Message de Véronique du 25 septembre 2023

La pasteure Véronique Tschanz Anderegg est en congé sabbatique de 5 mois du 7 juin au 6 novembre 2023. Elle a choisi de suivre à pied l’itinéraire sur les pas des Huguenots de Poët-Laval (France) à Bad Karlshafen (Allemagne). Nous publions ici les messages qu’elle nous transmet.

« Un petit vent de nostalgie »

Me voici arrivée depuis une semaine. Que dire de ces sept jours écoulés ? Mes émotions s’entremêlent : soulagement, nostalgie, joie, tristesse, satisfaction, frustration !

Je peine à réaliser ces trois mois passés sur les chemins ; je peine à rassembler mes souvenirs, à les synthétiser ou à faire un bilan ! 

Aujourd’hui, j’ai reçu un message d’une pèlerine rencontrée en chemin qui me dit ceci : « il est aussi important de savoir partir que de revenir ! ». C’est tellement vrai. Je vois ce retour, ces quelques jours, comme une continuation de mon cheminement intérieur, comme une suite de toutes ces questions que je me suis posées sur l’exil, sur le monde, sur moi-même. Alors faut-il absolument arriver avec toutes les réponses, atterrir avec toutes les certitudes, reprendre le quotidien avec tous les bilans rt résumés établis ? 

Cette situation me rappelle un peu le temps du deuil : il faut donner du temps au temps ; accepter que les gens, les choses, la vie aient changé, tout comme moi j’ai changé ; s’autoriser à prendre du recul ; être d’accord de trier ce qui est désormais bon à garder et bon à jeter ; réaliser que les évènements traversés, les gens rencontrés ont provoqué des prises de conscience. 

Oui ! Toutes proportions gardées avec la perte d’une personne, je traverse un temps de deuil et j’essaye d’en prendre soin.

Je me rends compte également que je n’arrive pas encore à raconter mon voyage, à partager mes émotions, même à ma famille. Je suppose que cela fait partie du processus d’atterrissage ! En effet, comment partager et transmettre des émotions, des expériences que j’ai vécues en solitaire ou avec des gens de passage ? À nouveau, cette impression d’avoir vécu quelque chose d’unique me fait penser aux endeuillés : bien sûr, chacun, chacune, a déjà traversé la perte d’un être cher. C’est à la fois une expérience universelle, mais tellement intime et personnelle. Jamais personne ne peut se mettre à notre place, penser pour nous, ou prétendre savoir ce que l’on a ressenti. 

Voilà ! Je vous livre, un peu pêle-mêle, mes impressions d’atterrissage !

Et à chaud, je peux vous parler de la fête que j’ai vécue hier à Thaygen (entre Schaffhouse et la frontière allemande), où une fête en l’honneur de la fin du balisage du chemin des Huguenots et Vaudois du Piémont était célébrée. Ce moment a joliment « bouclé la boucle » de mon voyage. 

J’ai revu des « anges » qui m’avaient accueillie sur le chemin en France et en Suisse. J’ai aussi vécu un culte qui nous a rappelé l’exil ancien et celui de notre actualité. Des mots, des gestes qui nous encourageaient à ne pas baisser les bras pour continuer de croire et de prôner la liberté et la tolérance. 

Comme certains demandent de mes nouvelles, je vous donne quelques informations à propos de ma jambe. Comme je l’avais compris à Bad Karlshafen, le diagnostic du médecin a été confirmé : tendinite au niveau de la cheville et du tibia. Je me vois donc vivement encouragé à ne pas faire de sport pendant au moins 15 jours ! Seuls les promenades (très courtes et et très lentes) avec mon cher Sugus me font bouger et c’est bien ainsi ! 

Amitiés et meilleures salutations, 

Veronique❤️❤️❤️

La journée de fête à Thaygen, avec l’émouvante participation d’un chœur des Vaudois du Piémont :