
et la confiance paisible dans les temps plus obscurs.
Amen.

Prière d’humilité
(d’après des textes tirés du LiturgiCiel de l’EERV, fiches 1.13.2023 et 1.13.2034) :

Seigneur,
Prends pitié de nous
Quand nous nous perdons dans nos préoccupations,
Quand nous nous soucions
De ce qui n’est pas à notre portée
Et que nous ne voyons pas
Ce qui est à notre main.

Prends pitié de nous
Quand nous n’osons pas la confiance
Quand le désir de tout maîtriser
De tout dominer
De tout domestiquer
Nous masque ta bonté
Et nous fait oublier tes soins
Et ta présence.

Prends pitié de nous
Quand par nos efforts désespérés
Nous tentons de tout contrôler
Même les autres
Même toi
Par peur de perdre pied.
Prends pitié de nous
Quand nous nous débattons
Sans reconnaître la main
Qui vient pour nous relever.

Lorsque nous sommes coincés dans notre histoire,
ou que le regard des autres nous y enferme, (…)
Donne-nous, Seigneur, ton souffle de confiance
et ton pardon qui nous délivre et nous donne la grâce
de nouveaux recommencements.

Amen.

Paroles de grâce
(D’après des textes tirés du LiturgiCiel de l’EERV, fiche 1.14.2006)

Lève-toi
Dit Dieu
Reprends la route humaine
En déposant tes soucis et tes révoltes.
Moi, je ne désespère pas de toi
Je te renouvelle ma confiance
Et je me tiendrai près de toi
Pour te fortifier
Devant toi pour éclairer ta route
Et derrière toi pour te protéger.
Va en paix
Avec mon pardon pour bagage.
Amen !

Lectures bibliques : 

 

Prédication : pas après pas, trouver les ressources nécessaires…

«Souviens-toi de la longue marche que tu as faite dans le désert…»

Si on remonte un peu dans l’histoire du peuple d’Israël, on aurait pu penser qu’après avoir passé la mer et vu les flots recouvrir l’armée de Pharaon, le plus dur était derrière pour les Israélites. Finies les années d’esclavage et d’obéissance serviles à l’Égypte, finies les corvées et les journées passées à fabriquer des briques, finies les humiliations, les mauvais traitements …

Le passé derrière eux et leur avenir devant, leurs ennuis finis, ils allaient enfin pouvoir profiter de la vie…

Ils allaient vite découvrir que, loin de prendre fin, leur aventure venait seulement de commencer !

Si au-devant d’eux, il y avait la promesse d’un pays découlant de lait et de miel, pour l’instant, il y avait surtout un désert à traverser.

Comment on vit dans le désert ? Où trouve-t-on sa nourriture ? De l’eau ? Où dormir ? Comment se prémunir des scorpions et autres habitants indésirables ? Comment trouver son chemin ? Se protéger du soleil le jour, du froid la nuit, du sable qui s’insinue partout ?

Il allait falloir apprendre. S’adapter. Apprivoiser cette nouvelle réalité. Et cet apprentissage a duré 40 années…

Des découragements et des plaintes, il y en a eu : « pourquoi nous avoir menés ici, où nous allons mourir de faim et de soif ? » Des regrets aussi : « au moins, en Égypte, nous avions un toit et de quoi manger ! »

 Et pourtant, la marche a continué. Car au fil du chemin, au cœur même des épreuves, ils ont toujours trouvé les ressources nécessaires pour aller un bout plus loin : la nuée ou la colonne de feu pour les guider, une source cachée dans un rocher, des cailles venues se poser pour faire halte, de la manne à ramasser chaque matin, des vêtements qui ne se sont pas usés, des pieds qui n’ont pas enflé…

« Tu le sauras en ton cœur : comme un homme éduque son fils, ainsi le Seigneur ton Dieu fait ton éducation. »

Dans cette traversée, à chacun.e est donné la responsabilité d’y lire ou non des signes, des traces de la présence de Dieu à leurs côtés. Ce Dieu qui les avait délivrés de la main des oppresseurs, accompagné leur pas jusqu’ici, qui leur avait promis un avenir.

