Choisir de suivre le Christ – Prédication du 2 juillet 2023

Culte du 2 juillet 2023, 10h, St-Sulpice

Textes bibliques :

–       2 Rois 4, 8-11.14-16a
–       Matthieu 10, 37-42

Prédication sur : Choisir de suivre le Christ

De Patrick Schlüter

Qu’est-ce que je faire cet été ? Où est-ce que je vais partir ? Quels seront mes projets de la rentrée ? Voici quelques questions qui peuvent nous habiter au début de cette période de vacances. Pour beaucoup de jeunes, l’été est aussi la période du changement : de classe, d’école, le début des études ou d’un apprentissage. C’est aussi pour des couples, la période des mariages.

Tout cela, ce sont des choix de vie, plus ou moins importants que nous sommes appelés à faire au fil du temps. Des choix, nous en faisons tous les jours, parfois consciemment, parfois inconsciemment. Même si parfois, la route semble tracée, nous avons encore des choix à faire : se lever et y aller ou rester chez soi, choisir ce matin de venir au culte ou non, choisir de prendre le temps de la rencontre ou de continuer notre route. Oui, des choix, nous en faisons tous les jours, petits ou grands.

Le texte de l’évangile de Matthieu nous interroge sur nos choix et nos priorités. Le texte compile ici des paroles de Jésus sur le thème du choix à faire au nom de sa foi. La foi, c’est un don de Dieu, mais c’est aussi un choix à faire : celui de la laisser grandir et de vivre en accord avec celle-ci. Et ce n’est pas un choix facile : Jésus est très clair à ce sujet. Il promet sa présence et la force de vie qu’il donne. Il invite à aimer Dieu et l’autre, mais il rappelle que le chemin de celui qui le suit peut être marqué par la difficulté et l’adversité comme celui de Jésus. C’est ce qui est évoqué par la croix.

Jésus ne fait pas de la pub qui vanterait uniquement les avantages de l’Évangile. Il ne cache pas la difficulté de le suivre dans les phrases en tout petits caractères au bas d’un contrat, non ! Il pose les choses comme elles sont : « celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. » Si on le suit, il s’agit de le mettre à la première place même devant les membres de sa famille : son père, sa mère, son fils, sa fille.

Alors quelles sont mes priorités ? Quelle place est-ce que la foi en Jésus tient dans ma vie ? Est-elle à la première place ? Sur le podium ? Comme une aide bienvenue quand je vis des difficultés ? Comme un petit plus ?

La réponse à ces questions n’est pas facile même pour un chrétien qui a un long chemin derrière lui, car la vie nous interroge sans cesse. Jésus nous demande d’être honnêtes et lucides avec nous-mêmes. Il nous tend la main pour faire le choix de le suivre et de lui donner la priorité.

En préparant ce message, j’ai repensé à une image qui vient peut-être de mon propre catéchisme. Cela servait à illustrer la valeur que nous donnons aux choses dans nos propres vies. Voici cette image :

Tout ce qui important dans la vie, c’est comme une suite de zéros : la famille, le travail, la situation sociale, les amis, l’Église, etc. Chaque chose, c’est comme un chiffre zéro que nous pouvons aligner.

La foi en Jésus, c’est comme le chiffre un que nous pouvons placer dans la suite de zéros. Selon où nous le plaçons, il donnera de la valeur aux zéros qui seront placés après lui. La foi en Jésus vient donner de la valeur et leur juste place aux éléments de nos vies, pas les remplacer. Selon où nous plaçons le 1 dans la suite de zéros, le résultat n’est pas le même :

0000 + 1 = ? 00001 ou 00100 ou 10000

J’aime assez cette image, même si je n’aime pas forcément qu’elle identifie comme des zéros les éléments de nos vies.

Il est vrai cependant que l’on peut se noyer dans le travail ou s’identifier tellement à son conjoint que l’on peut se perdre soi-même…

Jésus promet une vie pleine de sens si on le suit et qu’on lui donne la priorité. C’est ainsi que je comprends la notion de récompense.

La vie de foi n’est pas un long fleuve tranquille comme cette histoire un peu étrange de l’amitié de la Sunamite avec le prophète Élisée. Cette histoire illustre aussi ce que dit Jésus sur l’accueil de l’autre au nom de Dieu comme un frère ou une sœur dans la foi.

Une femme riche de Sunem reconnait en Élisée un saint homme de Dieu. Elle pratique l’hospitalité. Élisée aimerait faire quelque chose pour elle. Dans la version complète du texte, il a un peu de la peine à comprendre ce qu’il peut lui apporter. C’est son serviteur qui constate qu’elle n’a pas d’enfant. Alors le prophète lui promet qu’elle en aura un dans une année. La femme va réagir avec scepticisme demandant au prophète de ne pas la tromper !

Quand l’enfant est arrivé, il meurt en bas âge. Tout en faisant confiance à Dieu, la femme demande alors au prophète : « ai-je demandé un fils ? N’avais-je pas dit : ne me trompe pas ? »

Finalement après une tentative ratée du serviteur, le prophète ranimera l’enfant. Plus tard encore, le prophète préviendra cette femme de l’arrivée d’une famine et l’invitera à quitter le pays. A son retour 7 ans plus tard, il l’aidera à récupérer ses biens.

L’histoire de cette femme et du prophète Élisée n’est pas un long fleuve tranquille, mais l’illustration d’un parcours de foi qui a amené la femme sur des chemins qu’elle n’aurait probablement pas empruntés sinon : la maternité, l’exil pour éviter un malheur, la peine, la joie, la confiance vécue en Dieu.

On racontait cette histoire dans le peuple d’Israël au temps de l’exil. C’est probablement parce qu’elle illustrait l’alliance de Dieu avec son peuple à travers les difficultés. Elle illustre pour nous aujourd’hui ce que peut être un chemin de foi à la suite du Christ.

Pour terminer, j’aimerais nous souhaiter pour ce temps de l’été ce verre d’eau fraiche dont parle Jésus :

« Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

Que nous sachions l’offrir ou le recevoir, qu’il nous désaltère et que nous puissions y reconnaître la bienveillance de Dieu pour nous en Jésus-Christ.

Amen