Cultes des 21-22 juillet 2018, Môtiers 17h30, Travers 10h
3ème engagement œcuménique :
Nous, chrétiens du canton de Neuchâtel, nous partageons la même foi en Jésus-Christ. Le témoignage biblique, éclairé par le Saint-Esprit, inspire notre chemin vers l’unité visible de tous les chrétiens. Nous nous engageons à prendre au sérieux ce témoignage et à vivre des rencontres communes à l’écoute de la Parole.
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Prédication de Patrick Schlüter
Lecture de la Bible :
Prédication sur : La foi vient de l’écoute de la parole du Christ
Ah l’été, les vacances, le besoin de s’arrêter après une année chargée…. Je comprends les disciples qui n’avaient même pas le temps de manger. Jésus les emmène donc à l’écart pour qu’ils aient le temps de se reposer.
Plusieurs le savent ici : j’ai eu l’occasion la semaine dernière de partir à l’écart pour terminer le chemin des Crêtes du Jura. Je me reconnais donc dans les disciples de Jésus qui sont dans le bateau pour partir un peu à l’écart.
L’évangile de Marc ne dit pas comment les disciples se sont sentis quand ils ont vu la foule qui les attendait à leur arrivée. Je les imagine contrariés : encore quelque chose à faire, pas moyen d’être tranquilles ! Et voilà en plus que Jésus commence à les enseigner !
L’évangile ne dit pas comment les disciples se sont sentis, mais le verset suivant les montre demandant à Jésus de renvoyer la foule pour qu’elle aille s’acheter à manger, parce que l’heure est tardive ! Peut-être, peut-on deviner ici un peu de contrariété… Cette idée me plait assez !
Les textes bibliques, que j’ai pourtant choisis pour aujourd’hui, m’ont aussi contrarié :
- Alors que je ressens encore le besoin de repos et d’une pause, cette image des disciples qui ne peuvent pas être tranquilles ne me plait pas beaucoup.
- Et de plus, la lettre de Paul aux Romains sur laquelle je travaille pour écrire des commentaires pour Pain de ce Jour m’a interpellé. Paul médite sur Israël qui n’a pas reçu le Christ. Ici, Paul réfléchit au cheminement de la foi. La foi vient de l’écoute de la parole. Pourtant, le message a été transmis, mais n’a pas suscité la foi.
Cela m’interroge sur ma manière de croire :
Je suis croyant, et vous, je l’imagine aussi !
Est-ce que, en étant croyant, j’ai encore besoin de Dieu, ou est-ce que l’idée que j’ai de lui me suffit ?
Le peuple d’Israël dont parle Paul est héritier de la promesse, mais ne reçoit pas le Messie que Dieu envoie, à savoir Jésus-Christ.
Paul le dit : la foi vient de ce qu’on écoute la parole proclamée et cette nouvelle est l’annonce de la parole du Christ.
C’est quelque chose d’extérieur, la parole proclamée qui vient m’interpeller, me toucher, et suscite l’envie de m’abandonner à ce Dieu que l’on annonce. Par la foi, j’invoque Dieu qui se laisse trouver et rencontrer. Par cette expérience, je suis intégré à la communauté de ceux et celles qui suivent le Christ, l’Eglise.
Comme dans toute rencontre, je me construis aussi une idée de la personne que j’ai rencontrée. Il en va de même pour la foi, pour la rencontre avec Dieu. Parfois, il arrive que nos images d’une personne nous empêchent de la rencontrer comme elle est vraiment.
C’est ce qui arrive avec le peuple d’Israël qui ne reconnaît pas Jésus comme Messie, nous dit Paul. Ce risque ne concerne pas seulement les Israélites du passé, mais il vaut aussi pour les chrétiens et les croyants de tous les temps.
Alors, comme croyants d’aujourd’hui, est-ce que nous avons encore besoin de Dieu ou est-ce que l’idée que nous avons de lui nous suffit ?
Cela, c’est la différence entre être croyant et croire en Dieu qui venu nous chercher en Jésus-Christ et qui vient encore et toujours à notre rencontre.
