Culte du 26 février 2023, 10h à Môtiers
Texte biblique :
Prédication sur : « Choisir la vie avec le Christ »
De Patrick Schlüter
Nous voici entrés depuis mercredi dans le temps du Carême qui va nous conduire vers Pâques. Le tapis liturgique a passé au violet pour ce temps de préparation à vivre le mystère de Pâques. Le violet, c’est la couleur des rois parce que c’est un roi que nous nous préparons à accueillir avec sa venue, son départ et sa présence autrement à travers sa mort et sa résurrection.
Au début du Carême, nous avons l’habitude de lire le récit de la tentation du Christ au désert. Les 40 jours que Jésus passe à être tenté par le diable au désert correspondent aux 40 jours du temps du Carême. Ce chiffre de 40 rappelle les 40 ans que le peuple d’Israël a passé au désert avant d’entrer dans la terre promise. C’est un temps d’épreuve, de préparation, de proximité avec Dieu aussi.
Jésus revisite l’histoire de son peuple pour nous faire entrer dans une nouvelle relation avec Dieu instaurée par sa mort et sa résurrection.
Le temps du Carême nous invite chaque année à refaire ce passage pour l’approfondir et laisser l’Évangile pénétrer nos vies toujours plus profondément.
Il y a quelque chose d’étrange dans les tentations vécues par Jésus. Quel mal y aurait-il en effet à changer les pierres en pain ? Quel mal y aurait-il à ce que Jésus démontre de manière un peu plus spectaculaire son pouvoir ? Et puis finalement, le pouvoir proposé par Satan, Jésus ne l’obtient-il pas à la fin de l’évangile de Matthieu quand il dit : « tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » ?
Il y a quelque chose de plus profond qui se joue pour Jésus, comme pour nous qui sommes appelés à le suivre : c’est de choisir la manière de Dieu, dans le service, dans l’amour, dans la volonté de chercher le bien à plus long terme.
Satisfaire tout de suite ses besoins immédiats sans penser aux conséquences sur le long terme, chercher le pouvoir ou le spectaculaire, tout cela a des conséquences souvent néfastes et cela dans plusieurs domaines. La crise climatique nous le rappelle de manière de plus en plus forte : nos manières de consommer ont des conséquences sur la planète et les personnes qui vivent dans les pays du sud. Très souvent, nous ne nous en rendons même pas compte.
Mais cela vaut aussi sur le plan personnel et relationnel. Nous faisons parfois des choix qui semblent évidents, mais qui ont des conséquences néfastes : des petits mensonges, une promesse impossible à tenir. Nous pensons faire plaisir, rassurer, mais finalement l’autre se sentira trahi ou blessé.
Parfois, c’est aussi le choix de la facilité par rapport à un choix qui nous coûterait quelque chose. S’il m’arrive de choisir la facilité, j’ai aussi fait l’expérience de vivre quelque chose de plus fort et beau après un effort qui m’a coûté comme une marche vers un sommet ou le risque d’une rencontre avec quelqu’un.
Finalement, les tentations vécues par Jésus sont aussi les nôtres et elles interrogent nos choix de vie. Sommes-nous prêts à faire une place à Dieu dans notre manière de vivre ? Sommes-nous prêts à lui laisser la place pour nous guider vers plus de vie même si nous devons abandonner ou relativiser d’autres choses dans nos vies ?
Ce récit de la tentation du Christ ne donne pas de recette toute faite pour nos choix, mais il nous invite à prendre le temps du recul, de la prière, du discernement.
Il y a quelque chose d’étonnant dans ce récit des tentations : c’est que finalement le diable, celui qui divise ou Satan, celui qui accuse, n’a aucun pouvoir autre que celui de suggérer ou de détourner l’appel de Dieu. Il n’a rien à proposer que Jésus n’ait déjà.
Cela signifie que le bon choix, le choix de la vie est toujours possible. Pourtant l’histoire humaine et aussi celle de nos vies montrent que l’être humain ne fait pas toujours le choix de la vie. Nous savons que certaines choses ne sont pas bonnes et pourtant, nous les choisissons encore et toujours. C’est le choix de la facilité, du pouvoir, de suivre la masse, ou les discours faciles.
Pour aller vers la vie, il y a quelque chose qui doit se jouer à l’intérieur de nous-mêmes. Bien entendu, tout ne dépend pas de nous, mais s’il y a un lieu que je peux offrir à Dieu pour le laisser aller vers plus de vie, c’est bien mon cœur !
C’est un triste anniversaire que nous avons fêté vendredi avec l’année qu’a duré la guerre en Ukraine. Nous ne savons pas quelle sera l’issue de ce conflit, ni celle des autres crises de ce monde. Mais nous pouvons prier et laisser Dieu habiter et transformer nos cœurs pour savoir accueillir la paix quand elle sera possible, pour au moins ne pas semer plus de haine dans ce monde. Nous pouvons nous préparer aux changements nécessaires en étant attentifs à l’essentiel sans céder à la facilité.
Le chemin proposé par le Christ se situe ailleurs que dans les discours de puissance. Il nous invite à marcher avec lui au désert pour aller vers la terre promise d’une nouvelle relation avec lui et avec les autres. Jésus est avec nous, nous sommes invités à être avec lui.
C’est un chemin qui nous est proposé pendant le Carême. D’ailleurs, avez-vous remarqué qu’il faut plus de temps pour se préparer à Pâques qu’à Noël. L’Avent dure 4 semaines alors que le Carême en compte 6 ! C’est que Pâques est probablement un mystère plus grand que Noël. L’enfant de Noël touche beaucoup de gens. Un enfant, c’est la promesse de quelque chose de nouveau. A Vendredi Saint et Pâques, Jésus devenu adulte nous propose un chemin de vie pour nous tous, adultes et enfants. Il s’agit de comprendre comment le pouvoir de Dieu se manifeste en Jésus. Il s’agit de s’ouvrir, au-delà de toutes les tentations et tous nos échecs au pouvoir de vie de Dieu en Jésus-Christ.
Le grand mystère, c’est que la vie est déjà là à saisir ! Nous sommes aimés et cela change tout !
Amen.