La pasteure Véronique Tschanz Anderegg est en congé sabbatique de 5 mois du 7 juin au 6 novembre 2023. Elle a choisi de suivre à pied l’itinéraire sur les pas des Huguenots de Poët-Laval (France) à Bad Karlshafen (Allemagne). Nous publions ici les messages qu’elle nous transmet.
Quelques perles récoltées
Bonjour à toutes et à tous ! Heureuse de vous retrouver !
Durant mon voyage, j’ai eu l’occasion de recevoir vos méditations, vos mots d’encouragement. J’ai eu l’occasion de capter ça et là des encouragements, des pistes de réflexion, dans divers lieux.
J’ai envie de vous partager quelques perles récoltées au cours du chemin.
A Chambery, lors du culte, voici l’histoire qu’a narrée la Pasteure Lauriane Cronfalt et qui a accepté que je vous la partage. Merci Lauriane!
LA FLEUR DE LA VIE
« Il y a longtemps, très longtemps, Le monde n’avait pas de frontières.
Les hommes voyageaient sans cesse sur les routes sans fin, à travers les montagnes, les vallées et les forêts.
Ils ne trouvaient pas toujours d’endroit paisible pour s’étendre et se reposer.
Un jour un homme dit aux autres : allez, trouvez pour nous de quoi embellir nos vie, et égailler nos foyers.
Riche, Fort et Aimé se mirent en route pour trouver ce qui avait été demandé.
Riche, avait beaucoup de chance et dans l’après-midi même, alors qu’il marchait le bord d’une rivière, il découvrit une énorme pépite d’or. Tout heureux il le rapporta aux autres. Qu’est ce qui vaut plus que l’or ?
Fort, entra dans la forêt. C’était un excellent chasseur. Et dans une clairière, il vit un Cerf énorme, magnifique. D’une seule flèche il le tua et le ramena aux autres. Qu’est ce qui est plus important que la nourriture ?
Aimé, lui décida d’aller vers la montagne. Il grimpa jusqu’à la nuit. Il arriva au sommet au petit matin. Et là, il contempla la forêt et ses superbes arbres, les prairies verdoyantes, les animaux à foison, les cascades et les rivières majestueuses. Les rayons du soleil qui scintillaient sur ce paysage incroyable.
Comme c’était beau.
Et là en regardant à ses pieds, il voit une petite fleur sauvage, il la prit délicatement et là mit au revers de sa veste.
En rentrant, il dit aux autres. Pardonnez-moi ! Je suis parti les main vide et je ne reviens avec rien d’autre que cette petite fleur sauvage, témoin de toute la richesse que cette terre nous offre : L’eau des rivières, la douceur d’une herbe fraiche, la diversité des arbres, la danse vivante des animaux sauvages et la hauteur de la montagne. Je n’ai apporté ni or, ni gibier. J’ai apporté un petit bout de vie dont je peux témoigner.
L’homme qui les avait envoyés dans cette quête annonça d’une voix grave :
Cette fleur, c’est la fleur de la vie. Grâce à cette fleur, j’ai compris que c’est ici le meilleur endroit au monde où nous installer pour de nombreuses années dans la paix et l’abondance.
La fleur prit alors la parole et dit:
« Je suis une petite fleur,
Je suis née dans un champ, j’ai vu le soleil, le vent et la pluie, je les ai entendus vibrer, siffler, cliqueter et gronder.
Je suis un peu comme toi, Je vis dans un champ où personne ne me voit.
Je vis au milieu de mille autres fleurs. Je les vois naître, grandir et passer.
Je vis au rythme des saisons de mon cœur.
Je suis joyeuse, parfois désolée.
Je suis une petite fleur comme toi, Petite, discrète, pleine de vie.
Je suis au milieu d’un champ rempli
Et on oublie parfois de prendre soin de moi.
On m’appelle lys sauvage.
Je ne me suis jamais demandée comment j’étais arrivée dans ce champ.
Je suis née, j’ai grandi, je me suis épanouie.
La vie m’a été donnée et je n’ai jamais manqué.
Je suis comme toi, fragile et plein de vie.
Je vois la beauté du monde mais aussi sa laideur.
Cependant, je ne me soucie pas de ce qui m’arrivera.
Car aujourd’hui m’a été donné et aujourd’hui je vivrai ».
Un message sur la confiance que j’ai reçu par SMS. Merci Josiane! :
« À mesure que nous avançons sur le chemin de la vie, lorsque nous nous sommes engagés, que nous persévérons en donnant du sens à chaque rencontre, à chaque action, un sentiment de gratitude émerge alors en nous. Oui la vie est un don, une grâce, même lorsqu’elle est difficile, même au cœur de la souffrance. Rien ne vaut la vie !
