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Récit : l’histoire de Roberta
Une famille a deux enfants. Le père est à la tête d’une petite entreprise et a plusieurs employés sous sa direction. Le fils ainé́ s’appelle Mario et la fille cadette se prénomme Roberta.
Un jour, la fille décide de partir à l’aventure, son rêve de toujours. Elle demande à son père de lui donner en avance la part d’héritage qui doit lui revenir un jour. Ses parents acceptent et Roberta part pour les États-Unis.
Là-bas, elle mène la vie qu’elle souhaite. Elle sort avec des amis, fait la fête et utilise son argent pour s’offrir ce dont elle a envie.
Un jour, suite à une catastrophe naturelle, la misère se répand dans le pays. Roberta qui n’a plus d’argent commence à se trouver en difficulté́. Elle cherche un travail et devient éboueuse : elle doit nettoyer la rue des déchets que les autres y laissent.
Avec les décombres de la catastrophe naturelle, le travail est vraiment pénible et Roberta est très mal payée. Elle ne peut pas manger correctement et elle ne bénéficie d’aucune aide.
Elle n’est pas la seule dans cette situation, mais beaucoup de gens s’en sortent mieux qu’elle grâce à leurs relations. Roberta les envie.
Un jour alors qu’elle réfléchit profondément, elle se dit en elle-même : « Ceux qui travaillent pour mon père ont assez à manger, mais ici je meurs de faim. Je vais retourner chez mes parents et je vais dire à mon père : « Papa, j’ai commis une grave erreur en partant de la maison ; je ne mérite plus que tu me considères comme ta fille. S’il te plait, donne-moi du travail et traite-moi comme une de tes employées ! ».
Roberta utilise le peu d’argent qui lui reste pour se payer un billet d’avion. A l’aéroport, quelqu’un l’a reconnue et a prévenu ses parents de son retour.
Comment sa famille va accueillir Roberta ?
Comment son père va réagir à sa demande ?
Quelle sera la réaction de Mario, son frère ?
Découvrez ces 3 propositions. Vous choisirez la vôtre.
Fin de l’histoire de Roberta – version 1
Prévenu du retour de Roberta, son père demande à Mario d’aller la chercher à l’aéroport.
D’abord, Mario se met en colère et refuse, parce qu’il trouve que Roberta les a laissé tomber et qu’il ne veut pas lui rendre service. Ce n’est pas le moment de lui faire croire qu’elle sera bien accueillie.
Mais dans cette famille, ce sont les parents qui commandent. Mario doit y aller, à contre cœur.
Roberta retrouve sa maison et sa chambre et son père l’accueille simplement, comme si elle rentrait de son travail un jour normal. Et Roberta peut travailler dans l’entreprise de son père.
Fin de l’histoire de Roberta – version 2
Quand il entend l’annonce du retour de Roberta, son père est fou de joie. Tout en criant « youppie », il se met en route pour l’aéroport pour aller chercher sa fille.
A peine dans la voiture, il branche le kit mains libres de son téléphone pour commander un traiteur. Il organise un repas de fête comme il n’y en avait plus eu dans la famille depuis le départ de Roberta, tellement il est content de retrouver sa fille saine et sauve.
A l’aéroport, il prend sa fille dans ses bras et la serre très fort. Voyant que tous ses habits sont usés, il décide de s’arrêter dans une boutique sur le chemin du retour pour habiller Roberta de neuf.
Mario ne comprend rien à cette joie et à cet empressement : sa sœur leur a donné du souci et elle a dépensé toute sa fortune. Pourquoi la traiter aussi bien à son retour ? Ce n’est pas normal de l’accueillir aussi bien.
Son père est si heureux qu’il dit simplement qu’il fait ce qu’il veut de son argent et Mario se vexe.
Fin de l’histoire de Roberta – version 3
C’est la secrétaire de l’entreprise du père de Roberta qui reçoit le message qu’elle est de retour.
Elle a vu son père si soucieux et son frère si vexé de la savoir partie et qu’elle ait donné si peu de nouvelles si ce n’est qu’elle s’amusait et qu’elle profitait de la vie. La secrétaire décide de se fâcher et de ne pas transmettre la nouvelle de son retour.
Mario entend la secrétaire et comprend qu’il s’agit de sa sœur Roberta. Même s’il est rassuré de savoir que sa sœur est de retour, il dit à la secrétaire qu’elle a bien fait et que Roberta n’a qu’à prendre le bus.
Elle se débrouillera bien avec son père pour voir ce qu’il dira quand elle rentrera à la maison.
Roberta arrive épuisée à la maison et son père lui passe un savon : qu’est-ce qu’elle a fait tout ce temps et pourquoi elle n’a pas annoncé son retour ?
Il lui donne à peine un verre d’eau et lui demande de disparaître dans sa chambre. Elle ira voir à l’agence de placement pour voir si elle trouve un travail.
