27 novembre 2016, 1er dimanche de l’Avent
Célébration oecuménique, église catholique de Fleurier, 10h
Prédication de Patrick Schlüter à télécharger en pdf
Lectures de la Bible :
Texte de la prédication : revêtir le Christ pour se placer dans l’horizon de l’espérance
« De leurs épées, ils forgeront des socs,
et de leurs lances, des faucilles.
Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ;
ils n’apprendront plus la guerre. »
Ce célèbre oracle du prophète Esaïe se retrouve également dans le livre du prophète Michée. Sans que l’on connaisse exactement leur histoire, ces paroles se sont transmises au sein du peuple d’Israël. Elles se sont insérées dans les livres des 2 prophètes. Cette vision voit le mont du Temple s’élever au-dessus de toutes les montagnes. Les nations y affluent.
Cette vision a quelques particularités : il ne s’agit pas d’un rassemblement guerrier ou d’un pèlerinage religieux. C’est l’arbitrage du Seigneur qui est recherché. Il y a dans cette vision une dimension politique et une idée de désarmement qui est opérée par les peuples eux-mêmes. Ce n’est pas le Seigneur qui brise les armes comme dans d’autres oracles, mais les peuples qui affluent sont actifs. Ils s’invitent mutuellement à monter à la montagne du Seigneur et ce sont eux-mêmes qui transforment leurs armes en outils.
Un commentateur l’exprime en disant que c’est la totale transformation de l’idéal de guerre sainte.
Ces paroles arrivent jusqu’à nous ce matin. Nos oreilles se sont habituées aux nouvelles de la guerre en Syrie et ailleurs, à l’afflux des migrants en Méditerranée, aux attentats partout dans le monde, aux paroles qui séparent jusqu’à vouloir construire des murs.
Comment pouvons-nous entendre cet oracle d’Esaïe aujourd’hui ?
Qui ose encore rêver à la mesure de cet oracle ?
Paul invite à se réveiller car le salut est proche. Il appelle les lecteurs à se conduire honnêtement et à revêtir les armes de la lumière et le Seigneur Jésus-Christ lui-même.
Jésus en parlant de la fin des temps appelle à se tenir prêt pour la venue du Fils de l’homme :
« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. (…)
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Aujourd’hui, j’ai l’impression que nous vivons dans un monde de repli et de désenchantement. La peur et peut-être une sorte de fatalisme ont pris place dans notre société.
Que signifie aujourd’hui cette vigilance chrétienne ? Que signifie être prêt pour la venue du Christ ?
Je crois que la vigilance, c’est d’abord saisir la pleine mesure de l’Evangile, de la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Dieu vient dans le monde. Il partage notre humanité et il nous appelle sans cesse à la vie. C’est cette présence du Christ qui est donnée. C’est un nouveau regard sur soi, sur les autres, le monde. C’est un horizon d’espérance qui ne se limite pas au possible des humains.
C’est cela la puissance de vie de l’Evangile. Elle est donnée. Elle est toujours là aujourd’hui à l’œuvre pour transformer des vies, des relations. Elle est donnée comme quelque chose d’essentiel à la vie. Paul utilise l’image du vêtement. Il parle de revêtir les armes de la lumière, de revêtir le Seigneur Jésus-Christ lui-même.
Quand nous nous levons chaque matin, nos vêtements sont préparés sur la chaise ou dans l’armoire. Notre responsabilité, c’est de les mettre, de les revêtir.
Il en va de même pour l’Evangile. Il est là pour nous. Notre rôle, c’est de l’enfiler comme un vêtement, chaque matin pour transformer notre regard sur nous-mêmes et les autres.
La vigilance revêt ensuite de multiples formes. C’est une vie convenable dit Paul. Ce sont des choix de vie au quotidien. Ce n’est pas seulement être honnête tout seul dans son coin. La vigilance se joue aussi dans le regard sur le monde et sur les autres.
« ils n’apprendront plus la guerre. » dit l’oracle d’Esaïe.
La guerre ne s’apprend pas seulement dans le maniement des armes. Elle s’apprend aussi dans ce que l’on entend comme paroles sur les autres, par les jugements qui sont posés, par les critiques, par les paroles qui jugent des catégories de personnes.
La bonne nouvelle, c’est que la paix s’apprend aussi. Elle s’apprend par les paroles de bienveillance, par un regard qui accueille, par le refus de répondre au mal par le mal.
La vigilance, c’est un nouveau regard qui est donné, elle se déploie ensuite dans plusieurs domaines : social, politique, spirituel, relationnel.
Je crois qu’elle est aussi œcuménique : c’est en étant ensemble que nous pouvons rendre un témoignage commun. Dans notre Val-de-Travers, nous sommes réunis aujourd’hui. Nous le sommes pour plusieurs autres activités dont certaines sont nouvelles comme la journée Carême pour tous ou l’enseignement religieux à l’école secondaire.
Nos 2 chœurs réunis qui chantent ensemble, c’est aussi un signe de cette unité.
Cela, c’est se placer sur l’horizon d’espérance du prophète Esaïe, car comment espérer que les nations aspirent à la paix si nous-mêmes, en tant que chrétiens, nous ne pouvons pas rendre un témoignage commun ?
Avec chaque acte de vigilance active que nous posons, nous nous plaçons sur l’horizon d’espérance donné par le prophète Esaïe. C’est revêtir chaque matin Jésus-Christ lui-même.
Il sera juge entre les nations
et l’arbitre de peuples nombreux.
De leurs épées, ils forgeront des socs,
et de leurs lances, des faucilles.
Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ;
ils n’apprendront plus la guerre.
Venez, maison de Jacob !
Marchons à la lumière du Seigneur.
Amen.