Culte musical et chanté à Fleurier
Prédication du 7 janvier 2024 – Epiphanie
De René Perret
Textes bibliques : Esaïe 60,1-6 ; Matthieu 2,1-12
Aujourd’hui, l’Invisible apparait. Celui qu’on ne voit pas se fait voir, afin de faire de nous des voyants.
Alors voyons ! mes sœurs et mes frères, cette Bonne Nouvelle cachée dans ce récit haut en couleurs, une Bonne Nouvelle qui ouvre notre regard sur nous, sur Dieu et sur le monde.
Tout d’abord, la nuit et l’Etoile.
Toutes ces nuits, pendant lesquelles les mages voyagent, guidés par cette Etoile messagère. Cette nuit où ils arrivent à Bethléem, trouvent l’enfant et l’adorent.
Cette nuit aussi où, dans un rêve, ils sont avertis de prendre un autre chemin pour rentrer chez eux.
Et j’imagine aussi la nuit entourant le roi Hérode, quand il s’inquiète de cette naissance qu’il croit le menacer. La nuit de sa peur d’être détrôné ; la nuit de sa haine d’un rival tant attendu ; la nuit encore de sa fureur destructrice, quand il cherchera à tuer ce nouveau roi, en exterminant tous ces petits de moins de 2 ans à Bethléem et dans la région.
La nuit et l’Etoile, aujourd’hui, pour nous, c’est quoi ?
La nuit de la recherche de Dieu, où bienheureux nous sommes quand nous apercevons une Etoile, un signe qui nous fait avancer avec confiance.
Quand nous pouvons expérimenter ce que nous chantons : « Aube nouvelle, dans notre nuit… »
Dans la nuit du doute, du sentiment de solitude ; dans la nuit du chagrin, comme un trou noir qui engloutit toute lumière précédente ; dans toutes ces nuits que nous connaissons, que nous expérimentons, que nous traversons.
Et aussi dans les nuits de la folie humaine dont nos médias nous abreuvent jusqu’à plus soif : que se fasse voir une Etoile qui, pareille à celle des mages, nous fasse lever la tête, nous donne le goût de l’espérance d’un secours qui vient à notre rencontre. Une présence amie nous est accordée, celle de Dieu lui-même. Amen.
Après la nuit et l’Etoile, le Dieu invisible et l’enfant.
Dans un peuple qui attend le Messie avec une ferveur que nous n’imaginons pas, voilà que retentit cette annonce : il est né à Bethléem, concrétisant l’annonce du prophète. Une chose est d’attendre ardemment, une autre est d’entendre : voilà, c’est là, votre attente prend fin ; venez voir !
Et ce sont des étrangers qui verront et accueilleront l’inouï : le Dieu Invisible se montre dans un petit d’homme.
Et tout petit déjà, il sera pleinement humain et pleinement Fils de Dieu.
Pour le reconnaître, pour bien l’accueillir dans ce qu’il nous montre, avant de nous parler, il nous faut l’ouverture d’esprit et la disponibilité de ces sages étrangers.
Alors que les autorités religieuses de son peuple, connaisseurs des textes bibliques, ne pourront pas regarder autrement que ce que leur catéchisme leur a enseigné.
Pour eux, la Parole de vie s’est momifiée en des dogmes, des habitudes, des préjugés. Même Dieu ne peut changer leur regard, s’ils ne veulent pas se laisser surprendre par sa souveraine liberté.
Pour nous, aujourd’hui, se pose la même question : est-ce que Dieu peut te surprendre ? Es-tu prêt à te laisser rejoindre, atteindre, d’une façon que tu n’attends pas ? Mieux : es-tu partant pour ressembler à ces mages, et devenir consciemment et constamment chercheur et chercheuse de Dieu ?
Car il se cache aujourd’hui comme hier, afin que tu te trouves en le trouvant !
Enfin, après la nuit et l’Etoile, le Dieu invisible et l’enfant, voici le Berger d’Israël et le reste du monde.
Les mages ont cherché et trouvé le Roi des Juifs, celui que le prophète appelle le Messie, le berger d’Israël. Mais ces étrangers ont rencontré celui qui se révèlera berger d’un peuple plus grand encore, un peuple aux dimensions du cœur du Dieu créateur de l’Univers.
Il appellera un jour chaque vivant son frère, sa sœur. Non pas chaque chrétien, ou chaque croyant : chaque vivant, de quelque lieu et quelque temps qu’il soit.
Si sa grandeur n’a d’égale que sa proximité respectueuse avec chacun de nous,
et jusqu’au plus intime de nos personnes ; si sa puissance se manifeste dans sa patience à nous vouloir en vis-à-vis confiants ; alors, que Jésus, dont le nom signifie Dieu sauve, nous « renverse » d’adoration, depuis le début de sa vie.
Que nous soyons, comme les mages, ébaubis par qui il est et qui il deviendra.
Et que notre adoration fasse de nous des messagers de la Vie qu’il nous apporte, à nous et au monde.
Amen