Il y a la possibilité laissée d’y voir des occasions de progresser, de croire que tout cela permet d’explorer des chemins par lesquels on ne serait jamais passé…

La relecture de cet épisode est aussi une invitation pour nous, à relire notre propre histoire, passée ou récente à cette lumière.

Si j’ai eu l’occasion d’avoir des nouvelles de l’un ou l’autre d’entre vous, je ne sais pas pour la plupart quel a été votre cheminement de ces derniers temps… mais j’imagine que tous et toutes ici, chacun.e à notre manière, nous avons eu des occasions d’être éprouvés. De par la pandémie qui est passée par là, ou pour des raisons personnelles.

C’est mon cas aussi, et de bien des manières !

L’arrivée de nos deux enfants, après beaucoup d’années d’attentes et de doutes, en pleine crise sanitaire, a été bien sûr vécue comme une grande joie et un soulagement. Et pourtant, je me suis sentie un peu aussi comme les Israélites, avec le passage de la mer refermé derrière moi, sentant pourtant que ce n’était pas la fin, mais bien le début de l’aventure, que c’est maintenant que tout commençait, et qu’il y aurait encore beaucoup de défis à relever. Qu’il y aurait probablement des moments de découragements et de doutes, mais que Dieu, qui nous avait accompagné jusqu’ici et permis ces retrouvailles, continuerait d’être présent.

A nous d’y voir des occasions d’encore apprendre et progresser (il parait que les enfants sont là pour finir d’éduquer les parents !). A nous de savoir lire aussi les signes donnés : les lettres reçues, les mots d’accueil et de réjouissance, des plats préparés pour nous, des propositions d’aide pour le quotidien, des habits, jouets et autres affaires utiles… bien qu’éloignés physiquement, nous nous sommes sentis proches et entourés de beaucoup. J’y vois aussi des traces de la présence et de la bienveillance de Dieu, qui continue de veiller sur nous.

Passer de 2 à 4, s’apprivoiser, nous adapter les uns aux autres, ce n’est bien sûr pas de tout repos ! Il y a des jours où je me demande où aller chercher l’énergie et le temps qui me manque… et j’ai bien aimé relire le texte de l’évangile de Marc, que j’ai travaillé il y a quelques mois pour un commentaire de Pain de ce jour.

Ce qui me frappe dans ce texte, au-delà de l’aspect mystérieux de cette nourriture qui semble sortir de nulle part, c’est l’attitude de Jésus. Avec ses disciples, il vient de passer des jours éprouvants. Ils aspirent à un peu de repos et de calme… et voilà qu’une immense foule les a suivis et les attendent. Jésus aurait pu les renvoyer, mais il a pitié d’eux, se met à les guérir, et les nourrir. Ce qui me frappe aussi, c’est l’assurance dont Jésus témoigne. Normalement ils n’ont pas les moyens de nourrir cette foule, mais il y va quand même ! Et on ne sait trop comment, mais tout le monde y trouve son compte. Le texte ne le raconte pas ainsi, mais peut-être que le fait que Jésus et ses disciples partagent ce qu’ils avaient a incité d’autres à faire de même… Ils ont fait avec ce qu’ils avaient, et cela a rendu possible ce qui ne semblait pas l’être.

Dans mes expériences de manque, de vide, de fatigue face aux défis proposés, j’aimerais apprendre à affronter ces moments en regardant les choses par l’autre bout :

en étant reconnaissante de ce qui m’est donné, et avec la conviction que si j’avance, pas après pas, avec les moyens qui sont les miens dans le moment, la force me sera donnée pour aller au-delà.

J’ai repensé aussi à ce texte, qui s’intitule «des pas sur le sable», et que je vous invite à entendre ou à réentendre (texte attribué selon les sources à plusieurs auteurs) :

Je cheminais sur une plage
côte à côte avec le Seigneur.
Nos pas se dessinaient sur le sable,
et laissaient une double empreinte
la mienne et celle du Seigneur.

