Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous

20190209_2002-0079

Lien pour ouvrir le texte de la prédication en format pdf

Lecture de la Bible

1 Corinthiens 15,1-11
Luc 5,1-11

Prédication de David Allisson du 10 février 2019 à Travers

Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous.

Notre foi ne tient qu’à un fil.

A la manière du témoin d’une course de relais, l’espérance de la foi a été transmise de génération en génération depuis les temps de l’Ancien Testament et dès le début de l’annonce de l’espérance de la résurrection de Jésus mort sous la condamnation de Ponce Pilate.

Voilà pourquoi nous sommes chrétiens, cela a été transmis dès les temps des premières communautés chrétiennes :

« Le Christ est mort pour nos péchés, comme l’avaient annoncé les Écritures ; il a été enterré et il est revenu à la vie le troisième jour, comme l’avaient annoncé les Écritures ; il est apparu à Pierre, puis aux douze apôtres. » (1Co15,3b-5)

Christ est mort. Il a été enterré. Il est ressuscité. Certains l’ont vu leur apparaître après ces événements.

Voilà de quoi tout est parti.

Si j’ai dit que notre foi ne tient qu’à un fil, c’est parce qu’il n’y a apparemment rien de bien exaltant dans ce noyau de base de la foi. Un homme inconnu a fini par avoir du succès à force de prendre soin des autres et en particulier des malades. Il en a guéri quelques-uns de manière spectaculaire. Mais ce Jésus prenait trop de libertés par rapport à la religion officielle et établie. Il donnait l’impression de prendre un malin plaisir à provoquer les autorités religieuses et même parfois politiques.

Ce Jésus a pourtant été reconnu comme le Messie. C’est-à-dire celui qui a été choisi et désigné par Dieu pour montrer aux humains comment il est présent sur terre et surtout pour leur proposer une libération.

La destinée de Jésus nous invite à entendre un message de la part de Dieu : il sait et reconnaît que nous sommes limités et que nous subissons toutes sortes de manifestations du mal ou de forces du mal. Nous nous sentons petits ou impuissants face à la nature, face aux problèmes politiques, sociaux ou économiques. D’un point de vue plus individuel, nous nous sentons parfois mal dans notre peau.

Trouver notre place dans le monde et nous y sentir bien comme à notre juste place, c’est la libération que nous offre le Christ mort et ressuscité.

En vivant jusqu’au bout la condition humaine, le Christ s’est laissé bousculer par tout ce qui nous limite : le rejet des autres, l’influence religieuse des responsables du peuple, la pression politique de l’occupation de son pays par la puissance étrangère romaine. En plus de cette situation sociale et communautaire, Jésus a traversé des moments de conflits intérieurs et d’incertitude. Cet aspect personnel et plus intérieur de son engagement dans le monde apparaît de manière criante lorsque juste avant son arrestation, Jésus prie au jardin des Oliviers. Il est tellement impliqué dans ce qu’il est en train de vivre qu’il donne l’impression de craindre d’imploser. A ce moment-là, la pression qu’il subit est si forte qu’il prie Dieu de trouver une autre solution que sa mort pour la suite de sa mission.

Le Christ est mort. Il est ressuscité et est apparu à plusieurs personnes.

En mettant en parallèle cette petite phrase de Paul avec ce que les évangiles rapportent de la destinée de Jésus, on peut commencer à sentir la portée de cette confession de foi rappelée aux chrétiens de Corinthe.

Ce noyau de la foi sur lequel Paul se base se suffit à lui-même. C’est la destinée du Christ qui est au centre de la révélation de Dieu.

Le Christ est ressuscité. C’est la certitude fondamentale. C’est la base de la vie de toute communauté chrétienne. C’est un événement à découvrir, une conviction à recevoir et à vivre.

Ce noyau de la foi se suffit à lui-même. Il n’a pas à dépendre d’une personne qui en parlerait mieux qu’une autre. C’est la destinée du Christ qui est au centre.

Paul se met en retrait du message qu’il annonce. Ce n’est pas du misérabilisme : l’apôtre est reconnaissant d’être déclaré important par Dieu alors même qu’il le persécutait en faisant la chasse aux chrétiens ! Il reconnaît et magnifie la grâce de Dieu.

Et si Paul donne ensuite une liste des personnes à qui le Christ ressuscité est apparu, nous nous rendons bien compte que ce n’est pas une preuve formelle de sa résurrection.

Paul veut inviter les gens de la communauté à apprendre les uns des autres : le Christ ressuscité est apparu à beaucoup de gens dont certains sont morts, mais dont beaucoup sont encore vivants. Ils sont vivants ? Eh ! bien, demandons-leur ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils croient. Demandons-leur comment cela les aide à vivre et comment ils peuvent dire que cette expérience les a libérés.

Peu importe la diversité des êtres humains et des circonstances dans lesquelles les uns ou les autres sont devenus témoins du Christ ressuscité ; les témoignages chrétiens sont unanimes. Tous proclament que le Christ est ressuscité : en adhérant au message que Paul leur a apporté, c’est donc au Christ ressuscité qu’ils ont adhéré et qu’ils ont cru.

Plutôt que de dire que le Christ n’est pas ressuscité parce que des croyants meurent encore autour de nous – c’est ce que disaient des membres de la communauté de Corinthe – , échangeons plutôt ce qui nous fait vivre dans la proximité avec le Christ ressuscité.

