Culte de rentrée du catéchisme et remise du diplôme de monitrice / moniteur de catéchisme à 4 jeunes
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Lecture de la Bible
Galates 5,1.13-15
Jean 8,31-32
Prédication de David Allisson :
Cet après-midi, nous avons fait un tour du village de Môtiers en un rallye et en même temps nous avons fait un tour des événements principaux de la vie de Martin Luther, le réformateur d’il y a 500 ans. Cela nous a permis de rencontrer aussi quelques unes de ses idées.
Luther avait une forme de génie et une force de travail qui l’a rendu très productif. Il a écrit sur toutes sortes de sujets importants pour lui et pour son époque. Une partie de tout ça nous échappe complètement aujourd’hui et d’autres éléments nous intéressent encore.
Je parie que le thème de la liberté nous intéresse encore. Luther a écrit un traité d’un peu plus de 20 pages sur la liberté. Cela s’appelle « De la liberté du chrétien ».
C’est un sujet pour lequel les gens se sentent concernés depuis toujours en fait.
Vous sentez bien vous aussi qu’il vous faut la liberté de respirer. Il vous faut la liberté d’entreprendre pour rester motivés dans ce que vous faites. La liberté, c’est une ouverture pour la vie. La liberté, c’est un moteur pour nos journées et pour nos projets.
Quand Luther parle de liberté, il dit ceci, que vous devez sûrement aussi expérimenter dans votre vie, même si on dit les choses un peu autrement aujourd’hui :
Le chrétien est un libre seigneur sur toutes choses et il n’est soumis à personne.
Et en même temps :
Le chrétien est un serviteur obéissant en toutes choses et il est soumis à tout un chacun.
[Martin Luther « De la liberté du chrétien », in Luther. Œuvres I, Bibliothèque de la Pléiade, p.840]
Quand nous sentons la liberté, nous sentons aussi ses limites. Il y a des contraintes dans la vie : nous devons aller à l’école ou au travail. Vous devez aller au catéchisme. Vous aimez votre sport ? Une fois que vous êtes inscrit au club, il y a aussi des obligations.
Quelles sont nos valeurs de vie ? Comment voulons-nous vivre notre liberté ?
L’action du Christ est une action de libération : « Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres » (Ga 5,1). Qu’allons-nous faire de notre liberté ? Qu’allons-nous faire de notre vie ?
La loi de la révélation biblique a vite été augmentée de toutes sortes d’articles d’application inventés par les croyants. Jésus a simplifié tout cela et le texte que nous venons d’entendre cite la parole de Jésus : « Toute la loi se résume dans ce seul commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même » » (Ga 5,14).
Dès que nous nous sentons libres ou que nous voulons être libres, nous avons une spécialité bien humaine qui consiste à réglementer cette liberté. Nous nous accrochons à des slogans qui nous disent de « croquer la vie à pleins dents », ou encore nous reprenons volontiers cet autre slogan comme la plus grande loi de notre liberté : « sois toi-même ».
Bien sûr que cela n’est pas mal de vouloir profiter de la vie ou construire et affirmer sa personnalité. Nous nous mettons pourtant tellement de pression pour y arriver que nous pensons que nous serons mieux nous-mêmes ou que nous profiterons mieux de la vie, si nous écrasons les autres au passage. Si nous nous affirmons en montrant que les autres font moins bien ou que nous profitons d’eux pour y arriver, nous pensons parfois que nous réussissons d’autant mieux.
« Toute la loi se résume dans ce seul commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même » » (Ga 5,14).
Dans la liberté que le Christ nous ouvre, il reste un article de loi. Il reste une exigence : aimer. Cet amour a deux directions en même temps : aimer l’autre et s’aimer soi-même. C’est une liberté des grands espaces qui est dite ici. J’imagine un saut en parachute ou en parapente. Il y a la liberté de l’espace à découvrir au moment du saut. C’est le moment où l’on se tourne vers l’autre, ou tout un espace de liberté s’ouvre. Il est en même temps essentiel de s’aimer soi-même : maîtriser la technique qui permettra d’entreprendre un vol et éviter une chute à la manière d’un caillou. Cette maîtrise de la technique, c’est le respect de soi qui incite à s’entraîner pour le vol plutôt que de risquer la chute, c’est une manière de s’aimer soi-même.
Que le souffle de Dieu vienne en nous pour nous donner le goût de cette découverte de notre liberté dans l’amour.
Il y a quelques années, j’ai noté deux phrases de catéchumènes qui peuvent être comprises dans le sens de cette affirmation de la liberté que nous fait ce texte biblique.
La première dit : « N’ayons pas peur. Et c’est seulement là que la liberté commencera ».
L’autre phrase dit : « Dans la vie, il faut savoir prendre son temps, car le temps sait prendre notre vie ».
N’ayons pas peur, apprenons à construire notre vie dans la confiance. Voilà une base solide pour vivre cette exigence d’amour qui évite les slogans égoïstes et destructeurs de l’autre. Une liberté patiente, qui apprend à construire des liens avec les autres, qui apprend à construire le respect de soi devant Dieu, c’est ce que nous pouvons vous souhaiter, chers catéchumènes. C’est ce que nous voulons aussi chercher pour nos vies. C’est l’aspiration aux grands espaces de liberté du parapentiste. C’est en même temps l’apprentissage patient du respect de soi et de la technique de vol qui nous fera nous aimer assez pour ne pas nous écraser au sol des grands espaces à découvrir, volontairement ou par négligence.
Vivre libres. Vivre aimés.
La proposition de l’Evangile pour réaliser ce souhait est de vivre en aimant. En s’aimant soi-même et en aimant les autres, on réalise la liberté que donne le Christ. En s’aimant soi-même et en aimant les autres, on ouvre une vie digne et qui a confiance en son avenir.
Le Christ a vécu et il est mort condamné par les humains qui disaient qu’il voulait prendre la place de Dieu et que pour cela il ne méritait pas de vivre.
Les chrétiens ont la confiance que le Christ est ressuscité et qu’il ouvre à la vie. Il est vivant et redonne aux croyants le courage de vivre, le courage d’aimer eux-mêmes et les autres. Et voilà : « Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres ».
Aimez-vous assez pour rester disponibles à aimer les autres.
Vivez cette confiance que le Christ nous a libérés pour une vie à vivre au souffle de son Esprit, pour l’amour des autres sans l’esclavage de règles qui nous enferment et que nous ne pouvons pas respecter sans nous détruire.
« Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres ».
Aimez votre liberté. Aimez-vous et votre prochain.
Amen.