Je me suis arrêté
et j’ai regardé en arrière,
j’ai vu qu’en certains points de notre trace,
au lieu de deux empreintes,
il n’y en avait qu’une.
Et j’ai remarqué que
ces passages à empreinte unique correspondaient
aux jours les plus sombres de ma vie :
jours d’angoisse, jours d’égoïsme
jours d’épreuve et jours de doute.

Je me suis tourné vers le Seigneur,
et je lui ai dit :
« Tu avais promis d’être chaque jour avec nous.
Pourquoi m’as-tu laissé seul
dans les pires moments de ma vie ? »

Et le Seigneur m’a répondu :
« Mon enfant,
les jours où tu ne vois qu’une trace
sont les jours où je t’ai porté. »

Que cette conviction, nous la portions avec nous, et qu’ensemble, nous partagions nos ressources pour faire face aux aléas de la vie.
Amen.

Pour dire sa confiance
(Texte de Robert Riber)

Dis-moi, Seigneur,
De quoi sera fait demain,
Mon demain à moi,
Celui de ceux que j’aime,
Le demain de mon Église…
Tous ces demains semés d’espérances
Qui attendent de germer.
Les vois-tu, Seigneur,
Ces espérances enfouies
Au plus profond de nos jardins secrets,
Là où personne n’entre
Sinon Toi, et Toi seul ?
Dis, les feras-tu éclore un jour
Nos espérances en graine,
Nos rêves, nos projets…
De quoi sera fait demain…
Après tout, qu’importe
Puisque ta présence, Seigneur,
M’accompagnera au cœur de mes déserts
Comme au plus fort de mes joies.
Ta présence qui m’invite déjà
A vivre aujourd’hui
Pour mieux réaliser demain.
Non, ne me dis pas Seigneur
De quoi demain sera fait.
Dis-moi seulement que tu es là.

Prière d’intercession et Notre Père (D’après des textes du Liturgiciel de l’EERV, fiche 1.33.2169 et du recueil «Vie et Liturgie», 55 juin 2003, Ion Karakash)

Dieu du temps et de l’histoire,
des commencements et des résurrections,
Dieu de la mémoire et de la promesse,
enseigne-nous à vivre avec et dans le temps,
à l’accueillir comme un cadeau de toi;
donne-nous de l’aimer dans ses dimensions
d’instant et d’éternité.

Donne-nous d’aimer le temps passé:
qu’il soit pour nous mémoire, plutôt que nostalgie,
sève et sagesse de vie, plutôt que relique idolâtrée.

Donne-nous d’aimer le temps à venir:
qu’il soit pour nous destination choisie et maintenue
plutôt qu’inconnue d’un destin redouté;
promesse qui rassemble
plutôt que rétribution qui divise.

Donne-nous surtout d’aimer le temps présent:
qu’il soit dans nos mains comme pâte à pétrir
plutôt que sable fuyant entre nos doigts,
qu’il soit signe de ton Royaume
à suivre sur nos chemins d’humanité
plutôt qu’empire à préserver.

Dans ce temps présent, nous voulons être en communion avec ceux et celles que tu nous mets en mémoire. Ce matin, comme nous y invite la feuille d’annonce, nous te nommons tout particulièrement :

– Les chrétiens en pays musulman, en Turquie
– Les couples, les familles en conflit
– Les personnes qui partent en vacances et celles qui restent
– Les responsables politiques de notre monde, afin qu’ils aient le sens de la justice sociale

Et toute personne qui nous tient à cœur, au près ou au loin.
Nous nous confions tous à toi et à ton amour.

Et rassemblés dans un même Esprit, nous te disons la prière que Jésus nous a apprise :

Notre Père qui es aux cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le Règne, la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles.
Amen.

Bénédiction
(adaptée du recueil «Sinfonia Oecumenica. Célébrations avec les Églises du monde». Bâle, 1998)

Que le Souffle de Dieu nous traverse,
Que le souffle de Dieu nous renouvelle,
Que le souffle de Dieu nous anime.
Poursuivons cette journée dans la confiance.

Amen.