Message de Jean-Samuel Bucher
Texte biblique: Marc 4, 35-41 – La tempête
Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule.
Le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière.
Les disciples le réveillent et lui disent :
« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ?
N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci,
pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
« Une nacelle en silence…vogue sur un lac d’azur… »
Message:
Ma grand-maman, une femme de foi, savait par cœur ce cantique, je m’en suis souvenu, non sans émotion, sur ce bateau qui glissait sur le lac de Tibériade, alors que c’était…le calme plat !!!!
Avec les Apôtres, emportés par les vents impétueux dans leur fragile embarcation au milieu du même lac, le texte de ce jour nous invite à pénétrer, nous aussi, dans l’œil du cyclone, et à explorer cette expérience universelle de la tempête, et à chercher Dieu… dans nos tempêtes.
La Bible est d’ailleurs familière de cette image, puisque c’est aussi alors que son cœur est plongé dans la tempête du ressentiment, qu’Elie reçoit la révélation de Dieu, une fois la tempête apaisée !
Et c’est la tempête qui se clame lorsque la mer engloutit le prophète Jonas !
Oui, donc, la tempête est bien au cœur de l’expérience de Dieu, de sa manifestation en ce monde.
Mais chacun de ces récits de tempête comporte un trait particulier, qui nous permet d’approcher davantage ce mystérieux langage que Dieu emploie pour nous parler, pour ouvrir l’oreille de notre cœur.
Reprenons si vous le voulez bien la lecture de ce jour.
Les Apôtres font l’expérience, au milieu des flots déchaînés, de leur insupportable faiblesse. C’est le sauve qui peut !
Mais, comme dans le livre de Job, Dieu reste silencieux : Jésus dort.
Il y a un contraste saisissant entre l’affolement des disciples, et la maîtrise sereine de Jésus face aux éléments déchaînés.
Ce n’est pas seulement la peur de la mort qui fait hurler les apôtres, mais c’est surtout l’incohérence, l’insupportable chaos du monde qui les désoriente et nous désoriente par les temps qui courent…
Car la tempête est aussi le symbole le plus fort de ce désordre qui semble à tout moment vouloir engloutir nos sociétés, nos Eglises, nos communautés, nos propres existences, voire notre monde et dans une 3e guerre mondiale !
Devant ce déchaînement aveugle de violences, de souffrances et de haines, Jésus nous pose une seule et unique question, la seule qui vaille vraiment d’être posée : « comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? »
Le véritable problème, le véritable enjeu, ce n’est pas le pourquoi de la tempête, mais c’est bien le pourquoi de notre manque de foi !
Cette foi qui, pourtant, transporte les montagnes, apaise les tempêtes, déplace les obstacles, guérit les maladies, chasse les démons, et proclame la vérité.
Cette foi nous manque, comme elle manquait aussi aux disciples sur la barque ! Notre réelle pauvreté n’est pas une pauvreté en moyens, une pauvreté en personnes, une pauvreté en communication, mais c’est une pauvreté dans la foi.
Notre seul vrai problème, ce ne sont pas les tempêtes, médiatiques et autres, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours, ce ne sont pas l’ignorance et l’indifférence de nos contemporains, cela a toujours été.
Non, le cœur de notre problème, c’est cette question lancinante, que Jésus répète à plusieurs reprises dans les évangiles, et qu’il nous adresse aujourd’hui encore, à travers les siècles : « comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? »
« Je crois Seigneur, viens en aide à mon manque de foi ! »
Fais-moi, fais nous Seigneur le don, le cadeau de la foi, Amen !
Lien pour écouter le chant cité au début : https://www.youtube.com/watch?v=76a9V6-gYvM