Un verre d’eau pour la route – Prédication du 28 juillet 2024

Culte du 28 juillet 2024 à 10h à Travers

Textes :

Prédication : Un verre d’eau pour la route.

de Patrick Schlüter

Ça fait tout drôle de présider ce dernier culte ici à Travers avant nos adieux officiels à la paroisse le 25 août !

Pour ce culte, j’ai eu envie de prendre le psaume 23 dont le début est le verset que j’ai reçu à ma confirmation en 1987. Ce psaume 23 est aussi demandé régulièrement comme texte pour accompagner des services funèbres !

« Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien »

C’est un texte pour un début ou une fin. Cela correspond à ce que nous vivons dans cette période. C’est la fin de mon ministère ici au Val-de-Travers, le commencement d’un autre dans le Vallon de St-Imier, le commencement aussi d’une nouvelle période pour la paroisse du Val-de-Travers avec une équipe ministérielle renouvelée.

Commencement ou fin, mais un même fil conducteur : la présence de Dieu tout au long du chemin : « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien »

À côté du psaume 23, j’ai choisi la lecture de l’Évangile de ce dimanche : le récit de la multiplication des pains dans l’évangile de Jean. Il y a dans les deux textes l’herbe de la campagne, un repas à partager. Dans l’évangile de Jean, Jésus se pose comme le bon berger. Ici, il rassemble et nourrit la foule.

Quelle impression de plénitude en écoutant cette histoire de la multiplication des pains !

Jésus se trouve face à une foule qu’il réussit à nourrir en partant de presque rien. On peut comparer cela à un verre qui se remplit d’abondance, d’eau fraîche ou plutôt de pain et de poisson.

  • Remplir un verre avec une cruche

Qu’il devait être alors facile de croire, d’espérer et de partager !

Aujourd’hui, peut-être avons-nous parfois l’impression que le verre de notre Église est plutôt vide ou rempli seulement de quelques gouttes, mais qui tendent un peu à s’évaporer.

  • Sortir un verre vide et y mettre quelques gouttes

En vrac, quelques impressions ou expressions qui circulent un peu partout : les Églises se vident, n’intéressent plus grand monde, Elles ont perdu la confiance suite aux scandales qui sont sortis ces dernières années.

Au niveau personnel de nos vies, il n’est pas non plus aussi simple de remplir le verre de nos existences de l’eau fraîche dont nous avons besoin, que ce soit sur le plan matériel ou spirituel.

Verre plein ou verre presque vide ?

Les disciples de Jésus vivent aussi l’expérience du manque, de la tâche trop grande pour eux. Je me sens proche d’eux. Il y a dans ma vie, dans mes relations, dans l’Église des richesses que je connais, que j’apprécie, mais qu’est-ce que cela face aux problèmes de société, d’Église, aux choses qu’il faudrait s’atteler à changer ?

Comme les disciples, j’ai conscience de ce que j’ai, mais aussi de son insuffisance. Aujourd’hui comme hier, Dieu a choisi de partir de ce que nous possédons, de ce que nous pouvons mettre à son service.

Alors mon histoire de verre presque vide ou de verre plein, elle se transforme en histoire de verre à moitié vide ou plutôt à moitié plein.

  • Sortir un verre rempli à moitié.

Que voyez-vous ? Un verre à moitié plein, ou à moitié vide ?

L’image est facile. Bien sûr qu’il vaut mieux considérer que ce verre est à moitié plein, c’est plus encourageant ! Mais ce n’est pas toujours simple à faire ! C’est un regard à travailler, mais aussi à recevoir de Dieu. Dans notre histoire, Jésus, bien qu’il sache ce qu’il va faire, nous dit l’évangéliste Jean, pose une question à Philippe, un peu comme s’il voulait lui faire comprendre quelque chose, le faire chercher par lui-même. Ce sont d’ailleurs les disciples qui découvrent les ressources qu’il y a parmi la foule, mais en même temps, elles leur semblent si petites, si dérisoires. Pourtant Jésus en fera quelque chose…

  • Sortir le verre rempli à moitié.

Alors si je reprends mon verre, l’invitation de Jésus serait de le voir à moitié plein, puis, petit à petit de remplir le verre en partant de ces petites richesses personnelles ou ecclésiales… Voilà déjà tout un programme de cheminement spirituel.

  • Remplir petit à petit le verre avec la cruche.

Mais voilà qu’une fois la multiplication des pains opérée, Jésus s’en va car il ne veut pas que la foule le fasse roi. Une fois le verre rempli, Jésus semble s’en désintéresser ! Il ne sait pas ce qu’il veut, pourrions-nous peut-être dire !

C’est que Jésus ne recherche pas le succès, car celui-ci peut faire passer à côté de l’essentiel. Ce qui compte, c’est la qualité de la relation avec lui et entre les disciples. Ce qui compte, c’est d’être en route, de suivre le Christ. 

Faire fructifier ses richesses, avoir de l’eau dans son verre. Oui, c’est bien, mais Jésus veut nous inviter d’abord à être, avant de faire ou d’avoir. Il nous nous invite à être en relation avec lui, le pain de vie, et à être en relation avec les autres et avec soi-même. Ce qui compte, ce n’est pas d’abord le nombre de personnes nourries et la quantité des restes, c’est que tout cela continue d’être partagé, que chaque personne présente se mette en route avec le Christ.

Il y a de nombreuses invitations dans cette attitude de Jésus pour nous comme Église, mais aussi pour nos vies personnelles :

  • En Église voulons-nous toucher plus de gens ? Voulons-nous aussi approfondir notre foi et découvrir toujours plus le Christ ?
  • Qu’est qui nous nourrit dans notre foi, dans ce que nous vivons en Église ?
  • Ensuite, nous pouvons demander avec qui nous voulons le partager : à quelle activité de ma paroisse est-ce que j’ai envie d’inviter quelqu’un que je connais ?
  • Finalement, que recherchons-nous dans nos vies ? A les remplir de plusieurs activités, de loisirs, d’amitiés, de temps de réflexions, ou de prière ? C’est bien, mais voulons-nous entendre aussi l’invitation de Jésus à approfondir, à apprendre à être plus qu’à faire ?

Jésus nous invite à prendre conscience de nos propres richesses, mais il veut aussi nous apprendre à les voir autrement, d’abord dans leur qualité, plus que dans leur quantité. Il y a là une invitation à lâcher la maîtrise de sa vie et de ses richesses pour les découvrir comme des dons de Dieu que nous ne possédons pas.

Pour revenir à mon verre d’eau, l’essentiel n’est peut-être pas d’abord de le remplir jusqu’au bord, mais de se réjouir de ce que l’eau désaltère, donne des forces pour aller un peu plus loin.

  • Boire le verre

Que ce verre d’eau fasse naître aussi la soif de la vérité et du sens.

Amen.