Voyez comme ils sèment…

Cultes du samedi 16 à Môtiers et du dimanche 16 juillet 2023 aux Bayards (musical et chanté)

Célébrant(e) : Marylise Kristol-Labant, pasteure à la retraite, «remplaçante du remplaçant» :

le pasteur René Perret à qui je souhaite une bonne convalescence !

Lecture et service : Nicole Pizzotti et Rosemarie Fragnière que je remercie pour leur accueil

Orgue : Jean-Samuel Bucher qui a concocté l’écrin musical de ces cultes

et m’a aidé – par son jeu de mot – à donner le titre à ce parcours méditatif

Lectures : Jacques 3, 18 – Esaïe 55, 10-11 – Matthieu 13, 1-23 –

En guise de salutation, d’après Jacques 3, 18 : Ceux et celles qui créent la paix autour d’eux, sèment dans la paix et, le fruit qu’ils et elles récoltent, c’est une vie juste, une vie “ajustée” aux yeux de Dieu !

Prière de repentance inspirée par Paul aux Galates 6,7-8 : Je ne me fais pas d’illusion, Seigneur, Dieu ne permet pas qu’on se moque de lui. Chacun récolte ce qu’il a semé…

Pardon, d’après Bernard Bolay

Sans toi Seigneur, que serais-je devenu(e) ?

Fétu de paille à la merci du vent

Ni graine, ni fruit

Délaissé(e) sur le champ

Dans les terres de l’oubli

Feuille morte,

Sans vie et sans repos

Qu’aucun arbre ne porte

Et qu’emportent

La tempête et les eaux

Mais tu es là

Et ta présence efface

Les blessures et l’angoisse

Un instant j’ai cru

Être seul(e), perdu(e)

Mais Tu es là

Dieu pour nous

Dieu avec nous

Prière avant les lectures :  Seigneur, mon Dieu, si je n’avais pas lu dans la lecture de ce jour que c’est toi qui “donne la semence au semeur”, comment continuer à semer ?…

Le lectionnaire des églises c’est trompé de saison pour choisir cette parabole de semaille au temps des moissons… or, «Si nous n’avions pas semé de salade au printemps, nous n’en aurions pas cueilli pour notre repas dominical, à supposer que tous les lecteurs de l’évangile du jour soient jardiniers !

Mais vous l’êtes  😀 !

Vous êtes semeurs de joie ou de tristesse, de pessimisme ou d’espérance !»

C’est ainsi que commence le feuillet du calendrier, Parole pour tous, de l’EPUF (l’église protestante unie de France, le dimanche 16 juillet 2023, sous la plume de Philippe Meyer, pasteur en Alsace)

Le semeur, c’est donc le messager de Dieu, Jésus lui-même,

Jean dit même de lui «la Parole faite chair !», cette Parole qui ne retourne pas à Dieu sans effets.

La semence, c’est la parole de la Bonne Nouvelle : Dieu et son règne s’approche de nous…

Et le champ, le terrain, c’est le cœur de l’humain, parfois ouvert, parfois rendu totalement hermétique…

Cette parabole, cette comparaison, est si transparente qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à expliquer, et il y en a d’autant moins que Jésus l’a expliquée lui-même comme nous allons le lire plus loin.

Le messager de Dieu est un semeur, et ce qu’il apporte, c’est le grain de la semence, quelque chose de vivant, qui peut donner des racines, se développer, porter du fruit.

Ce qui vient de Dieu n’est pas une chose achevée, mais au contraire, c’est un commencement.

Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui demandèrent : « Pourquoi leur parles-tu en utilisant des paraboles ? »

11 Il leur répondit : « Il vous a été donné de connaître les projets de salut du royaume des cieux…

Par «les projets de salut du royaume des cieux» la Bible en français courant explicite d’emblée le mot grec «μυστήριον» mustérion chez Marc/«μυστήρια» mustéria au pluriel chez Matthieu et Luc» traduit par «mystère ou secret» dans d’autres traductions françaises du Nouveau Testament. Cela se réfère à quelque chose de caché auparavant […] c’est le fait que le Règne de Dieu s’est approché avec la venue de Jésus !

Le Royaume, c’est le secret que Jésus révèle : «Ce sont des choses que l’œil n’a point vues – dira Paul aux gens de Corinthe plus tard – et que l’oreille n’aura point entendues et qui ne sont pas montées au cœur de l’être humain, ce sont des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment… Dieu nous les a révélées par l’Esprit» (1Co 2,9)

Ainsi la parabole – une image très simple, tirée de la vie courante, une image que tout le monde peut voir et entendre – la parabole devient donc l’occasion d’une révélation !

