« … il est descendu aux enfers. Le troisième jour, il est ressuscité des morts. » – Série d’été partie 4

Série de cultes d’été sur le Symbole des Apôtres

22 juillet 2017, Môtiers – 23 juillet 2017, Noiraigue

Texte de la prédication à télécharger ici en format pdf:  Du séjour aux enfers à la vie ressuscitée

Lectures de la Bible:

  • Job 3,13-19
  • Matthieu 28,1-8

Prédication de René Perret

Nous l’avons déjà entendu lors des cultes de cet été : le Symbole des Apôtres est un texte écrit pour défendre la foi véritable de l’Eglise. Ce qui veut dire que ses formulations « protestent » parfois contre des façons de croire différentes ou divergentes, au moins à l’époque où il a été établi.

Nous commençons par la deuxième affirmation à méditer aujourd’hui : Le troisième jour, il est ressuscité des morts. 

La résurrection de Jésus, c’est la base de notre foi, c’est le jour 1 de notre existence de chrétiens.

Que nous ayons de la peine à en parler en termes clairs pour tout le monde, c’est normal : la résurrection de Jésus est un événement unique, inédit, qui échappe à toute logique et qui ne se laisse pas maîtriser par nos mots raisonnables.

Avec la résurrection de Jésus, nous sommes comme au premier instant de la Création de l’Univers : nous pouvons en parler avec les mots de la foi, mais pas avec ceux d’un historien ou d’un scientifique.

Mais les mots de la foi, ce ne sont pas des mots « en l’air », des mots théoriques ; ils ressemblent plutôt à un langage poétique, amoureux. Ils évoquent, ils expriment quelque chose de vrai, de fort, d’essentiel, et ils s’adressent à toute la personne qui les reçoit.

La résurrection de Jésus dit une vérité nouvelle : la Mort a été trouée par l’Amour. Dieu a créé, par Jésus et pour nous, une vie qui passe le temps de notre corps et ses cellules.

Avant notre conception par nos parents, Dieu déjà nous désirait et nous « avait à l’esprit ». Durant notre existence terrestre, 9 mois et x années qui nous sont donnés, Dieu nous porte dans sa main et sur son cœur, il nous aime comme le font nos parents et tous ceux qui nous sont bienveillants. Après notre dernier souffle, et grâce à la résurrection de Jésus, Dieu nous garde en vie : une vie autrement, mais pleine de cet Amour qui ne peut être limité dans le temps comme dans l’intensité.

C’est pourquoi nous pouvons croire, comme on croit à l’Amour vainqueur, nous pouvons croire que notre vie re-suscitée commence déjà aujourd’hui. L’aujourd’hui – toujours à renouveler – de notre « oui » à être enfant de Dieu ; mais aussi l’aujourd’hui de notre baptême, quand nos parents ont accepté que Dieu soit notre Père. Depuis notre baptême, Dieu déjà nous a installés dans une vie qui n’en finit pas !

La résurrection de Jésus n’est pas pour autant le début d’un monde parfait, réconcilié, délivré de tout mal et malheur. Jésus est ressuscité comme Crucifié : c’est la victoire de Celui qui est allé jusqu’au bout pour nous, Celui qui ira jusqu’au bout avec nous.

L’apôtre Paul le dit bien : le Christ qui l’a appelé et converti est le Crucifié ressuscité, celui qui a souffert jusqu’à la mort, et qui par là nous délivre de cette fin définitive.

Ainsi, croyant en Jésus-Christ ressuscité, nous pouvons affronter le malheur et le désespoir avec l’amour et la joie de Jésus, avec sa solidarité sans faille envers toutes nos situations ; avec aussi sa promesse que sa résurrection devient la nôtre, qu’il nous l’a donnée comme il nous donne tous ses talents de cœur.

Nous aimons nous inspirer de la bonté de notre Seigneur ; nous aimons nous essayer à son écoute, à son accueil, à sa façon de voir les gens et les situations. Cherchons tout autant à nous inspirer de sa résurrection et des énergies qu’elle nous donne pour aujourd’hui ! Recevons sa victoire et laissons-la infuser en nous pour qu’elle pénètre nos élans comme nos combats, nos hauts comme nos bas d’existence.

Il y a des tisanes dont on use en connaissant bien leurs vertus. Que dire alors de la Résurrection de Jésus et de ce qu’elle peut nous apporter ?! Après l’avoir expérimentée, nous ne disposerons que d’un langage poétique, amoureux pour en témoigner. Mais c’est bien suffisant pour être compris, et pour rejoindre qui y sera sensible.

