Lecture biblique – Jean14,15-20 (traduction « Parole de Vie »)
Lors de son dernier repas avec ses amis, Jésus leur déclare : « Si vous m’aimez, vous obéirez à mes commandements, et moi, je prierai le Père. Et il vous donnera quelqu’un d’autre pour vous aider, quelqu’un qui sera avec vous pour toujours : c’est l’Esprit de vérité. En effet, le monde ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous connaissez l’Esprit de vérité, parce qu’il reste avec vous, il habite en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviendrai vers vous. Dans peu de temps, le monde ne me verra plus. Vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez vous aussi. Ce jour-là, vous comprendrez que je vis dans mon Père, que vous vivez en moi et moi en vous.
Prédication
Nous abordons aujourd’hui le troisième personnage de cette icône fameuse : Dieu le Saint-Esprit. Partons de cette icône et de ce qu’elle représente : trois personnages en dialogue constant, leurs têtes formant comme un courant continu de partage. Cette icône est aussi l’illustration de la rencontre que fit Abram avec le Seigneur alors qu’il campait près des chênes de Mambré. Ce récit bien connu de la Genèse (ch. 18) nous dit qu’Abram vit trois hommes venir à lui, et qu’il reconnut dans cette venue celle du Seigneur lui-même. Le Seigneur qui lui avait promis une descendance, mais rien encore ne s’était passé. C’est lors de cette rencontre que le Seigneur lui annoncera que lui et Sara seront parents dans un an.
Ici, c’est aussi le Seigneur, mais reconnu comme Dieu en trois personnes, symbole de la foi des chrétiens. Dans l’extrait de l’enseignement que Jésus donne à ses disciples lors de son dernier repas, j’ai choisi un court passage qui décrit le don que Dieu, Père et Fils, nous fait de l’Esprit Saint. Ces quelques versets sont riches ; j’en souligne trois éléments.
Premièrement : Jésus nous donne « quelqu’un d’autre » pour nous aider. Le terme grec de Paraclet désigne un assistant devant un tribunal, ou un avocat devant Dieu. D’autres traductions parlent ici d’un Consolateur, d’un défenseur. L’Esprit Saint sera donc notre défenseur, notre consolateur, notre aide, suite au retour de Jésus vers son Père.
Soulignons ceci : Jésus nous le donne comme un autre défenseur ; cela sous-entend que lui a été notre premier défenseur, notre consolateur, notre aide devant Dieu, durant sa venue sur terre. Nous avons pu apprécier comment Jésus nous console, nous défend et nous aide, si les récits d’Evangile sont pour nous des exemples parlant pour notre vie présente ! Ainsi, nous pouvons vivre la même confiance, la même joie et le même soulagement de savoir que l’Esprit Saint va continuer à être pour nous et avec nous ce que Jésus a incarné et apporté par toute son existence.
Deuxièmement : nous avons en l’Esprit Saint un Esprit de famille : plein de tendresse comme le Père Créateur de toute vie; plein de compassion comme le Fils notre Sauveur. Seul le regard de la foi peut le reconnaitre : comme pour le Christ ressuscité, on ne peut le percevoir que si on lui accorde notre confiance, l’ouverture de notre cœur, de notre esprit, de notre âme. Alors, il devient pour nous une personne, vivante comme l’est le Christ ressuscité. Une personne à qui nous pouvons nous adresser dans la prière, mais aussi avec qui nous pouvons dialoguer, comme nous le faisons avec Jésus et avec le Père. L’Esprit Saint est la présence du Dieu Vivant, la présence du Christ ressuscité, non en un lieu, mais en tous lieux et dans tous les temps. Il n’est pas parlé ici des dons que l’Esprit Saint donne à ceux qui l’accueillent et le laissent agir dans leurs vie. L’évangéliste Jean les concentre ici en parlant de l’ « Esprit de vérité ». Cette « vérité » est en fait tout l’enseignement des paroles et de la vie de Jésus. Combien de dons, combien de grâces, combien de qualités, combien de pouvoirs, combien de talents forment ce trésor contenu dans le récit de l’Evangile ? Cette vérité, ce sont les « commande- ments » que les disciples de Jésus suivront comme une règle de vie, comme une discipline.
Troisièmement : grâce au don de l’Esprit Saint, nous vivons comme le Christ ressuscité, déjà maintenant. Entre Vendredi-Saint et Pâques, les disciples de Jésus ont été orphelins : ils ont vraiment connu l’épreuve de l’abandon, la chute de leur foi, la peur quant à leur avenir sans celui en qui ils avaient tant espéré. Dès le matin de Pâques, ils sont passés, grâce et avec leur Maître, de la mort de leur foi à la vie victorieuse de tout doute ; du chagrin de l’abandon à la joie imprenable de la présence pour toujours ; de la peur d’un avenir sans ce Dieu d’amour à l’assurance d’une vie éternellement dans la main de ce Dieu aimant.
