Dimanche des réfugiés – Témoignage

Partie 1 : témoignage, la réalité de Aryan en Afghanistan

V : Merci de te présenter en quelques mots

V : Pourquoi tu es parti de ton pays ?

A cause des Talibans, qui ne me laissaient pas choisir ma vie.

V : Tu as mis combien de temps pour te décider à partir ?

Un jour, les nouvelles ont annoncé que Kaboul (capitale) allait être prise par les Talibans. Beaucoup de gens dont mon papa ont combattu. Les Talibans contrôlaient toutes les maisons, ont volé, ont obligé à donner des armes, de l’argent. Avec ma famille, on s’est caché et on a décidé en 5-6 jours de se préparer à fuir. Mais mon papa a été tué. On a tout perdu et on ne pouvait pas envisager de rester avec les Talibans.

J’ai d’abord essayé d’aller en Iran avec ta famille plusieurs fois, mais nous n’avons pas réussi.

Alors j’ai laissé ma famille, pris mon petit frère et on est parti les 2.

Réflexion 1

Des jours, j’ai envie de partir, d’explorer le monde, de découvrir de nouveaux paysages, d’apprendre des coutumes différentes.

Alors je loue une maison quelques semaines pour les vacances Au mieux je marche 4 mois. Et puis, je reviens ici. Parce qu’ici, je suis bien : j’ai un travail, des amis, ma famille, un toit, la sécurité.

Qu’est-ce qui pourrait me pousser à renoncer à tout cela ? Rien !

Ou alors peut-être cette phrase de Jésus : lire Luc 9, 58

Mais… Jésus ne dit-il pas que si nous voulons le suivre, nous sommes appelés à ne pas avoir de lieu où reposer notre tête ?

Nous sommes et devrions toutes et tous nous comprendre comme des migrants, des nomades, des réfugiés ! (2x)

Phrase d’orgue

Partie 2 : témoignage de Aryan : le voyage

Quels bagages avais-tu avec toi ? (montrer le sac)

Sac à dos, avec pain, eau, de l’argent (que j’avais gagné en vendant nos terrains, nos animaux), 1 habit sur moi et un habit de rechange. Téléphone tout simple.

Quelles ont été tes conditions de voyage ?

Montrer vidéos, photos.

Réflexion 2

« Des colonnes de migrants, j’en ai croisé pendant des siècles… À ceux qui doutent que L’Humanité s’améliore, je signale ce progrès indiscutable ! Aujourd’hui, sur les écrans, j’aperçois des familles hagardes qui échappent aux coups d’une tyrannie, au bouleversement du climat. Lorsque j’arpente Beyrouth, je rencontre des Syriens cherchant à s’éloigner des terroristes qui les asservissaient, des bombardements qui détruisaient leur ville, de la famine, de la pauvreté, de l’injustice, du chaos. L’exode relève de la condition humaine.

Pourtant, ceux qui ne fuient pas refusent cette réalité. Provisoirement à l’abri, campés sur leur terrain ainsi qu’un chêne dans le sol (…), ils estiment que l’espace leur appartient et considèrent les migrants comme un être inférieur doublé d’une nuisance. Quelle bêtise aveugle ! J’aimerais tant que l’esprit de leurs aïeux circule en eux pour le rappeler les kilomètres parcourus, les transhumances sans fin, la peur au ventre, l’incertitude, la faim… Pourquoi, au fond de leur chair, ne subsistent pas les souvenirs de leurs anciens qui survécurent au danger, à l’hostilité, à la misère, aux guerres ? La mémoire de ces courages ou de ces sacrifices auxquels ils doivent leur vie les rendraient moins sots ! S’ils connaissaient et reconnaissaient leur histoire, leur fragilité constitutive, la volatilité de leur identité, ils perdraient l’illusion de leur supériorité. Il n’existe pas d’humains plus légitimes à habiter ici que là. Le migrant, ce n’est pas l’autre ; le migrant, c’est moi hier ou moi demain. Par ses ancêtres ou par ses descendants, chacun de nous porte 1000 migrants en lui. »

Eric Emmanuel Schmitt

Phrase d’orgue

Partie 3 : témoignage d’Aryan et de Valérie : la réalité d’Aryan en Suisse

Aurais-tu imaginé d’être un jour migrant et de quitter ton pays ?

Non, j’aurais voulu voyager, mais pas fuir comme migrant. J’étais bien au pays.

Après 1 ½ année en Suisse, qu’est-ce qui te manques ?

Avec mon cœur : j’ai très l’ennui de ma famille, j’aimerais être dans le bras de ma maman et c’est dur d’être ici et de me sentir responsable de toute ma famille.

Après 1 ½ année en Suisse, qu’est-ce qui est bien pour toi ?

Mais avec ma tête : je sais que si j’étais resté en Afghanistan, nous serions des mendiants. Ma famille vit grâce à l’argent que je lui envoie, donc c’est bien que je puisse vivre ici.

Je me suis fait des amis, j’apprends le français, je me sens en sécurité, je peux travailler.

Réflexion 3

Jésus nous interpelle à être comme lui : mobile, nomade… à savoir :

  • nous montrer autonomes dans notre réflexion,
  • oser remettre en question les vérités qui paraissent bien établies – à propos des demandeurs d’asile en particulier,
  • se défier de tous les absolutismes religieux,
  • dénoncer, pointer du doigt les injustices,
  • accueillir, dépasser nos préjugés,
  • prendre des risques et être prêt à faire le saut de la confiance en Dieu.

Alors osons vivre cela et osons proposer cette vie authentique de nomade à celles et ceux que nous rencontrons : aux bien installés, à celles et ceux de passage dans nos vies, et surtout aux vrais héros migrants qui viennent chez nous pour y chercher la liberté et la paix.

Amen