Culte présidé par Séverine Schlüter, le 20 avril 2019 au temple de Môtiers à l’occasion de Samedi Saint (et repris le samedi 16 avril 2022 au temple de Couvet).
Lectures bibliques :
Prédication (textes en format pdf à télécharger ici)
Ce devrait être la fête. Depuis des jours, à Jérusalem comme dans tout le pays, on célèbre la Pâque, la sortie d’Égypte.
Mais les disciples, ceux et celles qui suivaient Jésus, n’ont pas le cœur aux réjouissances.
Aujourd’hui c’est samedi, les bougies du shabbat luisent doucement.
Les femmes les ont allumées hier soir, à la tombée de la nuit, juste après que l’on ait descendu Jésus de la croix, et qu’on l’ait mis au tombeau.
Tout est allé si vite… le temps a manqué pour s’occuper convenablement du corps de Jésus. Il a fallu se dépêcher avant que le jour du repos ne commence…
Demain, oui demain à la première heure il sera temps de lui apporter les soins nécessaires.
Et après ? Y aura-t-il encore quelque chose à attendre ?
Quand il était encore avec eux, avec elles, Jésus avait essayé de les prévenir de ce qui allait arriver : mais leur cœur n’était pas prêt à cela ! Comment auraient-ils pu admettre qu’il lui faudrait ainsi souffrir et mourir ?
Qu’avait-il dit, déjà ?
Il avait commencé en essayant de les rassurer :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix (…) Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point.» (14.27)
Comment pensait-il que c’était seulement possible ? Après la violence des derniers événements ? Après tout ce qu’ils avaient partagé, et qu’ils avaient maintenant
perdu ? Avec ce que les gens diraient d’eux et se comporteraient avec eux, qui avaient côtoyé Jésus, le condamné à mort ? Qu’allaient-ils devenir ?
Et puis, il avait de nouveau parlé par énigme :
« Maintenant je m’en vais vers celui qui m’a envoyé…» (15.5) ; « Je m’en vais, et je reviens vers vous.» (14.28)
Celui qui l’a envoyé, c’était Dieu, qu’il appelait son Père… Et maintenant, il était en effet parti le rejoindre, dans cet endroit d’où justement l’on ne revient pas. Comment désormais pourrait-il être à nouveau “vers eux” ?
Il resterait dans leurs souvenirs, dans leurs regrets ; c’est tout…
Pourtant… Jésus n’avait-il pas parlé d’une autre présence ?
« Mais celui qui doit vous aider, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (14.26)
« Quand sera venu celui qui doit vous aider, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi » (15.26)
Se pourrait-il alors, malgré tout, que quelque chose nous garde en lien avec celui qui a disparu ? Donne sens à son enseignement ? Et s’il y avait dans ses paroles quelque chose qu’ils n’avaient pas encore compris ? …
Il avait même ajouté :
« Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père; car le Père est plus grand que moi.» (14.28)
« Cependant je vous dis la vérité: il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. » (15.7)
Comme si une autre dimension, qu’ils n’avaient fait que percevoir auprès de Jésus, existait, et allait s’ouvrir à eux… une dimension qui ne serait plus limitée par le temps, les lieux et les contingences humaines…
Comment le savoir ? Comment être sûr ? Ce n’est peut-être qu’un rêve ou une chimère de plus. C’est trop risqué de croire à nouveau. Cela fait trop mal quand l’espoir est perdu…
Pour l’instant, au cœur des disciples, il n’y a que tristesse, et autour d’eux, règne le silence.
Ils rejoignent en cela tous ceux et celles qui ont subi une perte, qui passent par l’épreuve, la souffrance, la maladie ou le découragement.
Pour l’instant, ne reste que l’espoir : l’espoir que cette présence promise fasse son chemin, et vienne effectivement les rejoindre et les emplir à nouveau de la paix que Jésus a promise, et d’un avenir possible…
Amen.