Prédication des cultes des 23-24 juillet 2022 (Couvet et Buttes)
De Véronique Tschanz Anderegg
Introduction au message avec photos
Il y a 3 semaines, j’ai eu l’occasion de mener 1 groupe au Grand St Bernard, puis un 2ème sur la route des Cols alpins. Le voyage nous a amenés à voir des paysages magnifiques, mais également des constructions humaines impressionnantes :
Ici, la paroisse réformée de Martigny. Des vitraux
magnifiques, lumineux signés Hans Aerni qui
illuminent la ville de Martigny.
Ici l’hospice du Grand St Bernard.
Le premier groupe a atteint l’hospice du Grand St Bernard… un bâtiment impressionnant, à vocation d’accueil pour les pèlerins. Une construction qui a connu beaucoup d’agrandisse-ments. Au départ, les matériaux ont été montés à dos d’hommes ou éventuellement de mulets !
Le 2ème groupe a gravi des pentes vertigineuses pour atteindre la Cabane Saleinaz. Cette dernière appartient au Club Alpin de Neuchâtel. Elle avait été d’abord construite en ville de Neuchâtel afin de la montrer à la population, puis démontée et remontée, à dos d’hommes, planche par planche, poutre par poutre à une altitude de 2791 mètres. De même pour la croix au sommet
Les gorges du Durnand.
Des gorges impressionnantes, sauvages. Et pourtant, des hommes, des femmes ont eu l’énergie, l’envie et le courage d’aménager des ponts, des escaliers pour offrir à d’autres personnes le spectacle saisissant de ces gorges.
Message
Ces ouvrages et constructions rencontrés sur nos chemins m’ont amenée à me poser la question : « Pourquoi des gens choisissent-ils de mettre tant d’énergie pour construire de telles constructions ? »
Une de mes hypothèses, c’est que des gens qui sont passionnés par quelque chose (la musique, le sport, paysage) ne peuvent pas s’empêcher de faire partager cette passion aux autres.
Quand on aime quelqu’un ou quelque chose, on a envie d’en parler, de le faire connaître, d’offrir ce qui est beau et bon pour nous.
C’est là que je fais le lien avec la foi.
Sommes-nous assez passionnés pour témoigner de notre foi ?
Pourquoi témoigner de notre foi ?
Pour certains, elle est de l’ordre des convictions intimes qui ne regardent que soi.
Pourtant, nous sentons bien que cette découverte et cette expérience du Christ sont une richesse que nous ne pouvons pas garder pour nous tout seuls.
Dans l’Évangile il est beaucoup question de témoignage. Le premier témoin, c’est le Christ lui-même. Puis Jésus associe les disciples à ce témoignage :
Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent alors : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume d’Israël ? »
7 Jésus leur répondit: «Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. 8 Mais vous recevrez une force quand le Saint-Esprit descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.
Actes 1, 6-8
On pourrait dire que cet envoi en mission est seulement un fait historique qui n’a plus rien à voir avec notre réalité.
Or, les disciples ne sont pas envoyés comme les fondés de pouvoir d’un homme qui aurait disparu. Ils sont les serviteurs du Christ Ressuscité qui se rend présent en eux par son Esprit.
Dès lors, cette mission de témoigner nous concerne aussi. Jésus s’en remet totalement à nous pour se rendre présent au monde et à notre responsabilité pour signifier sa présence.
La mission n’est pas réservée à certains spécialistes. Chaque personne qui a goûté à la présence du Christ, qui a senti sa Force, qui a vu ses beautés, qui a expérimenté le cadeau de Son pardon est invité à témoigner du Christ.. à sa façon, avec les dons qui lui sont propres.
Après avoir posé la question « pourquoi témoigner de notre foi ? », j’aimerais lancer la 2ème question : « Comment témoigner ? »
Paul nous donne quelques pistes :
6 C’est pourquoi, je te le rappelle: maintiens en vie le don que Dieu t’a accordé quand j’ai posé les mains sur toi. 7 Car l’Esprit que Dieu nous a donné ne nous rend pas timides; au contraire, cet Esprit nous remplit de force, d’amour et de maîtrise de soi.
8 N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur; n’aie pas honte non plus de moi, prisonnier pour lui. Au contraire, accepte de souffrir avec moi pour la Bonne Nouvelle, en comptant sur la force que Dieu donne.
2 Timothée 1, 6-8
Paul demande à Timothée de ne pas avoir honte de sa foi, mais d’en être fier… la fierté, c’est la joie de témoigner de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui nous émerveille de ce qui nous a été donné gratuitement.
