Prédication de Jean-Samuel Bucher, 7 et 8 mars 2015
Jean 2, 13-25, quels dieux – A télécharger ici en format pdf
Texte biblique: Evangile de Jean 2,13-25
Quand on parle de Jésus, quand on se l’imagine, on voit volontiers un homme doux, un non violent, un personnage attentif, respectueux, bienveillant et patient….
Et cela le Christ l’est bien évidemment.
Dans le texte de l’Evangile de ce jour, nous voici pourtant en face d’un homme décidé, déterminé, fâché, colérique et le ménage qu’il fait et les mots qu’il utilise ne sont ni gentillets, ni amicaux.
J’espère que vous vous dites comme moi, qu’il a de bonnes raisons de parler et d’agir ainsi, et que le jeu en vaut la chandelle.
Est-ce dû à mon âge qui avance ou encore à ce que je vois du monde qui nous entoure et même ici tout près dans notre beau canton de Neuchâtel, et bien autant vous le dire, il me semble assister de plus en plus à une véritable chutes des valeurs, notamment celles qui nous ont été transmises depuis des siècles par l’Evangile.
Il y a, je le crois quelques faux dieux qui sont en passe de devenir des vrais et grands dieux…. Vous le savez bien actuellement toujours et partout on parle d’argent, de profit, de saintes économies comme si bientôt le seul but de nos vies et de notre société se situait là, et que c’est ces dieux là qu’il nous faut servir et adorer.
On connait tous ce verset : vous ne pouvez pas servir deux maîtres, Dieu et l’argent…
Je sais aussi qu’il est toujours délicat de parler d’argent…que ce soit en famille ou même en Eglise, car c’est un sujet qui…fâche !
Autre chose : depuis plusieurs décennies et non sans difficultés, on a mis sur pied dans notre pays toute une politique sociale qui comprenait l’attention aux plus démunis, jeunes ou âgés, aux défavorisés de la vie et de toutes sortes, mais que restera-t-il de cette attention quand on aura fini de sacrifier à ces dieux trompeurs de l’économie et des économies…bonne question !
Je me demande aussi pourquoi c’est principalement dans le domaine social qu’il faut en faire, et pas au niveau des autoroutes, des trains ou encore de l’armée !
Et puis ceci : je suis tout de même préoccupé de constater que parfois même dans les Eglise et dans la nôtre, on se met à penser et à agir selon les modes et les dadas de notre monde actuel, y compris aussi dans les questions financières…
En basse ville à Fribourg et depuis plusieurs siècles, de jour comme de nuit des moniales cisterciennes prient, leur devise est: « Dominus providebit », ce qui signifie : Dieu pourvoira….quelle leçon !
Alors nous autres chrétiens comment et en quoi faisons-nous confiance à Dieu pour nos questions financières….entre parenthèse c’est tout de même intéressant de constater dans l’histoire de l’Eglise que la plupart du temps les grandes réussites financières ont mené à des catastrophes du point de vue spirituel et à un très grand appauvrissement dans ce domaine… voire à des disparitions.
Bon ok, faire confiance à Dieu ne doit pas non plus nous inviter à être stupides dans la gestion de nos finances, il me semble que la confiance à Dieu en Dieu, n’exclut pas d’être intelligent et avisé….
Mais reste tout de même une grande question pour nous, dans notre vie d’Eglise et dans nos vies personnelles, qui adorons-nous, qui servons-nous…l’argent ou Dieu ?
Voici sans doute quelques raisons quelques questions qui expliquent la colère et l’énervement du Christ quand il voit que son temple, la maison de son Père est devenu la Coop ou la Migros et que l’on y fait du commerce et du fric.
Je me demande du reste si aujourd’hui encore le Christ ne désire pas faire du ménage dans nos priorités, notre échelle de valeurs.
Faut-il encore redire ici que le rôle et la vocation des Eglises, le rôle et la vocation des chrétiens n’est pas de braire et de vivre selon le monde…. En effet notre rôle et notre vocation, c’est de vivre et de dire l’Evangile à temps et parfois à contretemps….
Pour évangéliser, il faut sans doute aussi être ok d’en payer le prix qui parfois est le rejet ou pire l’indifférence…. On imagine du reste souvent que le martyr se vit dans le sang et c’est vrai actuellement au Nigeria, en Inde, en Egypte et en Syrie… mais ici en Europe, c’est bien plutôt l’indifférence ambiante qui peut faire de nous des martyrs qui s’ignorent…. Mais bref !
Afin d’avancer vers Pâques, sans doute qu’il est nécessaire de nous redire que pour nous, comme pour le Christ, Dieu est le maître et que pour le Christ comme pour nous, l’argent n’est qu’un serviteur…
Je nous souhaite une bonne route vers Pâques, et aussi le courage et la volonté de vivre parfois autre chose et autrement que notre monde dur et souvent cruel….
Qu’à sa table le Christ pour qui aimer c’est tout donner, renouvelle notre confiance, notre courage, notre amour pour les autres et pour Dieu.
Mars 2015, Jean-Samuel Bucher