Abordons maintenant la première affirmation du Symbole des Apôtres pour aujourd’hui : … il est descendu aux enfers.

Voilà bien une affirmation qui parait à première vue superflue. Quand nous confessons notre foi au Dieu trois fois saint, rarement nous mentionnons cette descente de Jésus aux enfers. « Il est mort et il est ressuscité ; il est mort, il a été enseveli et le troisième jour il est ressuscité des morts ». Alors pourquoi ici ce passage par les enfers ?

C’est pour dire fortement une vérité que certains niaient alors : le Christ total, vrai homme et vrai Dieu, est vraiment mort et a été enseveli.    À l’époque, certains ne pouvaient croire que Jésus en tant que Fils de Dieu soit mort, anéanti comme nous le sommes quand nous mourons.

J’aime la formulation d’un théologien que nous citons volontiers, Alphonse Maillot : « Il nous faut découvrir qu’à un moment, les cieux ont été vides parce qu’une tombe était pleine ; parce que Jésus-Christ était entré dans la poussière des hommes, comme il est entré dans leur seule mémoire. Il n’a plus été, comme tous les morts, qu’un pur souvenir… un passé déjà dépassé !»

Je reprends la pensée de ce théologien, inspirant par l’audace de sa manière de dire : de la mort de Jésus à sa résurrection, les cieux ont été vides. En Jésus mort, le Dieu trois fois saint, (« le Père et moi nous sommes un » disait Jésus), Dieu a connu ce lieu où Dieu n’était pas, selon nos frères ainés les Juifs.

Ici encore, pas de langage raisonnable, pas de prétention à maîtriser l’événement par notre intelligence ; mais assez pour en parler de façon claire et avec des mots qui font sens pour notre vie. Les enfers, dans la compréhension biblique, sont un lieu de solitude et de malédiction, car les gens y sont coupés irrémédiablement de Dieu. Jésus, dans sa mort, a visité les enfers. On peut dire que là, l’Amour et la Mort se sont rencontrés.

L’apôtre Pierre, dans sa première épitre, écrit au chapitre 3 : « Jésus est allé annoncer la Bonne Nouvelle aux morts qui étaient en prison ». En langage de foi, cela veut dire pour moi que Jésus a visité ce lieu que tout vivant a connu et connaîtra.

Tous les vivants d’avant lui comme ceux d’après lui ; tous les vivants qui l’ont connu ou non ; tous les vivants qui l’ont reconnu ou non : là, tous ont été ou sont rejoints par Jésus aimant. Il me parait impensable que cette rencontre les laissent indifférents. Voyez que je manie très bien le langage non raisonnable mais imagé de la foi, un langage que je me plais à croire poétique, et assurément amoureux !

En préparant avec leur famille leur Service funèbre, j’ai appris l’histoire de défunts qui avaient vécu et qui étaient morts dans la révolte contre Dieu. Par exemple suite à un malheur qui avait anéanti leur confiance en Dieu. Je les comprenais bien ; j’avais de la peine pour cette douleur qui avait été leur pain quotidien, in-mangeable. Je ne pouvais que les remettre au Dieu de miséricorde qui, tel le Père accueillant son Fils perdu et retrouvé, les accueillerait et saurait leur montrer sa compassion et sa tendresse, sinon ici-bas, au moins passé la mort.

Avec cette confiance en Jésus ayant visité le séjour des morts, je vois les vivants de tous les temps et de tous les mondes comme ayant une chance de rencontrer le vrai Christ de Dieu, même là, même là-bas. Si l’Amour qu’il a incarné toute sa vie ne l’a pas abandonné quand il est mort, comment l’Amour qui nous relève et nous re-suscite ici ne pourrait-il pas relever, consoler et re-susciter ceux qui ne l’ont pas connu ou reconnu jusque là ? Il y a là un profond mystère, qui n’appartient qu’à Dieu.

Ceci n’est pas une conclusion, mais il me revient ce cri de foi d’un croyant vivant très fortement sa prière – un croyant plutôt de tendance évangélique, parce que nous-réformés ne disons pas « amen !, « oui ! », ou « alléluia ! » quand nous prions ensemble. Enthousiasmé par ce qui était prié, il s’était écrié au bout d’un moment : « Oh ! oui, diable oui ! » !

Moi qui apprécie l’humour que Dieu nous a donné en partage, j’aime voir, dans ce cri de foi un peu particulier, la proclamation d’un Dieu désintégrant le diable et tous ses pouvoirs.

Jésus le Christ a visité nos enfers, il nous y a visité ; il en est ressorti, nous emmenant avec lui, Alléluia ! Amen.