Pâques: la leçon d’un enfant pas comme les autres

oeuf_ouvert_craque_photo

5 avril 2015 – 10h au temple de Couvet  Pâques

Extraits du culte célébré par Séverine Schlüter – Télécharger en format pdf en cliquant ici

Introduction

«Jésus sort de la tombe, il vit, il est vainqueur… » dit le chant qui précède.

Ce matin, au cœur de la nuit, une lumière a luit, une espérance s’est fait jour. Le tombeau était vide, Le Christ n’est plus à rechercher parmi les morts, mais les vivants…

Nous voici rassemblés pour nous réjouir ensemble de cette nouvelle !

Lectures bibliques

Matthieu 28, 1-10 « les femmes au tombeau »

Matthieu 28, 16-20 « L’apparition sur une montagne »

Message

Le vide est souvent vécu de manière négative. Comme un échec, un manque, une absence, une perte, un sentiment de solitude. Comme ces femmes qui viennent au tombeau embaumer le corps de Jésus.

Mais, au matin de Pâques, le vide a reçu un sens différent. Laissez-moi vous raconter une histoire…

 

Cette histoire est celle d’un enfant pas comme les autres.

Appelons-le Jérémie. Il était né avec un corps mal formé, un esprit lent et une maladie chronique et incurable. Malgré cela, ses parents avaient essayé de lui donner une vie aussi normale que possible et l’avaient envoyé à l’école primaire avec les autres enfants.

A l’âge de 12 ans, Jérémie avait 5 ans d’écart avec ses camarades, et semblait incapable d’apprendre. Son institutrice était souvent exaspérée par lui. Il se tortillait sur son siège, bavait et poussait des grognements.

Elle pensait que la place de Jérémie était dans une institution spécialisée. Mais il n’y avait aucune école de ce genre à proximité, et les parents du petits savaient que ce serait un choc pour Jérémie : il aimait vraiment être ici !

L’institutrice y pensait souvent. Après tout, leur seul enfant souffrait d’une maladie incurable. Mais ce n’était pas juste de le garder dans sa classe. Elle devait enseigner dix-huit élèves plus jeunes que lui et Jérémie était source de distractions. Pourquoi continuer à perdre son temps ?

Comme elle réfléchissait à la question, un sentiment de culpabilité l’envahit.

Oh Seigneur, dit-elle tout haut, je suis encore en train de me plaindre alors que mes problèmes ne sont rien, comparés à ceux de cette pauvre famille. Aide-moi, s’il te plaît, à être plus patiente avec Jérémie !

À compter de ce jour, elle fit de son mieux pour ne pas tenir compte des bruits faits par Jérémie et de ses regards absents.

Le printemps arriva et les enfants se mirent à parler sur un ton animé de l’approche de Pâques.

Le professeur leur raconta l’histoire de Jésus, puis, pour mettre l’accent sur l’idée d’une vie nouvelle qui surgit, elle remit à chaque enfant un oeuf en plastique.

Maintenant, leur dit-elle, je veux que vous emportiez ceci à la maison et que vous le rapportiez demain après avoir mis dedans quelque chose qui exprime pour vous, une nouvelle vie. Comprenez-vous ? Oui, Mademoiselle ! Répondirent les enfants débordants d’enthousiasme.

Tous, excepté Jérémie. II écoutait très attentivement, et ses yeux ne quittaient plus le visage de l’institutrice. II ne fit même pas ses bruits habituels. Avait-il compris ce qu’elle avait dit sur la mort et la résurrection de Jésus ? Avait-il compris son devoir ? Peut-être devrait-elle téléphoner à ses parents et leur expliquer le projet.

Ce soir-là, l’évier de la cuisine de l’institutrice se boucha. Elle téléphona à son propriétaire et attendit une heure avant qu’il ne vienne. Après cela, elle avait encore des courses à faire, une blouse à repasser et un contrôle de vocabulaire à préparer pour le lendemain. Elle oublia complètement de téléphoner aux parents de Jérémie.

Le matin suivant, dix-neuf enfants vinrent à l’école, en riant et en parlant et tous placèrent leur œuf dans le large panier en osier qui était sur le bureau de l’institutrice. Après la leçon de mathématiques, le temps d’ouvrir les œufs arriva.

Dans le premier œuf, l’institutrice trouva une fleur. Oh oui ! dit-elle. Une fleur, c’est certainement le signe d’une vie nouvelle. Lorsque les plantes sortent de la terre, nous savons que le printemps est là. Une petite fille de la première rangée leva sa main et cria : C’est mon œuf, Mademoiselle !

