culte avec baptême
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Lecture de la Bible
1 Rois 19,4-8
Jean 6,41-51
Prédication
de David Allisson [avec Avec plusieurs éléments repris largement de Marie-Noëlle Thabut https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/]
Depuis un bout de temps, je m’intéresse dans mes lectures à la question de la transition. La transition est un mouvement dont les acteurs cherchent à réduire la consommation en énergie non renouvelable, à favoriser l’économie locale et les cultures locales, à augmenter les liens de solidarité entre les personnes et à travailler à davantage d’autonomie au quotidien, notamment pour les besoins de base.
Il y a un avenir pour notre monde et pour l’humanité. C’est un avenir dans lequel il nous faut entrer maintenant, avant que le monde ne soit détruit par les changements du climat, les conflits et les inégalités que l’humanité a suscités.
Les défenseurs de la transition se méfient des chrétiens parce que leur interprétation de la Bible a, selon eux, stimulé l’utilisation et l’exploitation de la nature qui doit être soumise à l’être humain.
Une partie du langage de la transition est bien exotique pour moi qui suis né dans une société de consommation et de production de déchets. J’ai appris à vivre dans une société faite pour les individualistes.
C’est un peu comme le langage du culte qui est bien exotique pour certains dans la famille de la baptisée. Et des fois même aussi pour les habitués.
Mais je crois à la rencontre et je pense que nous pouvons vivre une rencontre dans ce culte aujourd’hui.
Quand nous partons d’un constat sur l’état de notre monde aujourd’hui, il y a bien du négatif.
Et aussi dans les textes bibliques d’aujourd’hui cela part mal.
Je prends d’abord le texte évoquant le prophète Elie.
Pour Elie, c’est la grosse déprime !
Il est si désespéré qu’il se couche dans le désert sous un genêt, et il veut mourir parce qu’il pense qu’il ne vaut pas mieux que ses ancêtres qui n’étaient déjà pas terribles. Elie est en fuite parce que, pour montrer la force de son Dieu, il a appelé la puissance du Seigneur pour tuer 400 prophètes de divinités adverses, protégés par la reine Jézabel. Vu ce qu’il a fait à la reine et à ses prophètes, il se rend compte que c’est un peu normal qu’elle cherche à le faire mourir et il préférerait que le désert et Dieu se chargent de son sort.
Cette situation d’Elie, c’est peut-être un peu celle de l’humanité aujourd’hui. Par certains côtés, nous lui ressemblons. Nous voilà déprimés parce que le monde va mal : le climat est modifié – les incendies et les inondations se multiplient, l’économie concentre la richesse entre les quelques mains des plus puissants, les guerres et le terrorisme font couler le sang…
La terre et l’humanité semblent aller au désastre écologique, social et économique.
La transition pense qu’il y a pourtant un avenir. Vous, parents de l’enfant baptisée, et toutes les personnes qui font des enfants sont dans ce mouvement. Nous espérons un avenir pour nos enfants. Nous croyons qu’il y a un avenir pour eux.
Le mouvement de la transition lance un appel semblable à celui des prophètes et de Jean-Baptiste au début des évangiles : le temps est maintenant arrivé ! changez de comportement maintenant !
Mais Elie n’en n’est même pas encore à entendre cet appel. Il est en plein déprime.
Et du fond de sa déprime Elie reçoit l’inspiration.
L’humanité aujourd’hui peut aussi recevoir l’inspiration au fond de sa déprime.
Pour Elie, l’inspiration, c’est un plateau repas et un envoi : « Lève-toi et mange, car tu devras faire un très long voyage. » Je le dis en passant : pour Elie, ce voyage sera celui d’une nouvelle rencontre avec Dieu et du renouvellement de son engagement de prophète.
D’après les meneurs de la transition, l’inspiration pour l’humanité aujourd’hui, c’est retrouver la conscience que la terre ne lui appartient pas. C’est plutôt l’humanité qui appartient à la terre. L’humanité fait partie de la nature, du monde écologique et doit penser à la place qu’elle y occupe. Pour cela, l’humanité va renoncer à l’exploitation à sens unique dans laquelle elle est engagée.
En fait de plateau repas, l’humanité est aujourd’hui invitée à se nourrir davantage de la nature proche : toucher l’herbe, les arbres et les rochers, faire pousser des choses chez soi, diminuer le sous-vide et l’encartonné des supermarchés, d’autant plus quand les produits frais viennent de l’autre bout du monde.
Les chrétiens reçoivent leur inspiration de Jésus.
Jésus s’exprimait régulièrement dans les Synagogue qui étaient chez lui les maisons de culte, d’enseignement et de prière.
Cette fois, à Capernaüm, Jésus vient d’annoncer : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. » [Jn 6,35]
En voilà un plateau repas ! Plus faim, plus soif, malgré les incendies, les sécheresses et les inondations. Voilà la réponse !
Nous avons besoin de l’assimiler et de la digérer, mais c’est bien dans cette direction que se trouve la réponse.
J’ai reçu un jour sur internet cette citation d’un juriste et avocat américain qui, avec des scientifiques, se bat pour l’environnement [Gus Speth] :
« Avant, je pensais que les plus grands problèmes environnementaux étaient la perte de la biodiversité, la destruction des écosystèmes et le changement du climat.
