Vous êtes le sel de la terre!

Culte d’accueil des catéchumènes le 6.9.2015 à Fleurier

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 Introduction à la 1ère lecture :

Hier, c’était la fête du sel à Buttes. « Le sel c’est un exhausteur de goût, dit-on. Sans sel, la nourriture n’a plus la même saveur, n’a plus le même goût, elle semble terne et fade. Le sel désinfecte et purifie aussi. Il était utilisé dans l’Antiquité comme médicament pour soigner. Le sel purifie, le sel conserve également. Nos ancêtres le savaient, avant l’existence du frigo ils mettaient les aliments dans le sel et faisaient des saumures afin de garder l’aliment durant tout l’hiver. Pendant l’Antiquité jusqu’à la révolution, le sel servait aussi d’échange et de monnaie, et c’est du mot « sel » que provient le mot « salaire » qui était la quantité de sel que l’on donnait aux soldats.

Ainsi le sel fait partie de notre vie et c’est donc quelque chose d’extrêmement important. Et il suffit souvent d’une toute petite quantité pour qu’il remplisse son rôle. Bien plus, si la nourriture sans sel n’est ni bonne ni agréable, une nourriture trop salée est elle proprement immangeable. Une petite quantité est souvent suffisante pour qu’il remplisse son office. »[1]

Dans la Bible, on parle beaucoup du sel, également comme élément symbolique pour illustrer la relation à Dieu et entre les humains. Jésus lui aussi utilise l’image du sel. Une de ses paroles s’est transmise de 3 manières différentes dans la Bible. Ecoutons-les, d’abord dans l’évangile de Luc.

Lecture de Luc 14, 34-35 :

« Le sel est une bonne chose. Mais s’il perd son goût, comment pourrait-on le lui rendre ? Il n’est alors bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre ! »

Musique

Introduction à la 2ème lecture :

« Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre ! » dit Jésus. Il semblerait bien que derrière le sel, il y a quelque chose à entendre, à comprendre pour nos vies. D’ailleurs, comme le dit l’expression, on aime bien mettre un peu de sel dans sa vie. Ecoutons cette parole de Jésus dans l’évangile de Marc :

Lecture de Marc 9, 50 :

« Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd son goût particulier, comment le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres. »

Musique

Introduction à la 3ème lecture :

Jésus lance comme un défi à ceux qui l’écoutent. Avoir du sel en soi ou dans les relations entre nous. Quel goût a notre vie ? Quelles saveurs ont nos relations ? Peuvent-elles perdre leur goût ?

Nous savons aujourd’hui qu’il n’est pas possible que le sel perde son goût. On se demande alors ce que Jésus a voulu dire par là. Le sel de son époque pouvait être moins pur et donc perdre de son goût s’il ne restait plus que le résidu dans le mélange. Mais, on peut aussi comprendre que Jésus veut simplement parler de quelque chose d’impossible pour souligner le défi lancé à ceux qui l’écoutent.

Le défi lancé va encore plus loin dans la 3ème version de cette parole qu’on trouve dans l’évangile de Matthieu :

Lecture de Matthieu 5, 13-16 :

« C’est vous qui êtes le sel du monde. Mais si le sel perd son goût, comment pourrait-on le rendre de nouveau salé ? Il n’est plus bon à rien ; on le jette dehors, et les gens marchent dessus.

C’est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville construite sur une montagne ne peut pas être cachée. On n’allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au contraire, on la place sur son support, d’où elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. C’est ainsi que votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils louent votre Père qui est dans les cieux. »

Chant

Message :

« Vous êtes le sel de la terre ». Cette parole, vous les parents des catéchumènes de 1ère année, vous y avez réagi en écrivant vos réflexions sur un panneau lors de la soirée des parents. En voici quelques-unes :

« Le sel est essentiel, nous aussi alors ? »

« Nous comptons pour lui »

« Nous sommes des êtres précieux »

« Nous avons quelque chose à apporter là où nous sommes »

« Jésus l’atteste : « vous êtes » (≠ « soyez »). Je suis (donc) de ceux qui donnent du goût à la terre »

« J’ai, nous avons tous une manière de faire ressortir le goût de l’autre »

« Assaisonner chacune de nos relations de manière à les rendre meilleures »

Comme le sel rend la nourriture meilleure et lui permet de se conserver, comme la lumière permet de se repérer et d’avancer, nous avons chacun et chacune notre rôle irremplaçable à jouer dans le monde pour qu’il se conserve et devienne meilleur, pour qu’il trouve direction et sens.