Dans l’explication de Jésus, il y a 4 terrains différents sur lesquels le grain va tomber.

Le grain peut avoir des formes très diverses. Il peut être :

  • Une phrase dans une conversation entre amis, un discours ou une réflexion
  • Un livre dont la lecture nous a bouleversée
  • Un événement gai, marquant ou catastrophique, un deuil…
  • La conduite, l’attitude d’une personne ou d’une autre
  • L’intonation avec laquelle nous répondons à quelqu’un…

Je m’arrête maintenant sur 3 des 4 terrains dont Jésus parle

Le premier terrain :

J’ai tout récemment entendu le récit d’une personne qui s’appelait Frieda Göttin – qui est décédée maintenant – dans l’émission «Perspektiven» du 2ème programme de la Suisse alémanique.

https://www.srf.ch/audio/perspektiven/schicksal-der-missionskinder-untersucht?id=10221909

Son terrain a tellement été bétonné que le grain n’a pu être semé nulle part…

Frieda était l’aînée de 4 enfants de missionnaires de la Mission de Bâle.

Ses parents se sentaient complètement appelés et tellement investis dans différentes missions d’outre-mer qu’ils ont dû laisser leurs enfants dans un internat.

Les parents n’ont jamais vraiment pu développer une relation de confiance avec leurs enfants. Et puis, il y a eu la 2e guerre mondiale qui a empêché qu’ils ne reviennent en congé.

À 7 ans, le père qui était très strict, a dit à Frieda de s’occuper de sa petite sœur qui venait de naître, tant et si bien que Frieda ne s’est jamais mariée.

Lors d’une visite des parents après beaucoup d’empêchements, les enfants s’étaient beaucoup réjouis de leur visite… mais au moment de repartir, les parents décidèrent de ne pas se retourner pour que la mère ne fonde pas en larmes.

Depuis, Frieda n’a plus supporté de prendre congé de qui que ce soit sans ressentir un profond malaise.

Ses frères n’ont plus rien voulu savoir de Dieu.

Quant à la petite sœur dont Frieda a dû s’occuper, elle est tombée malade psychiquement et criait haut et fort qu’elle ne voulait surtout pas aller au ciel de peur d’y rencontrer ses parents…

Le deuxième terrain,

C’est le n° 3 dont Jésus parle où le grain tombe au milieu des ronces et des épines.

Je sais par cœur ce grain de la Parole :

«Venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés… mon joug est doux et mon fardeau léger»

Chaque année, à la SPMN (Société des pasteurs et ministres neuchâtelois) un orateur est invité. Une fois c’était le pasteur Gilles Boucomont qui venait nous parler de ce que la paroisse protestante unie du Marais à Paris était en train de vivre.

J’étais alors très agitée et préoccupée par 1000 et 1 soucis et j’avais mon téléphone qui devait vibrer d’un moment à l’autre car mon mari était en train de revenir d’une conférence à l’étranger. Il y avait eu des imprévus, des incidents de parcours…et je devais le chercher à la gare.

À la fin du témoignage de Boucomont, tous les collègues se dispersent et je remarque une personne de la paroisse du Marais qui accompagnait son pasteur en déplacement (pour prier pour lui en particulier comme Paul jadis le demandait)

Je vais saluer cette personne (Claudine) et lui dit en 2 mots ce qui me préoccupe : elle m’a proposé de prier avec moi.

On s’est mise dans un coin et elle m’a rappelé la parole de Jésus «Venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés… mon joug est doux et mon fardeau léger»

Oui, il y a un fardeau à porter pour suivre Jésus…

Si donc ce que je porte est trop lourd, cela ne vient pas de Jésus !

Elle m’a exhortée à proclamer «Seigneur, tu as dit “Ton fardeau est léger” !» Et effectivement, je suis ressortie de la salle des pasteurs toute allégée.

Ce grain de Parole venait enfin de faire son effet, de commencer à germer et à prendre racine en moi !

Et le dernier terrain ?

La bonne terre ? C’est vous tous qui êtes ici aujourd’hui.

Vous ne seriez pas venus au culte, si notre Seigneur n’avait pas déjà semé dans votre être intérieur. [vous ne seriez pas en train de lire ce blog de la Paroisse du Val-de-Travers non plus !]

Quant au «rendement», Jésus dans Matthieu en attend beaucoup : 100 pour un ! 60 pour un, 30 pour un !

Tout dépend de notre disposition à laisser l’Esprit Saint nous labourer et arroser, à nous de nous laisser enraciner en Christ, afin que nous portions ces beaux grains que l’Esprit Saint produit : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité = la confiance, la douceur et la maîtrise de soi ! (cf. Galates 5,22-23)

Amen