PRÉDICATION POUR LA VEILLÉE DE NOËL
Culte du 24 décembre 2024 à Môtiers
Micha Weiss
Photo de Phil Hearing, Unsplash

Cette année, je ne sais pas pourquoi, mais je suis à fond dans l’ambiance de Noël.
Je veux vivre la totale : l’expérience de Noël dans toute sa splendeur, avec ses lumières et ses décos (avec mon épouse, Daphné, on a même acheté un sapin en bois qu’on a surdécoré comme il faut). J’attends avec impatience les réunions de famille. Et si je suis honnête, encore plus les festins – rôti, fondue chinoise, biscuits maison et accords mets/vins. J’écoute en boucle les hits de Noël pleins de grelots et de carillons – et au Vallon, on a même eu droit à la neige !
Est-ce que c’est l’âge qui me donne envie de me plonger dans cette ambiance de Noël ? Je m’approche gentiment de la trentaine quand même. Ou bien peut-être parce que je vais devenir papa ? Et que j’aime cette ambiance cozy avec Daphné et la petite…
Pour vous dire à quel point c’est grave, mon thé préféré du moment que je bois en longueur de journée, c’est une tisane pruneau-cannelle ! Je vous la recommande d’ailleurs…

Et vous ? Vous rêvez aussi d’un Noël douillet et chaleureux ?
Dieu vient dans notre réalité
Quand je me plonge dans l’histoire qui nous rassemble aujourd’hui. Cette histoire qui est au cœur de Noël, ce qui me frappe, c’est qu’elle semble bien loin du Noël idéal que je veux vivre !
On ne parle pas de chouettes réunions de familles ou de festins copieux, mais d’une jeune femme enceinte, Marie, accompagnée de Joseph, son fiancé. À l’époque, la situation « enceinte mais pas mariée » est perçu bien différemment qu’aujourd’hui ! Est-ce que ça explique pourquoi ils ne trouvent pas de place à Bethlehem ? On dit souvent que les auberges sont pleines. Mais Joseph doit bien avoir de la famille étendue dans sa ville natale ! Mais personne, vraiment personne, n’est prêt à leur laisser sa chambre ?
Luc nous dit simplement : « Il n’y a pas de place pour eux ».
L’histoire de Noël ne parle pas non plus d’une ambiance cozy, confortable – pas de décos sur le sapin ni de cadeaux en-dessous – et pas de musique avec grêlons et carillons non plus. La pièce où Marie et Joseph se trouvent finalement ressemble plus à un hall d’entrée qu’à une chambre chaleureuse, et ils doivent la partager avec des animaux et les gens de la maison qui la traversent à tout moment. Pas exactement le lieu le plus accueillant, agréable et propre pour passer un Noël. Et surtout pas pour accoucher – aller trouver une équipe médicale qui approuverait ! Mais c’est là que Marie met au monde Jésus : « Elle l’enveloppe dans une couverture et elle le couche dans une mangeoire ».
Et c’est ça la grande surprise – la bonne nouvelle de Noël : C’est dans la réalité du monde que Dieu vient. Dieu vient dans la vraie vie – avec tous ses hauts et ses bas, joyeuse et triste, bonne et difficile à la fois ! Cette vie qui, il faut le dire, ressemble plus à la chambre mal rangée de mon adolescence qu’à une jolie vitrine de Noël.
Et les bergers ?
Oui, à Noël, on fête la venue de Dieu dans ce monde. On fête le fait que Dieu a embrassé pleinement la condition et la biologie humaines, dans toute sa vulnérabilité. Il a passé 40 semaines dans le ventre d’une femme, et puis Il est né, comme chacun·e de nous, dans le miracle chaotique d’un accouchement.
Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que Dieu n’est pas resté à distance, à nous observer de loin et à nous juger d’en haut ? Je crois que la réponse est aussi simple que frustrante : parce que Dieu est amour et Il est juste. Ce qui se passe dans notre monde, ça le touche et Il choisit de s’y impliquer.
Comme Esaïe l’a dit : « Il ne jugera pas selon ce qu’il voit, Il ne décidera pas d’après ce qu’il entend dire ». Dieu décide de nous rejoindre pour vivre avec nous, nous connaître vraiment et nous accompagner.
C’est ce qu’on voit encore et encore dans la vie de Jésus – comme Il rencontre et aime les gens, jusqu’à la mort et même au-delà. Et on le voit dès l’annonce de sa naissance aussi, faite aux bergers, ces gens en marge de la ville et en marge de la société !
Les bergers au temps de Jésus, ce ne sont plus les héros comme Abraham ou David ! À l’époque de Jésus, les bergers sont passés du statut de héros à celui de zéro – des gens embauchés par les propriétaires des troupeaux, qui avaient la réputation d’être des voleurs et des gens malhonnêtes. Ils étaient considérés comme impurs d’un point de vue religieux et ils ne comptaient pas comme témoins au tribunal. En résumé, on n’attendait rien d’eux, ou en tout cas rien de bon.
C’est à eux que Dieu décide d’annoncer cette bonne nouvelle, cette nouvelle incroyable : « N’ayez pas peur. Oui, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout votre peuple. Aujourd’hui, un Sauveur est né pour vous. » (2,10-11)
Dieu aime se montrer dans des choses et des personnes qu’on ignore – Il aime en faire ses porte-paroles. À nouveau, parce que Dieu est comme ça ! Il ne nous choisit pas selon nos performances, notre utilité à la société ou notre savoir-vivre – Il nous choisit parce qu’Il nous aime.
Et je crois que c’est toujours le cas aujourd’hui : Dieu se fait particulièrement proche dans les parties de nos vies et de notre monde qu’on préfère mettre de côté. Ces réalités sur lesquelles on préfère fermer les yeux – qu’on préfère garder caché : solitude, souffrances, manque de sens, pauvreté, guerres, injustices, fatigue, égoïsmes, mort. Mais Dieu, Lui ne ferme pas les yeux – et Il nous promet d’un jour transformer ce monde et cette vie, parce qu’Il nous aime et qu’Il est juste !
Vivre la totale
Je ne suis pas là pour prouver que cette histoire est vraie – qu’elle s’est passée telle quelle, mot pour mot. Comme les bergers, je suis seulement là, humblement, pour témoigner de cette histoire qui me dépasse autant qu’elle me parle.
Chacune et chacun, on a la liberté et la responsabilité de décider ce qu’on en fait.
Personnellement, cette année, je veux me laisser inspirer par ce Dieu qui embrasse pleinement la vie, dans tout ce qu’elle est. Oui, je veux me laisser émerveiller par les lumières, décos et festins de Noël – je crois que Dieu y prend plaisir aussi. Et en même temps, je veux être attentif et remercier Dieu pour la beauté et la bonté des petites choses de mon quotidien – celles qui ne paient pas de mines et que je ne considère souvent même pas. Et aussi attentif et à l’écoute de la dureté et des souffrances qui m’entourent, et sur lesquels Dieu ne ferme pas les yeux.
Je veux être reconnaissant pour l’ambiance et les fêtes de Noël. Et aussi m’immerger dans ce qui fait son essence-même – cette mère qui met au monde un enfant dans une étable, un enfant qui vient transformer le monde et la vie, pour l’éternité.
Et vous ?
Je vous invite à un temps de tête à tête avec Dieu autour des questions suivantes :
- Qu’est-ce que vous vous sentez inspiré-e-s de faire ?
- À quoi est-ce qu’Il vous appelle, le petit enfant couché dans une mangeoire ?