Introduction à la lecture de la Bible
Vous le devinez ou vous avez reconnu l’histoire : Roberta, Mario et leur père sont des personnages directement inspirés de la Bible. Ce seront deux frères et l’histoire ne dit pas leur nom. Mais vous reconnaîtrez tout et vous allez découvrir ou réentendre la fin de l’histoire que l’évangile selon Luc propose.
Il s’agit de la parabole du fils perdu et retrouvé. Dans la Bible, une parabole, c’est une histoire qui peut être courte ou plus longue, comme ici. Une parabole compare une situation de la vie à ce que pourrait être le Royaume de Dieu. C’est l’histoire dans son ensemble qui dit quelque chose de la vie avec Dieu ou de la manière dont Dieu se donne à connaître.
Nous allons entendre maintenant la lecture de cette parabole.
Lecture de la Bible
Prédication de David Allisson :
Dans l’animation de la journée, les catéchumènes ont participé à des ateliers qui reprenaient différentes parties de la prière du Notre Père. A chaque atelier et partie de la prière correspondait l’extrait d’un poème qui suit et interprète le Notre Père.
Ici, dans la parabole, la relation du père et des deux fils est comparée à la relation entre Dieu et les humains.
Qu’est-ce que cela nous fait de comparer Dieu à un père, à « notre » Père ?
Qu’est-ce que cela nous fait de prier « notre Père » ?
Écoutez cet extrait de poème – prière :
Mon Dieu, j’ai du mal à t’appeler mon Dieu, cela me fait penser à ce monsieur avec sa grande barbe de vieux qu’on voit dans des tableaux …
Pour moi, tu n’es pas un vieux monsieur.
Père, Jésus me dit de t’appeler Père.
Je n’ai pas de mal à t’appeler ainsi.
Cela me fait penser à des paroles chaudes,
à des silences doux, à des regards tendres
qu’un père et une mère ont pour leurs enfants.
Cela me dit qu’au-delà̀ de mes parents,
c’est toi qui me donnes vie.
Pour moi tu es mystérieux,
et je te connais un peu mieux quand je te dis: notre Père
Dans cette parabole, l’histoire n’est vraiment pas crédible.
Vous voyez bien que tout est exagéré : le fils qui revient de voyage est dit mort et de nouveau vivant.
Le père exagère : au lieu de remonter les bretelles de son fils qui a tout dépensé, il dépense aussi. Il organise un festin et il habille de neuf le fils de retour.
Le père exagère encore : il fait des reproches au grand frère qui avait fait tout juste. Ce grand frère était resté à la maison. Il a travaillé pour son père. Il a tout fait pour bien se conduire. Et sa récompense : voir le petit frère être fêté et couvert de cadeaux après avoir dépensé tout son argent !
Mais essayons de voir une ou deux choses :
Il est magnifique de générosité cet accueil du père pour son fils.
Et le grand frère a bénéficié lui aussi de cette générosité. Tout le temps qu’il a passé avec son père, il a vécu de l’abondance des ressources de la maison.
C’est comme si le grand frère avait trouvé tout cela tellement normal qu’il n’arrive pas à voir l’accueil de son petit frère et il n’arrive pas à partager la joie de son père au moment de son retour.
Au fond, il n’arrive pas à se réjouir de ce qui le fait vivre, parce qu’il regarde l’autre et s’imagine qu’il y perd. Il se compare et il pense qu’il est injustement défavorisé.
Et toi ? Et vous ?
Qu’est-ce qui te fait vivre ? Qu’est-ce qui vous nourrit et vous fait grandir ?
Voyez cette vie plus grande que vous et qui fait couler en vous une présence qui vous dépasse, qui vous redresse et même qui vous corrige parfois !
Vous êtes riches de cela et cette richesse augmente quand vous la partagez. C’est pour cela que Dieu est dit « amour ».
L’amour augmente quand on le donne, quand on le partage. Et cela, c’est une force qui nous vient du Dieu de la vie.
Alors essayons de laisser un peu de côté nos réactions de grands frères. Laissons entrer en nous la vie qui est partout dans et autour de nous. La vie, Dieu, le monde nous donne des ressources et de quoi vivre, à la manière de ce père de la parabole pour ses fils et sa famille. Dans la maison de la parabole, il y a de quoi vivre. Il y a de quoi se réjouir. Il y a de quoi partager. Il y a même de quoi traverser les périodes difficiles des coups durs de la vie.
Cherchons dans et autour de nous tous les lieux où Dieu arrive à se montrer à nous. Il le fait même dans le malheur, la perte et l’injustice.
Jusque dans ces éléments-là de la vie, il fait apparaître des gestes et des signes d’amour.
L’amour augmente quand on le donne, quand on le partage. Et cela, c’est une force qui nous vient du Dieu de la vie.
Amen