Lecture de la Bible: Matthieu 25,31-45 – La Bible en français courant
31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les anges, il siégera sur son trône royal. 32 Tous les peuples de la terre seront assemblés devant lui et il séparera les gens les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres ; 33 il placera les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche. 34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : «Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, et recevez le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. 35 Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli chez vous ; 36 j’étais nu et vous m’avez habillé ; j’étais malade et vous avez pris soin de moi ; j’étais en prison et vous êtes venus me voir.» 37 Ceux qui ont fait la volonté de Dieu lui répondront alors : «Seigneur, quand t’avons-nous vu affamé et t’avons-nous donné à manger, ou assoiffé et t’avons-nous donné à boire ? 38 Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous accueilli chez nous, ou nu et t’avons-nous habillé ? 39 Quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés te voir ?» 40 Le roi leur répondra : «Je vous le déclare, c’est la vérité : toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»
41 « Ensuite, le roi dira à ceux qui seront à sa gauche : «Allez-vous-en loin de moi, maudits ! Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges ! 42 Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; 43 j’étais étranger et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison et vous n’avez pas pris soin de moi.» 44 Ils lui répondront alors : «Seigneur, quand t’avons-nous vu affamé, ou assoiffé, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison et ne t’avons-nous pas secouru ?» 45 Le roi leur répondra : «Je vous le déclare, c’est la vérité : toutes les fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne l’avez pas fait à moi non plus.»
Prédication de Jean-Samuel Bucher du 19 septembre 2015 – télécharger ici le texte en format pdf
Ce week-end du Jeûne fédéral n’est donc et vous le savez bien, ni la fête du gâteau au pruneau, ni uniquement la chance d’un lundi de congé… soyons donc un peu sérieux !
Nous voici encore et toujours invités à partager, à soutenir et à aider, et de plus ensemble avec toutes les Eglises de notre pays, de notre canton, ce qui est déjà très beau !
Alors il est encore vraiment utile de reparler de ce soutien de cette aide et du sens profond de cet élan national….que voilà à mon avis et pour aujourd’hui une bonne réflexion, et de bonnes questions.
Depuis quelques temps, nos oreilles, nos yeux sont, et à juste titre, pleins de ces migrants, de ces innombrables réfugiés chassés de leur pays, de leur maison, de leur travail et qui n’ont que le choix entre mourir ou partir.
Nous avons tous le coeur brisé par l’image de ce môme de 3 ans au gré des vagues sur ce bord de plage, cet enfant c’est un peu comme le nôtre aussi, et c’est insupportable….
L’évangile nous a redit: « j’étais un étranger et vous ne m’avez pas accueilli », « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli »!
Nous savons tous que la loi et la bible ne cessent de dire et redire des choses essentielles sur ce thème très actuels…
Il y a je crois une grande raison pour laquelle l’étranger a acquis une place centrale dans la Bible. C’est que le peuple d’Israël a vécu souvent comme un étranger, un peuple en chemin, voire en exil. Et Jésus lui-même parcourut le chemin d’Israël, chemin d’incompréhension, d’exclusion et d’Exode. En cela, Israël et le Dieu incarné ont ressenti dans leur vie le malheur et la force de la vie de l’étranger.
Aussi la Loi prend-elle très à cœur le droit de l’étranger. En résumant voici ce qu’elle en dit:
Accueillir celui qui a besoin de toi : l’émigré, l’orphelin et la veuve
Le devoir d’accueil de l’étranger est inscrit dans la Loi donnée par Dieu à Moïse, au mont Sinaï. On lit, dans le livre du Deutéronome les règles suivantes :
- Tu laisseras à l’étranger de quoi se nourrir :
- Tu associeras l’étranger aux fêtes par lesquelles tu célèbres ton Dieu :
– Accueille l’étranger en te souvenant que toi aussi, tu as été émigré
- Tu t’occuperas de l’étranger parce que toi-même, tu fus étranger en terre d’Egypte.
- Non seulement tu lui permettras de survivre, mais tu te garderas de l’exploiter
- Et puis osons-nous à nos expériences personnelles : certes il y a ici dans cette belle assemblée, des fidèles originaires du vallon et aussi du canton, mais ici au Val-de-Travers, il y a aussi des Bucher, des Müller, des Schlüter… on dit des Buchre, des Mullre, il y a aussi des Galati, des Fantini, des Gonzales, des Rose et des Dvorgisky et même des Païk…Non seulement tu ne l’exploiteras pas, mais tu le traiteras comme quelqu’un de ta famille :
• Non seulement tu accueilleras l’étranger inconnu, mais tu accueilleras de même celui qui a été ton ennemi :
• Tu appliqueras la même justice, les mêmes lois à l’étranger qu’à ceux de ton peuple
A toutes les époques des hommes, des femmes, des enfants ont dû partir pour vivre, travailler, échapper parfois au pire et souvent survivre…
Et puis, avons-nous oublié que sur cette terre et même dans notre vallon, nous sommes de passage, car cette terre nous est prêtée, elle appartient à Dieu et nous n’en sommes que les gérants, les locataires.
Dans cette question certes difficile de l’accueil des étrangers, des réfugiés, il est bien sans doute que notre Europe retrouve ses racines chrétiennes et son humanité, il y a les grands de ce monde, Angela Merkel, François Hollande, le pape François, et nous, à notre mesure, selon nos moyens, nos possibilités , à quoi en sommes-nous ?
Vous le savez aussi:
Jésus est né « sur la route » ou plutôt dans une étable, parce que ses parents, en voyage, n’avaient pu être reçus nulle part . Il a vécu, dès sa naissance, la difficulté d’être en dehors de ses « frontières ». Il fut aussitôt conduit en exil, par crainte d’Hérode . « Venu parmi les siens, les siens ne l’ont pas reconnu » . Il a épousé dès le début la condition de ceux pour lesquels la venue du Royaume serait une bonne nouvelle : Dieu est venu pour eux d’abord ! En Jésus, il s’est identifié à eux et a ressenti comme eux l’exclusion et le mépris.
Plus tard, au cours de son ministère public, Jésus demeure surtout au sein de son peuple, mais il reconnaît cependant que les étrangers aussi sont sujets de la tendresse de Dieu. Quelquefois ils donnent l’exemple dans leur manière d’y répondre : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi » « Il ne s’est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger ! ». Sur la croix, c’est un centurion romain qui reconnaît qui il est « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ».
Accueillir l’autre, c’est accueillir Dieu ou ses anges.
Dieu, avant Jésus Christ, s’est déjà identifié à l’étranger de multiples manières.
Abraham accueille Dieu en accueillant les trois étrangers (Gn 18 ; cf. « N’oubliez, pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges »).
Un journaliste disait ceci: face à cette question si importante de l’accueil des réfugiés, on peut soit être dans le cynisme comme certains ou alors dans l’angélisme…. peut-être vaut-il mieux être en fin de compte dans l’angélisme !
Jésus-Christ porte cette Loi à son accomplissement lorsqu’il déclare « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » . Nous ne serons pas jugés sur notre foi, nos pratiques et nos prières, mais sur l’amour partagé sans frontières, l’amour qui rejoint en priorité ceux qui en ont le plus besoin, l’amour qui annonce le Royaume, l’amour qui, en somme, continue la mission de Jésus ici et maintenant. Amen
L’accueil des plus pauvres, des plus démunis a sa récompense et ne l’oublions pas: c’est la vie avec Dieu pour toujours…
Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?
Re amen !