Gratitude envers Dieu ou ce qui en tient lieu, gratitude envers ceux qui nous accompagnent ou nous ont accompagnés sur le chemin de la vie, gratitude envers ceux qui offrent leur vie pour que d’autres vivent mieux, gratitude envers tous ceux qui nous ont précédés et qui ont permis que nous vivions dans une société (majoritairement ! ) civilisée.
La gratitude donne naissance à la confiance. Confiance en soi, confiance en l’autre, confiance en la vie, confiance en le Tout Autre. Non pas une confiance aveugle, mais le sentiment profond que, toujours, la vie triomphe de la mort et l’amour de la haine. La gratitude et la confiance font naître l’humilité.
Bien qu’uniques est indispensables à l’histoire de l’humanité, nous ne sommes rien « tout seuls ». Ce que nous sommes, nous le devons à tant d’influences, à tant de sacrifices, à tant de travail fait par d’autres. L’humilité, c’est la prise de conscience de cette immense interdépendance entre tous les êtres humains.
Rosette Poletti , tiré de « Plénitudes »
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Une citation de Nicolas Bouvier, sur les surprises, offerte par Iris et son chien Blade qui m’ont reçue, encouragée et remonté le moral dans la région du Diois. Ils sont eux même pèlerins puisque Iris a fait le chemin de Compostelle, puis la Via Francigena, avec son chien dans une charrette! Merci Iris !
« En route, le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on s’égare, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement que le voyage commence. »
Nicolas Bouvier.
L’Usage du monde (1963)
Une chanson reçue par Daisy, sur les bienfaits, joies de la marche. Merci Daisy !
Et pour finir, un texte sur les migrants qui m’a bouleversée. Je l’ai lu dans l’ouvrage de Eric Emmanuel Schmitt « Paradis perdus », recommandé par ma cousine Cathy. Merci Cathy !
L’auteur raconte l’histoire de L’Humanité sous la forme d’un roman: il fait défiler les siècles à travers son héros Noam . Ce roman « Paradis perdus » retrace la partie de la Préhistoire, mais avec les yeux du héros qui raconte ses 8000 ans d’existence depuis le 21eme siècle. A lire absolument!
« Des colonnes de migrants, j’en ai croisé pendant des siècles. Non seulement elles n’ont jamais cessé, mais elles ont crû avec le temps. Leur fréquence a augmenté, ainsi que le nombre de marcheurs qui les composent, passant de cette trentaine d’individus à plusieurs centaines, plusieurs milliers, plusieurs millions. À ceux qui doutent que L’Humanité s’améliore, je signale ce progrès indiscutable ! Aujourd’hui, sur les écrans, j’aperçois des familles hagardes qui échappent aux coups d’une tyrannie, au bouleversement du climat. Lorsque j’arpente Beyrouth, je rencontre des Syriens cherchant à s’éloigner des terroristes qui les asservissaient, des bombardements qui détruisaient leur ville, de la famine, de la pauvreté, de l’injustice, du chaos. L’exode relève de la condition humaine.
Pourtant, ceux qui ne fuient pas refusent cette réalité. Provisoirement à l’abri, campés sur leur terrain ainsi qu’un chêne dans le sol, prenant leurs pieds pour des racines, ils estiment que l’espace leur appartient et considèrent les migrants comme un être inférieur doublé d’une nuisance. Quelle bêtise aveugle ! J’aimerais tant que l’esprit de leurs aïeux circule en eux pour le rappeler les kilomètres parcourus, les transhumances sans fin, la peur au ventre, l’incertitude, la faim.. Pourquoi, au fond de leur chair, ne subsistent pas les souvenirs de leurs anciens qui survécurent au danger, à l’hostilité, à la misère, aux guerres ? La mémoire de ces courages ou de ces sacrifices auxquels ils doivent leur vie les rendraient moins sots ! S’ils connaissaient et reconnaissaient leur histoire, leur fragilité constitutive, la volatilité de leur identité, ils perdraient l’illusion de leur supériorité. Il n’existe pas d’humains plus légitimes à habiter ici que là. Le migrant, ce n’est pas l’autre ; le migrant, c’est moi hier ou moi demain. Par ses ancêtres ou par ses descendants, chacun de nous porte 1000 migrants en lui. »
Ce très beau texte me permet de vous rappeler que je soutiens l’association SOS Méditerranée par un challenge que j’ai lancé. Tout don, aussi modeste soit-il, sera apprécié . Merci ❤️❤️❤️ Véronique
« Sur les pas des Huguenots »…
https://help.sosmediterranee.ch/Verohuguenots/challenge