L’auteur Pline l’Ancien né peu après Jésus disait : « Rien n’est plus utile au monde que le sel et le soleil ».

Le Christ croit en nous et, comme on le disait dans l’Ancien testament, c’est une alliance de sel qu’il veut passer avec nous : une alliance qui ne peut pas se briser, une alliance qui donne saveur à notre existence et la purifie aussi pour aller de l’avant.

« Jésus nous dit que nous sommes aujourd’hui le sel de la terre et la lumière du monde. L’Évangile nous ouvre les yeux sur ces dons que nous avons, il le dit parce que c’est la réalité, mais aussi en espérant que cela nous donnera envie d’agir un peu comme sel et comme lumière autour de nous.

Jésus ne nous oblige pas à saler et à briller, mais il dit que ce serait, vraiment, vraiment dommage pour le monde si nous ne le faisions pas. Dieu ne nous aimera pas moins si nous ne le faisions pas, mais c’est un formidable gâchis quand le sel que nous sommes perd sa saveur ou quand notre lumière ne brille pour personne, laissant le monde souffrir d’une obscurité et d’un manque de saveur que personne ne pourra combler que nous-même. »[2]

Chers catéchumènes, nous aimerions, nous les animateurs du catéchisme, que votre KT ait du goût, qu’il ne manque pas de sel. Pour cela, comme un parent l’a écrit sur un panneau, il s’agit de « permettre à chacun et chacune d’avancer sur son chemin ; partager, confronter les idées, avoir de l’espace pour voir si elles sont solides.

Ce que Jésus nous demande, ce n’est pas seulement d’épicer un peu le KT pour qu’il soit agréable et intéressant ; non, Jésus est plus ambitieux que cela ! Il s’agit de conserver le monde, de le purifier, de garder vivant le message du Christ et de le transmettre.

Ce message, c’est que nous comptons infiniment pour lui, comme chaque être humain de cette terre.

Vous les catéchumènes, vous êtes précieux. C’est Dieu lui-même qui en Jésus-Christ vous le dit. Et cela, c’est une parole, un regard sur lequel vous pouvez fonder vos vies pour grandir, vous développer, utiliser vos dons et aller vers les autres.

Nous tous ici, nous sommes précieux pour Dieu. Cette Bonne Nouvelle permet de commencer et de recommencer sur le chemin de nos vies.

Nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde. Comme Eglise, nous sommes porteurs de ce message du Christ pour le monde. Chaque être humain est précieux, chacun compte : nous tous, notre voisin de palier, nos camarades de classe, comme aussi les réfugiés qui se pressent aux portes de l‘Europe. Etre sel de la terre, c’est affirmer, au-delà de toutes nos peurs, la valeur de chacun et chacune aux yeux de Dieu et d’agir en conséquence.

« On ne met pas une lumière sous un seau. » Le seau qui empêche notre lumière de briller, ce sont nos peurs, souvent des autres ou de l’avenir. Les peurs sont à reconnaître et même à prendre en compte, mais ce ne sont pas elles qui doivent commander nos décisions et nos choix.

Cette semaine, j’ai reconnu dans l’attitude de la chancelière allemande Angela Merkel une manière d’être sel de la terre en affirmant l’importance de l’accueil des réfugiés.

Je cite un article du Temps qui relate la visite en Suisse d‘Angela Merkel :

« Interrogée par une étudiante qui s’inquiétait d’une vague d’islamisation et d’une disparition de la culture européenne, on a vu une chancelière volontariste et optimiste donner une leçon de courage. «D’abord, dit-elle, la peur est mauvaise conseillère. »

Et d’ajouter qu’il appartient à chacun de nous de défendre ses propres valeurs. On ne peut pas juste en appeler à la culture chrétienne, il faut aussi la vivre, par la Bible, la présence à l’église. L’Europe doit aussi se confronter sérieusement à son propre passé plutôt que de désigner les autres du doigt. «Cette confrontation à l’autre est une chance pour nous mais aussi l’occasion pour les autres de découvrir le christianisme», conclut la fille de pasteur. »[3]

Jésus dit « C’est vous qui êtes le sel du monde. Mais si le sel perd son goût, comment pourrait-on le rendre de nouveau salé ? »

Est-il possible que le sel perde de sa saveur ?

Non, je ne le crois pas ! Et vous ?

« Vous êtes le sel de la terre »

Amen.