Dire ce qui nous fait vivre – prédication des 27 et 28 avril 2019

Cultes présidés par Séverine Schlüter, le 27 avril à Môtiers et le 28 avril à Buttes

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Lectures bibliques : 

 

Prédication (textes en pdf à télécharger ici)

Les cailloux, qu’est-ce que ça peut être embêtant !

C’est ce que je n’ai pas arrêté de me dire en retournant mon potager ces derniers jours. Même si je les ai consciencieusement enlevés chaque année, ils n’arrêtent pas de réapparaître… à croire qu’ils profitent de l’hiver pour y pousser !

Dans le même ordre d’idées, je pense que vous avez aussi tous fait l’expérience d’avoir buté contre une pierre sur un sentier de promenade, ou d’avoir un gravier qui est venu se loger dans votre chaussure… c’est très énervant ! On n’a qu’une envie, c’et s’en débarrasser au plus vite…

Les chefs religieux dont il est question dans le livre des Actes eux, c’est sur Jésus qu’ils s’étaient achoppés : sur ses prises de position qu’ils n’appréciaient pas, sur les critiques qu’il faisait à leur égard. Ils s’en étaient irrités, et – à l’image de cette pierre rejetée par les bâtisseurs – ils croyaient enfin s’être débarrassé de ce gêneur. Ils pensaient certainement que ses disciples se tiendraient à carreau… mais voilà que non seulement ils occupent le devant de la scène, mais en plus ils propagent des rumeurs complètement folles !

La résurrection, ça dérange !
Et pas seulement eux, mais même les proches de Jésus, dans un premier temps : le témoignage de Marie-Madeleine et des 2 hommes sur le chemin n’a pas suffi aux Onze… il a fallu que Jésus se manifeste à eux pour qu’ils acceptent le fait que Jésus continue d’être vivant auprès d’eux.

Quand on a été fortement éprouvés, la vie a parfois de la peine à reprendre sa place…

Mais depuis cette réalité a fait son chemin en eux, et on retrouve Pierre et Jean en pleine défense de leurs convictions, de leur foi en ce Jésus qui a traversé la mort et capable de transformer encore la vie de ceux et celles qui mettent leur confiance en lui.

Les prêtres et autres dirigeants du lieu, eux, sont contrariés : ils aimeraient bien débarrasser le plancher de ces cailloux inopportuns, mais voilà, ce n’est pas si simple ! Ils sont entourés de la foule, et voilà que se tient devant eux l’homme qui avait été guéri.

Qu’allaient-ils donc faire de ces fauteurs de trouble ? Plus loin dans le récit, on les retrouve discutant entre eux, et se disant : «Il est notoire, en effet, qu’ils ont opéré un miracle ; cela fut manifeste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons pas le nier. Mais pour en limiter la diffusion dans le peuple, nous allons les menacer afin qu’ils ne parlent plus à personne en ce nom-là» (Actes 4, 16-17)

Pour Pierre et Jean, la foi en Jésus les a remis en route. Sa mort n’a pas été la fin. Les valeurs que Jésus leur a transmises sont devenues des pierres solides, sur lesquelles s’appuyer et construire leur existence… et ils le font savoir : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » (Actes 4, 19-20)

La pierre rejetée est donc devenue celle de l’angle, et le Christ est devenu le centre de leur vie.

Cette foi les a portés, et a porté nombre de croyants après eux ! Parce qu’ils ont accepté de témoigner, malgré les risques encourus, leur espérance s’est propagée, jusqu’à nous qui nous réunissons ici. Et nous en sommes porteurs aujourd’hui à notre tour.

Face à nos contemporains qui ne partagent pas forcément ces convictions, nous n’osons pas forcément parler ouvertement de nos expériences de foi.
Parce que nous avons peur de déranger, de ne pas être pris au sérieux… on n’a pas envie d’être le gravier dans la chaussure !

Pourtant, un caillou, une pierre peut être bien autre chose qu’un obstacle inopportun :  elles peuvent être celles qui, sous nos pas, nous empêchent de patauger dans la boue ; elles représentent ce qui est solide, le rocher sur lequel on peut s’appuyer, celles qui permettent de construire…

… tout comme nos convictions nous construisent et nous font aller de l’avant.

J’ai déjà entendu me dire : pour vous, c’est plus facile en étant pasteure !
Eh bien, aujourd’hui j’ai envie de vous dire que non.

Oui, c’est vrai que je suis plus facilement et directement identifiée comme croyante quand je me présente comme pasteure, et cela oriente parfois la discussion… mais quand il s’agit de parler de ses expériences vécues, vous êtes tout aussi équipés que moi.

J’ai vu et entendu déjà des témoignages très fort de votre part. Et c’est à ces témoignages que j’aimerais laisser la place dans ce message.

– parmi vous, j’ai vu des paroissiens traverser des épreuves et s’en relever, en disant que c’est de Dieu qu’ils avaient reçu cette force. J’ai vu, malgré la fatigue, la tristesse ou la peine, leur visage en paix et le regard serein.

– parmi vous, j’ai vu des paroissiens dire que malgré leurs forces diminuées et leur perspective de vie restreinte, ils portaient le Seigneur dans le cœur et que cela leur était une aide.

– certains m’ont partagé des expériences où Dieu leur avait permis de trouver un chemin dans un problème rencontré.

– d’autres m’ont raconté comment Dieu leur avait permis de trouver leur voie, ou encore de devenir eux-mêmes, au-delà du regard des autres.

– d’autres encore m’ont parlé d’expériences où la présence de Dieu s’était manifestée à eux, ou leur avait parlé.
L’une de ces personnes ayant vécu une expérience particulièrement forte/troublante m’a alors demandé : “vous me croyez” ? Évidemment, je n’étais pas sur place pour vivre cela…  les circonstances de ce qui est arrivé reste entre Dieu et elle.
Mais en l’écoutant, et en la regardant me raconter tout cela, je savais et je voyais que quelque chose c’était passé pour elle !

Eh bien, tous ces témoignages que j’ai reçus de vous, ça me fait du bien. Merci à vous d’avoir partagé vos convictions et votre vécu, avec moi, et avec d’autres.

Ce sont des moments qui nous construisent. Des expériences qui nous rendent assez solides pour que d’autres s’y appuient aussi.

Cela m’est un encouragement pour ne pas me taire, et de continuer à dire ce qui me fait vivre.

Je ne saurai pas à l’avance comment cela sera reçu… mais qu’importe ?

A l’image du Semeur qui répands ses graines à tout vent, certaines graines pousseront, et d’autres pas… mais si on ne sème pas, rien ne poussera !

Amen.