Je pensais que 30 ans de bonne science pouvaient résoudre ces problèmes.
Mais je me trompais.
Les plus grands problèmes environnementaux sont l’égoïsme, l’avarice et l’apathie…
…et pour résoudre ces problèmes, il nous faut une transformation spirituelle et culturelle.
Et nous les scientifiques, nous ne savons pas faire ça. »
Est-ce que Jésus sait faire ça, lui qui dit qu’il est le pain vivant descendu du ciel ?
Je pense que oui.
Il y a là une grande prétention, c’est sûr. Mais il s’agit de nous ouvrir à une inspiration qui vient d’ailleurs que de nous-mêmes, qui vient de plus grand que nous-mêmes.
Il y a deux sortes de nourriture : les matérielles et les spirituelles. Le pain, nourriture matérielle, fait vivre le corps et entretient la vie biologique. La parole de Dieu, nourriture spirituelle, entretient la vie spirituelle. Un jour la vie biologique cesse, mais la vie spirituelle est éternelle, elle ne cesse jamais.
Jésus et ses interlocuteurs sont tous habitués à ce genre de distinctions. Mais là où son public ne peut pas le suivre c’est quand il prétend être lui-même cette nourriture vivifiante. Il a même ajouté « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel » ; ce qui est très exactement la définition de la Parole de Dieu dans l’Ancien Testament : « L’homme ne vit pas seulement de pain, disait le livre du Deutéronome, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Dt 8, 4).
On devine les questions qui se posent : Comment Jésus peut-il se prendre pour la Parole de Dieu ? Comment ose-t-il prétendre être celui qui apporte la vie éternelle ? Nous connaissons ses parents, Joseph et Marie de Nazareth. Il est un homme comme tout le monde, ni plus ni moins : il ne descend pas du ciel mais de parents bien humains. Se prendrait-il pour Dieu lui-même ?
Cette réaction des auditeurs de Jésus, cette difficulté à le suivre semble être de bon sens. Mais Jésus l’interprète autrement : il y voit un grave refus de croire. Il leur dit : « Ne critiquez pas entre vous. »
Pour des oreilles juives, c’est un reproche sévère : c’est un rappel de ce que l’on pourrait appeler le péché originel d’Israël, les fameux murmures du désert. Les quarante ans de l’Exode dans le Sinaï ont été parsemés de crises de confiance : dès qu’on rencontrait une nouvelle difficulté, la faim, la soif, les serpents venimeux ou les attaques des tribus ennemies, on soupçonnait Moïse et Dieu lui-même de vouloir la mort du peuple au lieu de la libération annoncée.
Donc, cette remarque de Jésus « Cessez de critiquer » veut dire faites-moi confiance. Acceptez de vous laisser déposséder de votre bon sens bien humain. Laissez-vous attirer par le Père.
Puis Jésus reprend patiemment, point par point, cette révélation que ses interlocuteurs ont tant de mal à accepter. Oui, il est la Parole de Dieu ; oui, il est celui qui donne la vie éternelle ; oui il est le Fils de Dieu.
Par cela, il est celui qui comble la faim spirituelle de l’humanité, il est celui qui donne la vraie vie.
Dans cette offre de la vraie vie, c’est Dieu qui a l’initiative ; mais il ne contraint pas, il sollicite une réponse libre.
Le baptême est rappel et proposition de l’amour de Dieu ; la réponse est libre.
Recevoir Jésus comme le pain vivant descendu du ciel est une manière de répondre à l’égoïsme, l’avarice et l’apathie.
Ma nourriture vient d’ailleurs. Elle n’est pas pour moi seulement. Il y a un ailleurs à l’origine de ma nourriture. Par cet ailleurs même, c’est tout-à-fait normal et légitime qu’elle nourrisse aussi d’autres que moi. C’est un pain à partager qu’il n’y a aucun sens à garder pour soi. Il m’appelle à l’action du partage et de l’attention à l’autre.
Ce pain m’appelle à l’amour pour ce monde auquel j’appartiens et pour tout ce qui en fait partie. Ce pain m’appelle à l’amour pour l’herbe, les arbres, les rochers, les animaux et les humains.
Amen.
Intercession
Ô notre Dieu, merci pour tout ce qu’il y a de bon dans notre vie, merci pour tout ce qu’il y a de bon en nous.
Merci pour l’immense source de résurrection qu’est ta présence.
Tout cela nous donne la soif de te présenter ce qui nous peine…
Seigneur, nous pensons devant toi à tous ceux qui souffrent, quelle que soit l’origine de leur souffrance, à ceux qui doivent reconstruire une nouvelle vie après une séparation, un deuil, un échec, une maladie, un exil.
Nous pensons à ceux qui sont en soucis pour leur situation.
Aide-nous, Seigneur, à avoir la parole et le geste juste. Aide-nous à recevoir et à donner avec joie.
Nous pensons devant toi à ceux qui nous sont chers, et à ceux que nous avons du mal à aimer, nous te les confions en particulier
…
Avec la joie que nous donne ton Esprit, nous témoignerons de ton amour pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant, tes fils et tes filles bien-aimés.
Amen