L’œuf suivant contenait un papillon en plastique qui paraissait réel. L’institutrice le souleva et dit : Nous savons tous qu’une chenille change, grandit et devient un papillon magnifique. Oui, ceci est aussi une nouvelle vie. La petite Aurélie sourit fièrement et dit : Mademoiselle Meunier, cet œuf-là, c’est le mien !
L’institutrice trouva ensuite un morceau de rocher couvert de mousse. Elle expliqua également que la mousse parlait de la vie. Benjamin cria du fond de la classe avec son visage rayonnant : mon papa m’a aidé !

Lorsque l’institutrice ouvrit le quatrième œuf, elle retint son souffle. L’œuf était vide. Elle se dit que ce devait être l’œuf de Jérémie et qu’il n’avait sans doute pas compris les instructions. Si seulement elle n’avait pas oublié de téléphoner à ses parents ! Afin de ne pas l’embarrasser, elle mit doucement l’œuf de côté et avança sa main pour en prendre un autre.

Soudain Jérémie parla et dit : « Mademoiselle, vous ne voulez pas parler de mon œuf ? » Troublée, elle lui dit : « Mais Jérémie, ton œuf est vide ! »

L’enfant la regarda alors dans les yeux et lui dit doucement : Oui, mais la tombe de Jésus était vide aussi ! Le temps sembla s’arrêter…

Lorsqu’elle put reparler, l’institutrice lui demanda : Sais-tu pourquoi la tombe était vide ? Oh oui ! Répondit-il. Jésus a été tué et mis dedans. Après son Père l’a ressuscité !
La cloche annonçant la récréation, sonna. Dès que les enfants furent sortis de la classe pour aller dans la cour, l’institutrice se mit à pleurer. Le froid intérieur se dissipait complètement.

C’était là une bien belle leçon de Pâques, d’un enfant pas comme les autres…

Oui, au matin de Pâques, le vide a reçu un sens différent…

Le vide du tombeau est signe de la mort vaincue.

Il est un espace donné. Un espace d’espérance et de confiance.

Un espace pour déposer ce qui nous préoccupe et nous encombre l’esprit. Un espace pour recevoir des forces nouvelles, et une paix venue d’ailleurs. Un espace ouvert sur l’avenir. Un espace donné pour aimer, pour grandir, pour créer, et inventer.

Un espace où se glisse la présence et l’amour de Dieu qui transforme toutes les forces de mort en force de vie !

Amen.

Intercession

Au matin de Pâques, le tombeau était vide… Jésus est à chercher ailleurs que dans la nuit et le silence de la tombe.

Tu nous l’a promis Seigneur : désormais, au-delà des temps et des âges, au-delà des espaces, tu es avec nous.

C’est pourquoi nous pouvons déposer devant toi

les soucis, les questions et les détresses des humains.

Souviens-toi de ceux qui plient sous les difficultés.

Console et réconforte les affligés,

les malades du corps ou de l’esprit,

ceux qui sont privés de secours humain,

ceux qui souffrent de l’injustice

dans un monde qui les rejette.

Souviens-toi des membres de nos familles,

auprès et au loin.

Reste avec nous, dans chaque situation de détresse.

Après ta résurrection, tu as envoyé tes disciples dans le monde. Tu nous envoie, nos aussi.

Où donc verra-t-on ton visage, ô Christ, sinon à travers des communautés qui annoncent ta parole de libération, et qui vivent ton Evangile à travers des actes de pardon et de paix ?

Oui, tu nous envoie, dans notre quotidien

pour donner notre bienveillance,

accorder notre attention,

engager notre solidarité,

travailler pour la dignité,

prendre du temps pour la prière.

Reste avec nous, pour qu’apparaisse ton visage

pour nos frères et soeurs de ce temps !

Amen.

Envoi

Jésus le Christ a commencé, mais Pâques est à suivre !

Et voici que nous sommes appelés à continuer Pâques, à achever le travail entrepris par le Christ ressuscité : en nous dressant en actes et en paroles, en tous lieux et d’abord en nous-mêmes, contre le mal qui cherche toujours à établir son règne, en mettant notre foi et notre espérance en Jésus le Christ ; en croyant que grâce à lui, la vie est en train de mûrir au sein même de la mort ; en croyant que , grâce à lui, nos actes et nos paroles, en tous lieux, hâtent l’éclosion de la création nouvelle.

Allons, dans la joie et la paix du Christ ressuscité !

Bénédiction

Le premier jour de la semaine, Jésus vint,
 il se tint au milieu des disciples et leur dit :
“ La paix soit avec vous ! ”

Qu’en ce jour de Pâques, frères et sœurs, la paix soit avec vous !

Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de sa joie et de sa paix.

Amen.