La pasteure Véronique Tschanz Anderegg est en congé sabbatique de 5 mois du 7 juin au 6 novembre 2023. Elle a choisi de suivre à pied l’itinéraire sur les pas des Huguenots de Poët-Laval (France) à Bad Karlshafen (Allemagne). Nous publions ici les messages qu’elle nous transmet.
« Oser s’éloigner du chemin »
Bonjour à Toutes et à Tous !
Semaine de repos. Quelques jours hors du sentier des Huguenots…
Il y a quelque temps, je vous parlais de courage. Alors OUI, il m’a fallu du courage pour prendre cette décision, pour m’arrêter, pour rentrer chez moi, pour m’éloigner du chemin, prendre du recul et écouter diverses voix qui me chuchotaient de m’arrêter !
Plusieurs d’entre vous ont probablement ressenti ma fatigue et me l’ont fait savoir. Merci pour votre franc-parler et votre bienveillance.
Il y a eu des signes dans mon corps et dans ma tête que j’ai eu de la peine à écouter et à comprendre.
Il y a également eu la voix de mon chien cabotin qui a fait en sorte d’être au plus mal pour que je vienne l’assister dans ses derniers moments de vie et que je passe encore du temps avec lui. (Il a évité l’euthanasie grâce à son superbe show devant la vétérinaire !)
J’ai finalement réussi à mettre des mots sur mes maux : la fin de la traversée de la Suisse était devenue une course contre la montre et mon cheminement prenait l’allure d’une performance sportive à accomplir. Or ce périple n’a jamais voulu être cela.
Alors j’ai osé laisser « de la place pour des exceptions » et j’ai pris le droit « de faire différemment de ce qui était prévu »… selon les mots de certainEs d’entre vous.
« Oser s’éloigner du chemin ».
Je n’ai pas encore beaucoup de recul pour vous dire ce que cela signifie ! Est-ce que c’est une forme d’audace, d’opposition à l’ordre établi, de liberté intérieure ? Probablement un peu des 3.
L’audace et l’opposition à l’ordre établi : une illustration de ces 2 concepts est, me semble-t-il, l’histoire de l’enfant prodigue (Luc 15, 11-32). Elle nous raconte le geste étonnant de ce père qui « court à la rencontre de son enfant, se jette à son cou, et l’embrasse longuement », alors que ce fils a dilapidé tout son héritage.
Ce père fait quelque chose de surprenant pour l’époque : il relève sa tunique sur ses jambes pour pouvoir courir vers son fils. Ce père ose braver les codes sociaux de l’époque : en effet, il n’était pas digne pour un homme de ce rang, de relever sa tunique et montrer ainsi ses jambes. Il était encore moins digne de courir vers un fils qui avait dilapidé l’héritage ! Mais l’amour a été plus fort que les codes sociaux.
La liberté intérieure : personnellement, c’est une notion que je trouve difficile à acquérir ! Probablement à cause d’une certaine éducation, de blessures spirituelles, d’un héritage judéo-chrétien obsolète. Et pourtant, je suis persuadée que le Christ souhaite pour nous une liberté intérieure qui nous pousse à être prêt à faire ce que peut-être personne ne s’est autorisé à tenter auparavant, qui nous pousse à oser, à surprendre, à inventer de nouvelles façons de faire. Une liberté intérieure qui nous permet de nous affranchir des idées reçues, d’oublier le regard des autres.
Jésus attend de nous que nous soyons remplis d’audace aussi dans notre vie spirituelle, dans nos centres d’intérêts, dans nos occupations.
Mais bien sûr, aller vers l’inconnu (autant dans le domaine spirituel que dans d’autres domaines) et sortir de notre zone de confort, n’est pas toujours évident. C’est peut-être pour cela que la dynamique du Saint Esprit existe !
Je vous souhaite de belles réflexions en parallèle avec les miennes et une bonne semaine !
Amitiés,
Véronique
« Oser sortir du chemin »