La tendance de notre monde d’aujourd’hui, c’est de construire des murs. Nous l’entendons dans l’actualité :
- En Israël, une loi sur l’Etat-nation du peuple juif a été adoptée. Même si l’article permettant de créer des villes exclusivement juives a été retiré, la tendance est à la fermeture des identités particulières et à vouloir bannir la différence.
- En Europe, alors que le pic de la crise migratoire est derrière nous, les politiques sont à la fermeture, à discuter comment se répartir les migrants avant de laisser les bâteaux accoster.
Oui, la tendance générale de notre monde est à construire des murs, à vouloir à se préserver de ceux qui sont différents.
En Jésus-Christ, Dieu est venu à notre rencontre comme un Messie différent de celui qu’Israël attendait. Je crois qu’aujourd’hui encore, Dieu vient à notre rencontre comme nous ne l’attendons pas. Est-ce que nos murs politiques, culturels, confessionnels, intérieurs, nos habitudes ne risquent pas d’empêcher cette rencontre ?
Alors, comme croyants d’aujourd’hui, est-ce que nous avons encore besoin de Dieu ou est-ce que l’idée que nous avons de lui nous suffit ?
Car, nous sommes en général plutôt bien avec l’idée que nous pouvons avoir de Dieu.
La foi vient de l’écoute nous dit Paul. Cela signifie, que nous avons besoin de quelque chose d’extérieur, qui vient nous décentrer de nous-mêmes. C’est de la rencontre avec Jésus-Christ dont il s’agit.
David Allisson disait le week-end dernier : « Une grande partie de notre ignorance vient en fait de ce que nous croyons connaître et qui nous induit en erreur. L’ignorance qui nous fait mal, c’est celle de ne pas nous rendre compte que nous ne connaissons pas. ».
Et il évoquait notre ignorance des autres et celle qui nous empêche de nous voir nous-mêmes comme nous sommes.
Aujourd’hui, je dirais que notre ignorance porte sur Dieu lui-même quand nous nous contentons de l’idée que nous avons de lui.
La foi vient de l’écoute, de l’écoute de la parole du Christ. Cette parole nous est transmise en particulier par le témoignage biblique. C’est en recevant les paroles de la Bible que nous pouvons laisser l’Esprit de Dieu travailler en nous. En écoutant l’Evangile, transmis par des mots qui ne sont pas les nôtres, par des voix diverses, nous pouvons nous laisser décentrer de nos habitudes et de nos idées de Dieu pour le rencontrer en vérité, au-delà de toutes les différences de confession.
C’est ainsi que pouvons entendre le 3ème engagement œcuménique : « Nous, chrétiens du canton de Neuchâtel, nous partageons la même foi en Jésus-Christ. Le témoignage biblique, éclairé par le Saint-Esprit, inspire notre chemin vers l’unité visible de tous les chrétiens. Nous nous engageons à prendre au sérieux ce témoignage et à vivre des rencontres communes à l’écoute de la Parole. »
Cette Parole nous est transmise aujourd’hui par les voix de Paul et Marc. Prenons au sérieux la Bonne Nouvelle qui nous est transmise :
Regardons Jésus ému aux entrailles par la grande foule présente. Ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger.
Voulons-nous, pour nous-mêmes recevoir ce regard de compassion de Jésus. Voulons-nous accepter la conduite de celui qui se présente comme le Bon berger ?
Sommes-nous prêts à ne pas garder cette bonne nouvelle pour nous-mêmes et à nous laisser interpeller par ceux qui frappent à nos portes au-delà de tous les murs de notre monde ?
La Bonne Nouvelle, c’est l’Evangile, la parole du Christ : « qu’il est beau de voir venir des porteurs de bonnes nouvelles » nous dit Paul. Au-delà de tous nos murs intérieurs, de nos idées bien reçues sur Dieu, Paul nous invite à saisir la portée de l’Evangile et nous laisser porter par cette grâce offerte.
En acceptant le Christ comme Seigneur et Berger, nous nous laissons entrainer sur les chemins de la grâce qui peuvent ouvrir des chemins inattendus. Les disciples en feront l’expérience dans la suite du récit en apportant à Jésus leurs 5 pains et leurs 2 poissons.
Amen.