Il n’y a pas besoin d’avoir fait des études de théologie pour dire ce que Dieu nous apporte dans notre vie. Il n’y a pas besoin de savoir s’exprimer en public pour échanger à propos de ce qui est important dans la vie avec celles et ceux que nous côtoyons ou que nous rencontrons.

Dans l’évangile selon Luc, dans ce passage que nous venons de lire, il s’agit de l’appel des premier disciples. Pour son enseignement, Jésus se fonde sur les traditions des récits qui allaient, après lui, constituer peu à peu la Bible que nous connaissons comme étant l’Ancien Testament. Et il appelle Simon, Jacques et Jean. Ils sont pêcheurs de poisson et, pour Jacques et Jean on apprend aussi qu’il sont les fils d’un certain Zébédée.

Ils ne sont pas Pharisiens, spécialistes de la tradition religieuse. Ils ne sont pas Saducéens, prêtres spécialistes des Écritures qui allaient devenir la Bible. Ils sont pêcheurs de poisson.

Et quand Pierre se rend compte qu’il se passe de l’extraordinaire, il a comme nous devant le surnaturel un mouvement de recul. Son réflexe, c’est de demander à Jésus de s’éloigner : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! »

Il relève d’abord son insuffisance. Et Paul aussi insiste sur sa faiblesse. Il dit qu’il est comme un être né avant terme. C’est Paul l’avorton. Celui qui dit de lui-même qu’il est le moindre des apôtres parce qu’il a commencé par persécuter l’Église.

Et voilà que ces hommes de la pêche pas toujours bien dégrossis et Paul deviennent pour celles et ceux qui qu’ils côtoient les relais essentiels de l’espérance de la foi. Ils deviennent les rayons de l’amour de Dieu pour l’humanité et incitent des personnes de leur entourage à vivre avec eux l’espérance de la résurrection.

Et moi qui ai parfois critiqué l’Église, je suis quand même appelé à la construire en réponse à l’espérance et à l’ouverture de vie et d’amour que le Christ ressuscité met en moi.

Et vous qui avez peut-être aussi critiqué, ou gardé le silence quand il aurait fallu s’exprimer ou qui vous sentez insuffisants ou pas à votre place dans la transmission de l’espérance de vie, vous êtes aussi appelés. Vous êtes appelés à devenir des pêcheurs d’humains. Vous êtes appelés à être des relais de l’espérance de vie qui commence avec Jésus mort et ressuscité.

C’est aussi par vous que l’EREN est joyeuse, dynamique et souple, si je reprends les mots du Conseil synodal pour le programme de législature en cours.

C’est aussi par vous que l’EREN vit en mode évangélisation. Avec ce mot, il ne s’agit pas d’inculquer des doctrines précises et contraignantes, il s’agit de partager la vie, l’amour et l’espérance que vous recevez en Christ.

Les protestants ont été les champions de la responsabilité individuelle et ont parfois beaucoup insisté sur l’importance de la relation personnelle et individuelle avec Dieu.

Nous sommes aussi ensemble vis-à-vis de Dieu.

Si notre foi naît et grandit dans nos individualités, nous avons aussi la responsabilité collective de montrer et de vivre ce que la présence de Dieu change en nous et entre nous. C’est important de savoir que nous ne sommes pas seuls dans notre engagement. Le monde a aussi besoin de voir que le Christ change les choses.

Aimés de Dieu, allons ensemble le dire aux autres pour les inviter à goûter à la liberté et à la confiance que donne cet amour.

Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous.

Dieu choisit de cheminer avec nous, avec nos enthousiasmes, nos insuffisances, nos talents et nos manques pour ouvrir la vie en nous et autour de nous.

Allons-y ensemble. Amen.

Prière d’intercession– Marie-Claude Burgat

Seigneur, nous avons entendu dans les lectures ces mots « ce que je suis à présent, c’est à la grâce de Dieu que je le dois, et cette grâce qu’il m’a témoignée n’a pas été inefficace » et nous pouvons le dire aussi pour nous aujourd’hui «  ce que nous sommes à présent,  c’est à la grâce de Dieu que nous le devons, et cette grâce qu’il nous a témoignée n’a pas été inefficace ».

Alors fortifié par sa grâce, nous sommes invités à ne pas avoir peur comme Jésus l’a dit à Pierre.

Alors n’ayons pas peur d’intercéder et de te confier, Seigneur, tous nos frères et sœurs d’humanité de même que toute ta création.

N’ayons pas peur de te demander de prendre soin de celles et ceux qui souffrent dans leur corps, dans leur âme, de prendre soin de celles et ceux qui traversent le deuil, la rupture, le divorce. De prendre soin de celles et ceux qui traversent le chômage, les exigences inhumaines de certaines entreprises, de l’exploitation des ressources, du non-respect de la vie.

De prendre soin de celles et ceux qui sont victimes de la violence verbale ou physique, de l’oppression, de la manipulation et de prendre aussi soin de ceux qui ont recours à la violence, aux addictions, aux abus de pouvoir pour justifier leur vide d’amour.

Seigneur, nous voulons te confier nos autorités politiques et nos autorités d’église. Guide-nous tous, responsables et paroissiens dans notre chemin de vie. Accorde-nous de prier librement les uns pour les autres, et d’être attentifs à ta présence et aux signes que tu nous manifestes.

Seigneur Jésus, tu es ressuscité, tu es vivant en chacun de nous par ton esprit, tu agis avec respect et bienveillance dans nos vies pour autant que nous te le demandions, nous pouvons sans peur te prier car tu es un Dieu d’amour et de paix. Amen.