Culte du samedi 27 janvier 2024 – 17h, Môtiers
Prédication : Cyprien Mbassi
Textes bibliques : Hébreux 11, 1-6 - Marc 4, 35-11
Chers frères et sœurs,
Ce texte d’Evangile risque de nous décevoir parce qu’il raconte un double échec de Jésus :
Le premier échec est celui de son sommeil. Jésus dort tranquillement sur un coussin alors qu’il y a « une violente tempête ». Les vagues sont tellement fortes qu’elles se jettent sur la barque et la remplissent d’eau.
Parmi les disciples, il y a au moins quatre pêcheurs : Simon-Pierre, André, Jacques et Jean. Ils connaissent cette mer de Galilée. C’est leur lieu de travail. Ils n’en sont certainement pas à leur première tempête. Et s’ils sont pris de panique, c’est qu’ils sont réellement en danger : « Maître, nous sommes perdus », crient-ils à Jésus qui dormait.
Et à leur cri de détresse, ils ajoutent un reproche : « Cela ne te fait rien ? » Les disciples reprochent à Jésus de ne pas entendre la mer se déchaîner alors qu’ils sont en danger. Ils lui reprochent de ne pas voir les flots se déverser dans la barque alors que leur vie est menacée. Ils lui reprochent d’être passif malgré sa présence dans la barque. Ils sont terrifiés et lui expriment son échec à les rassurer, son échec à être solidaire de leur lutte pour survivre à la tempête.
Le deuxième échec de Jésus est celui de sa réaction quand il se réveille. Il menace le vent et ordonne à la mer de se taire. Le vent tombe et il se fait un grand calme. La menace qui pesait sur les disciples est écartée, mais pas d’une manière qui les rassure. Après avoir été terrifiés par la violence de la tempête, ils sont à présent terrifiés par Jésus lui-même : « Qui est-il donc, celui-ci, disent-ils, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? ».
Jésus semble mis en échec parce que sa réaction est disproportionnée. Au lieu de faire passer ses disciples de la panique au calme, il les fait passer d’une peur à une autre. Il n’y a pas de fin heureuse à ce texte. Il se construit dans la peur et se termine par la peur des disciples. Un décor dramatique et sombre qui a toute son explication dans une seule phrase que Jésus adresse à ses disciples : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, leur demande-t-il, n’avez-vous pas encore la foi ? »
Cette phrase rectifie notre lecture. Elle indique que les deux échecs apparents de Jésus sont, en réalité, les échecs des disciples ? Si on lit ce texte avec un regard simplement humain, sans les lunettes de la foi, alors on dira que c’est Jésus qui est en échec parce qu’il n’a pas su aider ni rassurer ses disciples.
Mais si les disciples avaient gardé la foi durant la tempête, ils auraient compris que le sommeil de Jésus n’est pas une démission. Ils auraient compris que l’inaction de Jésus n’est pas un abandon.
Cet Evangile nous est adressé à nous, disciples d’aujourd’hui, pour que nous apprenions des erreurs des premiers disciples, pour que nous soyons édifiés par leur manque de foi :
Quand la tempête des épreuves s’abat sur notre vie, gardons la foi, n’ayons pas peur. Laissons dormir le Christ sur le coussin de notre barque. Qu’il se réveille quand bon lui semblera. Quand les vents de la contrariété et de l’échec soufflent avec violence dans notre vie, gardons la foi, n’ayons pas peur. La présence du Christ nous suffit, même s’il semble passif et silencieux.
Quand les flots du mal et de la souffrance se déversent dans notre barque, gardons la foi, n’ayons pas peur. La présence du Christ à nos côtés ne signifie pas que nous ne souffrirons plus. Elle signifie qu’avec la foi, nous sommes équipés pour y faire face.
C’est ce que nous rappelle l’apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens : « Ne [quittez] jamais le bouclier de la foi, dit-il, [il] vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais » (Ep 6, 16).
Dieu veut que nous vivions sans inquiétude ni crainte. Il veut que nous profitions de cette vie qui vient de sa sagesse. La foi est la force et la lumière qu’il nous donne pour que notre vie soit plus vivable. Alors, si nous voulons faire plaisir à Dieu, servons-nous de la foi. Croyons qu’il est présent à nos côtés partout et en toutes circonstances, non pas pour nous surveiller ni pour nous juger, mais pour nous rassurer et nous édifier. Gardons la foi. N’ayons pas peur.
Amen