Culte présidé par Séverine Schlüter à Couvet, avec participation des jeunes interprètes du Concours international de musique.
2ème culte de la série d’été consacrée aux engagements œcuméniques prononcés en août 2017 à Chézard-St-Martin.
4ème engagement : «Nous, chrétiens et citoyens du canton de Neuchâtel, nous voulons nous engager pour le bien de la cité. Nous voulons collaborer plus étroitement dans nos actions diaconales, dans la solidarité partagée, notamment en faveur des migrants».
«Prend le risque ou perd la chance…»
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Lectures bibliques :
Prédication
Bon, alors on fait quoi ??? On efface tout et on recommence, ou on laisse pousser et on verra ce que ça donne ? Faudrait quand même se mettre d’accord…
A ce propos, arriverez-vous à vous mettre d’accord sur cette question :
Voici – sur vos feuilles de chant – 2 silhouettes de montagnes : arrivez-vous à en reconnaître l’une ou l’autre ?
–> Réponses de l’assemblée : l’une des montagnes représente le Cervin… l’autre n’est pas identifiée.
En fait, la deuxième silhouette représente aussi le Cervin… mais vu du côté de l’Italie et non de la Suisse ! Tout est une question de point de vue…
Il en va de même avec nos textes de ce jour.
Les deux constatent que quelque chose ne va pas. Le mal est là, à l’œuvre, mais ils ne sont pas d’accord sur la manière de procéder.
L’un se propose de se concentrer sur le mal et de l’éradiquer, quitte à accepter les dommages collatéraux.
L’autre choisit plutôt de privilégier ce qui porte du fruit, quitte à admettre que le mal, ça fait partie de la vie !
D’ailleurs l’histoire de Noé finit sur ce constat : malgré l’épisode de la grande inondation, sensée tout purifier et repartir de zéro, l’humanité va continuer de dévoiler ces faiblesses et ses manques.
Et malgré ce constat, Dieu va prendre l’engagement de ne plus détruire la terre, de ne plus éradiquer ainsi la vie.
Est-ce donc que Dieu s’est trompé ? Là encore, tout est une question de point de vue.
Un Dieu qui change d’avis, ça ne me choquerait pas… mais la différence se situe peut-être aussi dans la manière d’interpréter les événements et dans notre manière de comprendre Dieu.
D’un côté comme de l’autre, on y voit une volonté par-dessus tout de préserver la vie, et le bien.
Pour préserver la vie et l’humanité, le texte de la Genèse nous laisse imaginer un Noé qui doit y mettre une énergie folle !
Pensez, construire un bateau énorme, avec des compartiments différents pour toutes les paires d’animaux, rassembler les bêtes et les y faire monter, y embarquer de la nourriture suffisante pour tous, tout en se blindant contre les moqueries de ses contemporains…
L’essentiel se situe bien là : il faut que la vie, que les êtres que Dieu a créé subsistent à tout prix !
La recherche de cette vie plus forte que tout, que toutes les forces de mort, c’est aussi ce pour quoi Jésus c’est engagé envers les personnes qu’il a rencontrées. Face à la maladie, au jugement, au rejet, à la culpabilité rencontrés chez ses contemporains, il a su voir autrement, et remettre en route les personnes qui se sont approchées de lui.
Le temps de la moisson, c’est Dieu qui le déterminera. D’ici-là, le jugement ne nous appartient pas. Il nous faut oser voir l’autre sous un jour nouveau.
Derrière la parabole de Jésus, il y a peut-être la conviction que tout être humain a en lui la capacité de changer de regard sur lui-même et sur ses actes. Plus d’un, au contact de Jésus, a d’ailleurs vu sa vie et sa personne transformée. Parce que Jésus a su voir en lui les fruits à venir, et oser un autre point de vue sur cette personne que le jugement communément admis.
C’est un peu aussi de cette manière que je comprends les engagements œcuméniques qui ont été formulés l’année dernière lors d’une célébration en commun à Chézard-St-Martin.
S’engager pour le bien de la cité, collaborer dans nos actions diaconales, dans la solidarité partagée, c’est mettre en œuvre toutes les forces de bien et de vie qui nous animent, pour la communauté et la société. Pas seulement les grandes actions, mais simplement prendre la bonne posture là où nous sommes : dans nos attitudes, nos regards posés sur les autres, mettre les talents que nous avons pour la cuisine, la musique, le tricot, le bricolage ou tout autre capacité au service des autres, ou simplement donner de son temps, porter les autres dans la prière, partager son accueil et son sourire.
Collaborer, en tant que chrétiens pour œuvrer à cela, c’est se rappeler que toutes ces actions, nous les faisons sous le regard d’un même Dieu qui nous rassemble, se rappeler que c’est lui qui a créé la vie de chaque être humain, et que pour lui chacun est précieuse.
Si les migrants sont mentionnés ici, c’est parce qu’actuellement c’est une situation qui nous préoccupe, mais notre solidarité appelle à s’exercer ailleurs aussi.
On n’ose pas toujours le faire, parce que s’engager, c’est prendre un risque !
Au nom de Dieu, qui a la fin de l’histoire de Noé a pris le risque de s’engager à ne plus détruire la terre, quelles que soit les actions des humains, Jésus appelle à prendre le risque de laisser de côté l’ivraie pour nous concentrer sur ce qui porte du fruit.
En écho à cela, voici un texte tiré de la liturgie vaudoise, inspiré de catéchumènes :
“Je crois que, souvent, l’homme joue avec le feu. Dieu a donné à l’homme beaucoup de possibilités, celle de créer et celle de détruire. Dieu prend des risques avec les hommes.
Je crois que les choses les plus importantes ne sont pas visibles avec les yeux, mais elles sont perceptibles pour notre cœur, notre raison, notre foi.
Je crois que l’Eglise et la Bible servent à quelque chose. Cela nous aide à réfléchir, à voir les choses sous un nouvel angle, à nous rencontrer dans nos différences, à découvrir un Dieu qui nous aime.
Croire en Dieu me permet de prendre des risques.
Croire en Dieu me permet d’espérer.”
Qu’ensemble nous construisions cette confiance commune, donnée comme en cadeau.
Qu’elle soit notre responsabilité de chrétiens de tous horizons.
Amen.