Nous allons tous mourir, bien sûr, à moins que le Seigneur ne revienne avant. Mais notre mort, nous assure Jésus, n’est plus une fin absolue, un néant auquel nous retournerions après nos quelques années sur terre, poussière retournant à la poussière et rien de plus. Notre mort physique demeure, et aussi les tranches de mort que nous vivons jusque là : ces épreuves de la santé, de l’affection, ces malheurs qui peuvent nous foudroyer, nous broyer, nous amputer ; tout cela existe encore et il nous arrive de les rencontrer sans qu’aucune explication satisfaisante nous soit donnée sur leur sens.
Mais, grâce au Christ ressuscité, grâce à l’Esprit qu’il nous a donné, nous pouvons vivre notre vie la plus concrète, dans ses plus grands hauts comme dans ses plus profonds abimes, nous pouvons vivre notre vie dans la confiance, dans l’assurance, dans l’espérance que tout ce que nous vivons a un sens et une valeur que Dieu nous révélera quand nous serons en sa présence, passée la mort physique qui clôturera notre vie ici-bas. Grâce à la victoire du Christ au matin de Pâques, et à ce que l’Esprit nous dit et redit, notre mort et nos tranches de mort ne sont pas la victoire de l’absurde et une fin sans raison. L’amour que nous pouvons partager, même dans nos plus grandes épreuves ; l’amour dont nous sommes entourés ; l’amour qui nous porte même quand nous ne l’éprouvons pas ; cet amour a triomphé de la mort.
Pour utiliser une image qui parle mieux à ceux qui ont vécu il y a 70 ans : nous sommes comme au lendemain du débarquement de Normandie. La victoire est assurée, même si la lutte n’est pas finie. Entre Pâques-débarquement de l’amour victorieux de la mort, et le retour du Christ, la fin de toute souffrance et de toute injustice, nous voilà vivants et croyants, luttant et espérant. Tout autant portés et aimés, infiniment.
Concluons : l’icône de la Trinité de Roublev présente trois personnes autour d’une table. Or il reste une place à cette table, entre le Père et l’Esprit, face au Fils. Cette place, elle est réservée à quiconque contem-ple cette icône et la reconnait comme le miroir d’une réalité offerte. Cette place, elle est réservée à chacune et chacun de nous. Une place à la table du Dieu trois fois saint. Une place pour entrer dans le dialogue avec Celui qui nous a aimé depuis avant le commencement du Temps et de l’Espace. Une place pour participer à la communion intense et sans fin du Dieu Père, Fils et Esprit-Saint.
Cette place, elle est aussi vécue quand nous venons communier à la table du Seigneur. Là nous y retrouve le Dieu trois fois saint, restant le même dans son élan d’amour pour ses enfants, dont nous sommes.
Que dire de plus ? Alléluia ! Amen.
L’icône de la Trinité d’après Roublev
Extraits du texte du montage audio-visuel du Centre Œcuménique de Documentation, 1986
DIEU LE SAINT-ESPRIT
Introduction. Cette icône est la plus connue de toutes. Puisse le Seigneur imposer ses mains sur nos yeux pour que nous soyons capables de regarder et de voir ce mystère d’un Dieu Père, Fils et Esprit d’Amour qui a créé l’être humain et ne cesse de lui parler ! Remarquons aussi la Maison-Eglise, l’Arbre de vie, et la Montagne où Dieu se manifeste à ses amis.
Dieu le Saint-Esprit, personnage de droite de l’icône
Entièrement tourné vers les deux autres personnages, complètement disponible, comme attendant d’eux un appel à entrer en scène.
Des mains agissantes :
Les mains de l’Esprit Saint : elles sont tournées vers le bas, en signe de don et d’action. Mais il a un seul doigt posé sur la table-monde. Il y a différents sens de ce doigt allongé : il souligne la légèreté et la délicatesse de l’action de l’Esprit saint;
il indique comme un rappel l’Eucharistie sur la table. « Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit » dit Jésus (Jean 14,26)
« Et moi, l’Esprit, je suis le doigt qui œuvre au nom du Père. » Image de la main bénissant le monde, telle une colombe qui descend vers nous. O Père bien-aimé et toi Esprit d’amour, révélez-nous le don du Fils. Cette coupe que vous nous présentez, c’est le Fils qui s’offre à nous : « Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous. »
Les trois personnages murmurent : « Viens ». Que celui qui a soif s’approche. Que l’homme de désir reçoive l’eau vive gratuitement.
L’invité-e à la table : les escabeaux où se trouvent les pieds du Père et de l’Esprit sont tournés vers une place ouverte, offerte. Et l’invité-e qui s’approchera sera le plus près du calice sur la table. L’icône intègre celui qui regarde. Moi qui regarde cette icône, je suis l’invité-e de la Trinité à la table préparée pour moi.
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