Dans un monde hyper sécularisé et parfois moqueur, nous avons à retrouver la fierté d’être chrétiens, la fierté d’être disciples de quelqu’un comme le Christ, d’être aimés par ce Dieu passionné pour toutes ses créatures.
Cette fierté n’est pas de l’orgueil ou un sentiment de supériorité. Car ce qui fait notre fierté, le Christ et son salut, n’est pas une propriété privée qui nous appartiendrait et qui ferait de nous des privilégiés.
Il est un don offert à tous. Tous peuvent l’accueillir et entrer dans cette fierté.
Un texte de l’Evangile de Luc nous donne une autre piste sur « comment témoigner de notre foi » :
11 « Quand on vous conduira pour être jugés dans les synagogues, ou devant les dirigeants ou les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ou de ce que vous aurez à dire, 12 car le Saint-Esprit vous enseignera à ce moment-là ce que vous devez exprimer. »
Luc 12, 11-12
Ce texte parle de confiance…celle de ne pas être livrés à nos seules forces dans la mission que le Seigneur nous confie mais d’être soutenus par la force de son Esprit.
Le Christ promet sa présence, promet l’action de son Esprit dans l’apôtre qui témoigne mais aussi dans le cœur de ceux qu’il va rencontrer.
La 3ème piste nous est donnée par le Christ lui-même :
13 Ce même jour, deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs, qui se trouvait à environ deux heures de marche de Jérusalem. 14 Ils parlaient de tout ce qui s’était passé. 15 Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux. 16 Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître. 17 Jésus leur demanda : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Et ils s’arrêtèrent, tout attristés. 18 L’un d’eux, appelé Cléopas, lui dit : « Es-tu le seul habitant de Jérusalem qui ne connaisse pas ce qui s’est passé ces derniers jours ? » – 19 « Quoi donc ? » leur demanda-t-il. Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth ! C’était un prophète puissant; il l’a montré par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple.
Luc 24, 13-19
Il est question dans ce texte de témoigner en paroles et en actes. Les 2 pôles sont importants.
D’abord la parole : dans ces temps perturbés et anxiogènes, il faut que nous puissions rendre compte par la parole de l’espérance qui est en nous.
J’ai remarqué que les catéchumènes sont avides de témoignages de personnes qui ont vécu des expériences spirituelles, qui ont surmonté des difficultés. Ils ont besoin d’entendre, de rencontrer des personnes qui ont un bout d’expérience de vie et qui puissent leur montre un chemin.
Il est vrai que dans les milieux réformés, nous sommes parfois frileux ou pudiques pour raconter nos vécus.
Et pourtant, je pense qu’il est parfois bien et bon de parler des expériences spirituelles qui nous ont fait grandir. Je partage avec vous cette tranche de vie :
Alors que j’étais adolescente, j’ai été victime d’un grave accident de voiture. Je me souviens du soutien de la paroisse, de la compassion du pasteur, des fleurs du groupe de catéchisme… ce sont probablement ces paroles et gestes qui sont à la base de ma vocation : j’ai eu à mon tour envie de partager ce que j’avais reçu comme un cadeau, un vécu porteur d’espérance et de forces.
Mais il est dit qu’à la parole doit être jointe l’action.
Par les réseaux sociaux, nous voyons que cette génération du 21ème siècle est très sensible au lien entre ce que l’on dit et ce que l’on vit.
On ne peut être les témoins de l’amour de Dieu sans vivre nous-mêmes de cet amour. L’évangéliste Jean est très explicite sur ce point : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4, 20).
Tout l’enjeu de la vie chrétienne est de se laisser transformer par l’amour. Nos vies doivent donner un avant-goût du Royaume, et incarner l’amour, la compassion de Dieu.
Les occasions ne manquent pas de témoigner en actes (migration, protection de la Création, lutte contre les injustices, accueil des plus fragiles et bien d’autres actes que nous pouvons poser !) avec, en point de mire, que notre monde s’humanise et soit davantage conforme au dessein de Dieu.
C’est un véritable travail de changement de structures, de modes de pensées, de modes de vie que nous avons à mener. Et cela fait partie de notre mission d’Église et de chrétiens.
Dans ce travail de fond, de patience et d’endurance, n’oublions pas que nous ne marchons pas tout seuls (et les 2 semaines de trek furent réellement l’illustration de cette conviction !). Nous sommes précédés et par le Christ lui-même et accompagnés par la foule immense de témoins qui nous ont précédés.
Leur témoignage a porté du fruit. Ils nous appellent à être comme eux, nous aussi, aujourd’hui des « témoins du Christ pour le monde ».
Amen